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Pour la première fois depuis 2020, la banque centrale américaine (Fed) a diminué ses taux mercredi, frappant fort avec une baisse d'un demi-point, vue comme un "début", au cours de la dernière réunion de l'institution avant l'élection présidentielle américaine du 5 novembre.
Cette décision importante de la Fed survient à moins de deux mois de l'élection qui verra s'opposer la démocrate Kamala Harris et le républicain Donald Trump.
Les taux de la Fed se situent désormais dans une fourchette de 4,75 à 5,00%, après avoir passé plus d'un an à leur plus haut niveau depuis le début du siècle, à 5,25-5,50%.
"Cette décision reflète notre confiance croissante dans le fait qu'avec un recalibrage approprié de notre politique, la vigueur du marché du travail peut être maintenue", a déclaré le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, lors d'une conférence de presse.
La décision n'a pas été prise à l'unanimité du comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed: une gouverneure, Michelle Bowman, a voté pour une baisse d'un quart de point seulement.
Et de nouvelles coupes sont à prévoir, puisque les responsables de la Fed envisagent d'abaisser encore leurs taux d'un demi-point supplémentaire au total d'ici fin 2024.
Jerome Powell a indiqué qu'il s'agissait du "début (d'un) processus" de changement de politique monétaire.
- Indépendance de la Fed -
Cette baisse des taux redonnera du pouvoir d'achat aux ménages américains, coincés depuis plusieurs années entre forte inflation et coût élevé du crédit. Et, bien que la Fed soit indépendante du pouvoir politique, sa décision pourrait donner un coup de pouce à Kamala Harris.
Jerome Powell a assuré que les considérations politiques n'entraient pas en compte dans les décisions de la banque centrale: "Nous nous demandons: quelle est la bonne chose à faire pour les personnes que nous servons ? Et c'est ce que nous faisons (...). Il ne s'agit jamais de rien d'autre. Rien d'autre n'est discuté."
Le candidat républicain Donald Trump, qui caresse l'idée d'amoindrir cette indépendance de la Fed, avait de son côté jugé mardi lors d'un meeting à Flint (Michigan) qu'une baisse des taux était possible uniquement parce que "l'économie n'est pas bonne". Il avait promis d'encore "faire baisser les taux" s'il était élu.
"Nous ne servons aucun politicien, aucune personnalité politique, aucune cause, aucun enjeu, rien", a assuré Jerome Powell, interrogé sur une possible remise en cause de l'indépendance de la Réserve fédérale.
"C'est juste emploi maximum et stabilité des prix au nom de tous les Américains (la double mission de la Fed, NDLR). Et c'est aussi ainsi que sont organisées les autres banques centrales. C'est un bon arrangement institutionnel qui est bon pour le public", a-t-il ajouté.
- Risques "équilibrés" -
Les responsables de la Fed ont également, au cours de leur réunion mercredi, révisé en baisse leur prévision d'inflation, à 2,1% en 2025, contre 2,3% attendu lors des précédentes prévisions, communiquées en juin.
Le taux de chômage a, lui, été révisé en hausse, à 4,4% cette année et la suivante, contre 4,0 et 4,2% prévus auparavant. La croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2024 est attendue à 2,0% contre 2,1% précédemment.
Maintenant que l'inflation rentre progressivement dans le rang, la Fed veut, en abaissant les taux, empêcher le chômage de grimper à son tour.
"Les risques" liés aux deux missions de la Fed, plein emploi et stabilité des prix, sont désormais "à peu près équilibrés", a souligné le FOMC.
Fin août, Jerome Powell avait prévenu: "le temps est venu" d'assouplir la politique monétaire.
La situation de l'emploi avait, en effet, été mise de côté ces dernières années par les responsables de la Fed tant le marché du travail américain se portait bien.
Quant à l'inflation, elle a maintenu son ralentissement aux Etats-Unis. L'indice PCE, que la Fed veut ramener à 2%, était resté stable en juillet, à 2,5% sur un an. Les données d'août seront publiées le 27 septembre.
L'indice CPI est lui tombé en août à son plus bas niveau depuis février 2021, à 2,5% sur un an. Le taux de chômage a reculé en août, à 4,2%, mais les créations d'emplois ralentissent.
De l'autre côté de l'Atlantique, la Banque centrale européenne (BCE) avait baissé ses taux la semaine dernière, pour la deuxième fois en trois mois.
(L.Kaufmann--BBZ)