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Le Japon connaît le successeur du Fumio Kishida au poste de Premier ministre, après l'élection vendredi de Shigeru Ishiba comme chef du Parti Libéral-Démocrate (PLD), la formation au pouvoir.
M. Ishiba, qui en était à sa cinquième tentative, a battu Mme Sanae Takaichi, qui ambitionnait d'être la première femme à occuper ce poste, en finale de cette élection, à laquelle M. Kishida a décidé de renoncer, abandonnant de facto son poste de chef du gouvernement.
Visiblement ému à l'annonce des résultats, M. Ishiba a enlevé ses lunettes pour rapidement essuyé quelques larmes.
"Le président (du PLD) Kishida a pris la décision de regagner la confiance du peuple afin que le PLD puisse renaître. Nous devons répondre à cette décision comme un seul homme. Je ferai de mon mieux pour dire la vérité avec courage et sincérité, et pour faire de ce pays un endroit sûr et sécurisé où chacun peut à nouveau vivre avec le sourire", a-t-il déclaré dans la foulée devant les membres du PLD.
Ce changement de Premier ministre ne devrait cependant pas avoir de conséquences majeures sur la politique actuelle du Japon.
M. Ishiba, qui prendra officiellement ses fonctions de chef du gouvernement le 1er octobre, fera face aux mêmes problématiques internes d'un pays englué dans une économie qui peine à repartir et à la gestion des tensions internationales avec les très actifs voisins chinois et nord-coréens.
Les relations entre le Japon, allié des Etats-Unis, et la Chine connaissent régulièrement des périodes de tension, alimentées par des ambitions géopolitiques rivales, des querelles territoriales en mer de Chine orientale et de vives rancoeurs historiques.
Et les nombreux incidents militaires de ces derniers mois sont venus alourdir encore un peu les relations entre les deux pays. A l'image du récent et inédit passage d'un porte-avions chinois entre des îles japonaises auquel Tokyo a répliqué en faisant traverser pour la première fois aussi le détroit de Taïwan par l'un de ses navires de guerre.
"C'est l'élection du PLD la plus imprévisible depuis de nombreuses années", avait expliqué à l'AFP Jeffrey J. Hall, professeur à l'Université d'études internationales de Kanda.
A l'issue du 2e tour, auquel participent les députés du PLD et les bureaux locaux, M. Ishiba a obtenu 215 voix contre 194 à sa rivale.
Auparavant, les sondages avaient montré que trois candidats se détachaient: Sanae Takaichi, 63 ans, Shigeru Ishiba, 67 ans, et l'ex-ministre de l'Environnement Shinjiro Koizumi, 43 ans.
Mais le 1er tour avait évincé le benjamin, ainsi que les six autres candidats.
Ancien ministre de l'Environnement, Shinjiro Koizumi soutient les énergies renouvelables et a pris un congé de paternité lorsqu'il était ministre, insistant volontiers sur son rôle de père moderne.
Agé de 67 ans, Ishiba avait tenté en vain à quatre reprises de devenir chef du parti, mais son impopularité auprès de ses collègues parlementaires l'avait grandement desservi jusque-là.
L'ancien ministre de la Défense et de l'Agriculture, est populaire auprès des électeurs mais moins auprès des parlementaires du parti - dont les voix étaient primordiales pour cette élection à deux tours. Pour preuve, il avait déjà échoué à quatre reprises dans le cadre de cette même élection.
"Le mécontentement du public envers le PLD s'accroît, et la tendance est en faveur d'Ishiba et de son attitude jugée +juste et équitable+", avait expliqué Yu Uchiyama, professeur de sciences politiques à l'Université de Tokyo.
Avec une vision ancrée dans la tradition et un désir de réformes profondes, celui qui fut longtemps considéré comme l'éternel numéro 2 a dit pendant cette campagne souhaiter s'attaquer à des problèmes sociaux difficiles tels que les réformes politique et agricoles et les questions de sécurité nationale.
Dans ce pays qui n'a jamais eu de femme à la tête de son gouvernement, Sanae Takaichi représentait aussi une aile très conservatrice du parti.
Ancienne protégée de l'ex-Premier ministre Shinzo Abe, assassiné en juillet 2022, elle est une nationaliste appréciée des conservateurs dont les positions envers les voisins auraient pu irriter Pékin et Séoul.
M. Kishida, 67 ans et en poste depuis octobre 2021, a vu sa cote de popularité minée par l'inflation et par des scandales politico-financiers qui ont ébranlé le PLD.
Durant son mandat, le dirigeant a pris résolument parti pour l'Ukraine après l'invasion russe et s'est efforcé, avec le soutien des Etats-Unis, de renforcer la politique de défense japonaise face à l'affirmation de la Chine dans la région Asie-Pacifique.
Au classement de la longévité en poste des 35 Premiers ministres depuis la Seconde guerre mondiale, M. Kishida arrive en huitième position.
(K.Lüdke--BBZ)