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Plus de gaz, baisse des prix et cotation à Wall Street: le géant pétrogazier français TotalEnergies présente mercredi sa stratégie devant ses investisseurs réunis à New York, là où le PDG Patrick Pouyanné envisage d'installer une cotation en Bourse, en plus de Paris, un projet qui a défrayé la chronique au printemps.
Avec New York comme décor pour cette grand-messe scrutée des deux côtés de l'Atlantique, Patrick Pouyanné tente de rassurer ses investisseurs dans un contexte de baisse des prix de l'énergie - pétrole, gaz, électricité.
Le groupe a annoncé un relèvement de sa prévision de croissance de la production d'hydrocarbures à environ 3% par an jusqu'en 2030, principalement du gaz liquéfié (GNL). Cette croissance sera même "supérieure à 3%" "sur les deux prochaines années 2025 et 2026", alors qu'il tablait jusqu'ici sur une hausse de 2 à 3% par an.
M. Pouyanné doit également, au cours de cette présentation avec les investisseurs, selon une source proche du dossier, "faire un point" sur un sujet brûlant vu de France: le projet de cotation à la Bourse de New York.
En révélant fin avril à Bloomberg que le groupe étudiait une possible cotation principale de son groupe à New York, le PDG s'est attiré les foudres de la classe politique française, le président Emmanuel Macron lui demandant de "clarifier" sa position.
M. Pouyanné a par la suite évoqué une "erreur de traduction": il ne voulait pas parler d'une cotation principale à Wall Street mais d'une transformation en actions classiques de titres déjà échangés sous une forme réservée aux entreprises étrangères, mais limités en nombre.
Le PDG avait expliqué à Bloomberg, puis au Sénat à Paris, que les Américains achètent plus d'actions que les Européens. Près de la moitié - 48% - de l'actionnariat de TotalEnergies est désormais constituée d'actionnaires institutionnels nord-américains (fonds de pension, gestionnaires d'actifs, assureurs...).
La raison: le plus grand appétit outre-Atlantique pour les projets d'énergies fossiles, alors que l'UE muscle sa réglementation pour flécher les investissements vers la transition énergétique.
Mais selon BFM Business, le PDG doit encore convaincre le conseil d'administration de son groupe, qui s'est réuni jeudi dernier et reste divisé sur le dossier, par ailleurs abordé la semaine dernière lors d'une réunion entre M. Pouyanné et Matignon.
- Déprime des prix -
Au lendemain du lancement au Suriname d'un mégaprojet pétrolier à plus de 10 milliards de dollars, le PDG, sous le feu des critiques des associations de défense du climat, confirme sa stratégie. Outre le pétrole à bas coûts, elle repose sur l'électricité renouvelable et le gaz, sur lequel le groupe mise comme alternative moins polluante au charbon, avec les regards tournés vers l'Asie.
Mais l'enjeu est désormais de se protéger des fortes baisses de prix.
"On s'intéressera beaucoup à ce que chacune des majors a fait pour consolider son modèle économique face à la baisse des prix, à la manière dont elles envisageront d'ajuster les dépenses d'investissement et les distributions aux actionnaires dans divers scénarios de prix, et à la manière dont les investissements dans les renouvelables seront envisagés au cas où les prix du pétrole baissent quelque peu à court terme", a expliqué à l'AFP Gabor Petroczi, directeur ressources naturelles et matières premières à Fitch Ratings.
Dans ce contexte de prix moins favorables, la compagnie explique miser sur les contrats de long terme de ventes de gaz liquéfié qui doivent lui permettre de sécuriser ses ventes et de réduire son exposition aux cours baissiers.
Il a confirmé par ailleurs "des investissements nets entre 16 et 18 milliards de dollars par an sur la période 2025-30 dont environ 5 milliards seront consacrés aux énergies bas-carbone", mais avec un bémol: il se garde "la flexibilité de réduire ses investissements nets de 2 milliards en cas de forte baisse des prix".
Après des bénéfices record engrangés en 2022 et 2023, dans le sillage de la crise énergétique, 2024 pourrait signer une année de retour à la normale. Le groupe compte en tout cas gratifier ses actionnaires en rachetant au total pour 8 milliards de dollars d'actions en 2024, au moment où la taxation des rachats d'actions est justement une piste évoquée en France pour renflouer les caisses de l’État.
(T.Burkhard--BBZ)