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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé vendredi lors d'une visite à Kiev que l'UE prévoyait de prêter 35 milliards d'euros à l'Ukraine, qui s'apprête à affronter un hiver redouté, son système énergétique ayant été fortement endommagé par les frappes russes.
"Je suis heureuse d'annoncer que la Commission a adopté les propositions qui vont permettre à l'Union européenne de prêter 35 milliards d'euros" à l'Ukraine, a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Les Etats membres de l'UE doivent encore approuver cette proposition mais la procédure sera accélérée, a précisé un responsable européen, sous couvert d'anonymat.
Ce prêt n'est soumis à aucune condition et pourra être directement intégré au budget national ukrainien, a-t-on indiqué de même source.
Il sera financé par les bénéfices dégagés par les avoirs russes gelés en Europe. Quelque 200 milliards d'euros d'avoirs russes ont été gelés dans l'UE après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, dont environ 90% se trouvent en Belgique, siège de l'organisme international de dépôts de fonds Euroclear.
Les Vingt-Sept avaient trouvé un accord en mai pour les utiliser.
Ursula von der Leyen avait affirmé plus tôt s'être rendue à Kiev vendredi pour évoquer le "soutien" qu'apportera l'Europe à l'Ukraine à l'approche d'un hiver qui s'annonce difficile du fait de pénuries énergétiques provoquées par les bombardements russes d'infrastructures.
"Ma huitième visite à Kiev intervient alors que la saison du chauffage approche et que la Russie continue de s'en prendre aux infrastructures énergétiques", avait-elle écrit sur X à son arrivée dans la capitale ukrainienne.
Lors de la conférence de presse, la responsable a assuré que l'UE aiderait l'Ukraine à "garder la lumière allumée, garder votre peuple au chaud et faire tourner (son) économie".
Elle a affirmé que l'Union aiderait l'Ukraine à "réparer" les dégâts des frappes russes et exporterait de l'électricité vers le pays. Ce soutien devrait couvrir "25%" des besoins ukrainiens pour l'hiver, a estimé Ursula von der Leyen.
L'UE a officiellement ouvert en juin des négociations d'adhésion avec l'Ukraine, qui combat l'invasion russe depuis février 2022, mais le chemin s'annonce d'autant plus long qu'aucune issue au conflit n'est en vue.
L'Europe reste un soutien crucial pour l'Ukraine, qui fait face à une armée russe plus nombreuse et mieux armée.
Le pays a perdu "plus des deux tiers" de sa capacité de production électrique, selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
- Armes à longue portée -
Mais pour se protéger, l'Ukraine réclame surtout à ses alliés de la laisser utiliser les armes à longue portée pour frapper en profondeur dans le territoire russe des cibles militaires.
Le sujet divise les alliés, certains comme le Royaume-Uni y étant favorables, d'autres se montrant plus frileux, alors que Vladimir Poutine a mis en garde ses adversaires, brandissant la menace d'une "guerre avec les pays de l'Otan" si cette autorisation était donnée.
Le Parlement européen a de son côté appelé jeudi les États de l'UE à "lever les restrictions" sur l'utilisation de ces armes.
Le président Volodymyr Zelensky, qui doit se rendre aux Etats-unis la semaine prochaine, a par ailleurs dit vendredi "espérer" que son homologue Joe Biden soutiendra son plan visant à mettre fin à la guerre avec la Russie et qu'il doit lui présenter en vue d'un sommet international sur la paix en Ukraine auquel la Russie serait cette fois-ci conviée, contrairement à celui du mois de juin.
- "Pas les mots" -
Si les troupes ukrainiennes sont en difficulté, elles ont néanmoins réussi à prendre Moscou par surprise en août, en attaquant la région russe de Koursk et en s'emparant de localités et de centaines de km2 qu'elles contrôlent toujours.
Mais dans l'est de l'Ukraine, les soldats de Kiev sont toujours contraints de céder du terrain aux forces russes, qui revendiquent très régulièrement la prise de villages et menacent la ville de Pokrovsk, un important noeud logistique pour l'armée ukrainienne.
Vendredi, les bruits d'artillerie témoignaient de la proximité des combats, ont constaté des journalistes de l'AFP à Pokrovsk.
Longtemps vue comme plus sûre que les localités alentour, cette ville ne se trouve plus qu'à environ 10 kilomètres des positions russes désormais.
Ses rues, où se pressaient auparavant quelque 60.000 habitants, sont presque désertes. Il reste environ 16.000 personnes, que les autorités veulent convaincre de partir.
"Je n'ai pas les mots pour expliquer à quel point c'est difficile", a dit à l'AFP Aliona Kozynets, sur le point de monter dans un bus d'évacuation avec ses trois enfants.
"On a travaillé pendant tant d'années pour construire tout cela, et maintenant on doit partir."
(S.G.Stein--BBZ)