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Le monde devient de plus en plus "divisé" et "l'Ukraine d'aujourd'hui pourrait préfigurer l'Asie orientale de demain", a déclaré vendredi le nouveau Premier ministre japonais Shigeru Ishiba lors de son premier discours de politique générale, qualifiant également le faible taux de natalité d'"urgence silencieuse".
"L'Ukraine d'aujourd'hui pourrait préfigurer l'Asie orientale de demain. Pourquoi la dissuasion n'a-t-elle pas fonctionné en Ukraine ?", s'est interrogé M. Ishiba dans une allusion voilée aux craintes d'une invasion chinoise de Taïwan.
"Si l'on prend aussi en compte la situation au Moyen-Orient, la communauté internationale devient de plus en plus divisée et prompte à la confrontation", a-t-il ajouté.
Les relations entre le Japon et la Chine se sont détériorées ces dernières années, à mesure que Pékin affirmait sa présence militaire autour des territoires contestés de la région et que Tokyo renforçait ses liens de sécurité avec les États-Unis et ses alliés.
M. Ishiba soutient la création d'une alliance militaire régionale sur le modèle de l'Otan et a déclaré mardi que la sécurité du Japon n'avait "jamais été autant menacée depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale".
- Salaire minimum -
Au niveau national, M. Ishiba souhaite par ailleurs augmenter les salaires au Japon grâce à un nouveau programme de relance monétaire et à un soutien aux collectivités locales et aux ménages à faibles revenus.
Son prédécesseur Fumio Kishida était impopulaire auprès des électeurs en raison d'une série de scandales et de l'inflation qui pénalisait la consommation de la quatrième économie mondiale.
Au cours de cette décennie, le nouveau chef du gouvernement a déclaré vouloir augmenter le salaire minimum national moyen à 1.500 yens (9,30 euros) de l'heure, soit une hausse de près de 43% par rapport au salaire actuel de 1.050 yens.
"Nous parviendrons à des augmentations de salaires supérieures aux hausses de prix, en stimulant la productivité des individus et en ajoutant de la valeur", a-t-il déclaré.
Toutes les déclarations de M. Ishiba à ce stade s'inscrivent "probablement dans la perspective des prochaines élections générales" qu'il a indiqué vouloir convoquer dès le 27 octobre, a commenté Takahide Kiuchi, dans une note de l'institut de recherches Nomura, avant le discours.
"La première priorité de l'administration Ishiba est de remporter ces élections et de consolider sa base de pouvoir", a-t-il souligné.
Même si son parti reste le grand favori du scrutin, le gouvernement de Shigeru Ishiba ne recueille en effet que 51% de soutien parmi la population japonaise, selon un sondage publié mercredi par le quotidien Nikkei, bien en-dessous du score du premier gouvernement de son prédécesseur Fumio Kishida à ses débuts fin 2021.
- Succession impériale -
Le Japon, comme de nombreux pays industrialisés, est également confronté à une crise démographique imminente, avec une population vieillissante et un taux de natalité obstinément bas. Selon la Banque mondiale, le pays a la population la plus âgée du monde après Monaco.
L'année dernière, son taux de natalité s'est établi à 1,2, bien en deçà des 2,1 enfants nécessaires pour maintenir le niveau de la population.
Vendredi, M. Ishiba a qualifié la situation du taux de natalité d'"urgence silencieuse", ajoutant que le gouvernement allait promouvoir des mesures de soutien aux familles, telles que des horaires de travail flexibles.
M. Ishiba a également évoqué le manque d'héritiers masculins éligibles au trône impérial. En raison des règles de succession actuelles, la famille impériale est menacée de disparition, avec un seul jeune héritier: le neveu de l'empereur Naruhito, le prince Hisahito, âgé de 18 ans.
La fille de l'empereur, la princesse Aiko, âgée de 22 ans, ne peut accéder au trône en vertu de la loi sur la maison impériale, en vigueur depuis 1947.
Les femmes doivent quitter la famille lorsqu'elles épousent un roturier, comme ce fut le cas en 2021, lorsque l'ancienne princesse Mako Komuro, nièce de Naruhito, a épousé un camarade d'université.
En mai, les législateurs ont commencé à discuter de la possibilité d'assouplir les règles strictes de succession, et un récent sondage de l'agence Kyodo a révélé que 90% de la population était favorable à une succession ouverte aux femmes.
"La stabilité de la succession royale est extrêmement importante. Stabiliser le nombre de membres de la famille impériale est une question particulièrement urgente", a déclaré M. Ishiba, appelant à un débat sur la question.
(Y.Berger--BBZ)