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"Je suis un violeur, comme ceux qui sont dans cette salle", a affirmé mardi Dominique Pelicot, accusé comme 50 autres hommes de viols sur son ex-femme Gisèle, à qui il a demandé pardon.
"Elle ne méritait pas ça, je le reconnais", a dit depuis le box des accusés le septuagénaire au sujet de son ancienne compagne, dont il a fait la connaissance en 1971 et qu'il est accusé d'avoir droguée pour lui faire subir des viols au domicile familial de Mazan (Vaucluse) durant dix ans.
De retour après près d'une semaine d'absence pour raison de santé, l'accusé principal s'exprimait pour la première fois sur le fond depuis l'ouverture de ce procès emblématique des violences sexuelles et de la soumission chimique à Avignon le 2 septembre.
Gisèle Pelicot, devenue une icône féministe pour avoir accepté que le procès soit public afin que "la honte change de camp", est restée stoïque tout le long de sa prise de parole avant d'elle-même se rendre à la barre pour brièvement témoigner.
"Pas une seule seconde je ne pouvais douter de cet homme" en qui "j'avais tout confiance", a-t-elle expliqué. "J'ai aimé cet homme pendant 50 ans, je lui aurais donné mes deux mains à couper", a confié cette femme qui a reçu le soutien de milliers de manifestants en France le week-end dernier.
Invité par la cour à réagir, Dominique Pelicot a alors dit : "Je suis coupable de ce que j'ai fait. Je prie ma femme, mes enfants, mes petits-enfants, madame M. (l'épouse d'un co-accusé que Dominique Pelicot est accusé d'avoir violée, NDLR), de bien vouloir accepter mes excuses. Je demande pardon, même si ce n'est pas acceptable".
- "Je dois payer" -
"Elle était merveilleuse et moi j'étais à côté de la plaque", a-t-il déclaré, pendant que Gisèle le fixait, ajoutant: "Je l’ai bien aimée 40 ans et mal aimée 10 ans. Je n’aurais jamais dû faire ça. J'ai tout gâché, j’ai tout perdu. Je dois payer".
"De ma jeunesse, je ne retiens que des chocs et traumatismes. En 1971, il y a eu cette belle rencontre (avec Gisèle). C'était trop lourd à porter", a-t-il expliqué d'un voix lente et en sanglotant.
"J'ai tenu 40 ans, j'étais très heureux avec elle, c'était le contraire de ma mère, elle était totalement insoumise. J'avais trois enfants, que je n'ai jamais touchés. Elle ne méritait pas ça, je le reconnais", a-t-il ajouté.
Selon l'enquête, des photos de sa fille et de ses deux-belles filles, prises à leur insu et les montrant pour certaines nues, ont été retrouvées dans son ordinateur.
- "Ils savaient tous" -
Dominique Pelicot, qui documentait tous les viols, filmés et photographiés, dans des dossiers classés sur son ordinateur, avait déjà reconnu les faits, commis entre 2011 et 2020, mais il ne s'était encore jamais expliqué en détail depuis l'ouverture du procès.
Sur cet archivage, il a expliqué: "Il y a une part de plaisir, mais également une mesure d'assurance. Aujourd’hui, grâce à ça, on peut retrouver ceux qui ont participé à tout ça". A l'écoute de ces propos, certains accusés dans la salle ont levé les yeux et d'autres affiché des sourires crispés.
Et il a affirmé de nouveau clairement que les 50 hommes jugés à ses côtés, qu'il avait rencontré par internet, savaient l'état d'inconscience de sa femme Gisèle qu'il droguait avec de puissants anxiolytiques.
"Ils savaient tous, ils ne peuvent pas dire le contraire", a déclaré le retraité de 71 ans.
Cinquante hommes âgés de 26 à 74 ans,, pompier, infirmier, journaliste etc... originaires de villes et villages de la région pour la plupart et pour certains en couple, sont jugés dans cette affaire.
Certains nient les accusations de viols et affirment avoir pensé participer à un jeu sexuel d'un couple libertin.
Après avoir été exempté d'audience la semaine dernière, Dominique Pelicot a reçu le feu vert des médecins pour faire son retour mardi devant la cour criminelle de Vaucluse.
Aidé d'une canne et vêtu d'une veste grise, il est entré lentement dans le box des accusés. Des pauses régulières ont lieu pour lui permettre de suivre désormais les audiences.
Les faits visant M. Pelicot avaient éclaté au grand jour après son interpellation en septembre 2020 en train de filmer sous les jupes de trois femmes dans un centre commercial du sud-est de la France.
(H.Schneide--BBZ)