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Le 7 octobre 2023, des combattants du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza lancent une attaque sanglante dans le sud d'Israël, provoquant la sidération dans le pays et déclenchant la guerre en cours entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.
A l'approche du premier anniversaire du début des hostilités, l'AFP s'est entretenue avec trois Israéliens -- une survivante, un réserviste et une militante -- pour comprendre comment cette guerre les a touchés.
- "Chagrin et cauchemars" -
Elle s'est enfuie en voiture avec deux amis lorsque des roquettes ont commencé à tomber sur les lieux du festival, à la lisière de la bande de Gaza, le 7 octobre à l'aube, sans se rendre compte que des commandos du Hamas se dirigeaient eux aussi vers eux.
Selon des données officielles israéliennes, au moins 364 personnes ont été tuées au festival le 7 octobre.
Depuis ce jour fatidique et les douze heures qu'il lui a fallu pour rentrer chez elle, parfois en quittant la route pour éviter le danger, Mme Peeri dit lutter contre "la solitude, le chagrin et les cauchemars nocturnes".
Mme Peeri et sa fiancée, avec laquelle elle vivait, se sont séparées après le 7 octobre. Elle a également fermé son salon de coiffure pendant des mois, n'étant pas en état de travailler.
Elle a expliqué avoir dû faire face à des "périodes de crise, se sentant à bout de nerfs, irritable, triste".
Pour essayer de reprendre une vie normale, Mme Peeri dit qu'elle pratique "autant d'activités que possible", fait du surf deux fois par semaine et espère ainsi retrouver la stabilité, tant sur le plan émotionnel que professionnel.
- Vivre dans deux mondes -
En tant que colonel de réserve dans l'infanterie, Erez Reguev a été mobilisé dès les premiers jours de la guerre en vue de combattre, laissant à sa femme Yaël le soin de s'occuper de sa ferme, son magasin de légumes et son restaurant.
"Pendant les quatre premiers mois, nous ne sommes même pas rentrés à la maison", a déclaré à l'AFP ce père de cinq enfants, âgé de 46 ans.
Ses plantations de dattes et de mangues et sa serre de légumes dans le nord du Golan syrien occupé par Israël depuis 1967 nécessitent une surveillance constante.
Alors qu'il est au front, de vastes terres agricoles représentant un investissement de "centaines de milliers de shekels" occupent son esprit "très pris par la campagne militaire et les combats. Là-bas tout est dramatique, le destin et la vie humaine", raconte-t-il.
Quand il rentre chez lui pendant une permission de quelques jours, il dit ne pas pouvoir dormir "parce que mes gars se battent".
"Vous vivez dans deux mondes et gérez un décalage très difficile; des deux côtés il y a des choses importantes qui vous touchent", dit-il en ajoutant que c'était le cas pour de nombreux réservistes de son unité.
"En fin de compte, je veux retourner dans les serres de tomates, emmener mon enfant le matin cueillir des mangues", ajoute M. Reguev. Mais il considère que la guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas est nécessaire pour apporter la stabilité dont il a besoin pour son entreprise.
La guerre est "déjà très longue (...), mais nous voulons la sécurité", souligne-t-il. M. Reguev veut s'assurer qu'il peut "planter des tomates" et être "là dans deux mois pour les cueillir".
- S'en sortir par l'action -
"Rien n'a changé. Les choses ont simplement empiré", raconte Kalanit Sharon à propos de la politique israélienne depuis le 7 octobre.
Cofondatrice du Front rose, un collectif politique qui s'oppose au gouvernement du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, depuis 2020, cette artiste de 33 ans est une fidèle des grandes manifestations organisées plusieurs fois par semaine à Tel-Aviv depuis un an pour exiger du gouvernement israélien un accord qui garantirait le retour des otages de Gaza, et la démission de M. Netanyahu.
Le 7 octobre, son collectif a aidé des personnes déplacées par l'attaque du Hamas dans le sud d'Israël, en leur trouvant un toit et de quoi manger.
Deux semaines plus tard, les membres du Front rose sont retournés dans les rues avec leurs tenues roses, leurs drapeaux roses et les tambours roses avec lesquels ils incitent la foule à chanter plusieurs fois par semaine.
"Beaucoup de gens quittent le pays aujourd'hui, dit Mme Sharon, et je le comprends": "C'est difficile de vivre ici, de ressentir toute cette douleur en permanence et de rester en vie (...), mais je ne pense pas que nous ayons d'autre choix".
(U.Gruber--BBZ)