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Dernier né des Nobel, le prix d'économie clôt lundi la saison 2024 des célèbres récompenses, et pourrait distinguer des recherches sur la pauvreté et les inégalités de richesse, le rôle des Etats ou les cycles de crédit, selon des experts.
L'Académie des sciences annoncera à 11H45 (09H45 GMT) à Stockholm le nom du ou des successeurs de l'Américaine Claudia Goldin, primée en 2023 pour ses travaux sur l'évolution de la place des femmes sur le marché de l'emploi et de leurs revenus.
Récompensée pour avoir "fait progresser notre compréhension de la situation des femmes sur le marché du travail", elle est l'une des très rares femmes - trois sur 93 lauréats en 55 ans - à avoir été distinguée dans cette catégorie, après sa compatriote Elinor Ostrom (2009) et la Franco-Américaine Esther Duflo (2019).
"La tendance générale au sein de la société d'accorder plus d'importance à la parité et à la diversité a élargi le processus de recherche", souligne auprès de l'AFP Mikael Carlsson, professeur d'économie à l'Université d'Uppsala (est).
"Toutefois, il ne s'agit pas d'un critère pris en compte pour évaluer si la contribution scientifique est digne d'un prix Nobel", insiste-t-il.
Pour succéder à Goldin, il mise sur deux hommes, le Japonais Nobuhiro Kiyotaki et le Britannique John H. Moore pour leurs travaux sur la manière dont les frictions financières peuvent affecter les cycles économiques. Il cite également une femme, l'Américaine Susan Athey pour ses travaux sur la conception des marchés.
Mais quel critère utiliser pour réussir son pronostic Nobel? Pour son collègue Magnus Henrekson, de l'Institut de recherche en économie industrielle de Stockholm, le plus évident est de s'intéresser aux domaines de recherche des membres du comité qui recommande les lauréats.
- Prospérité et pauvreté -
Son président est spécialisé dans l'économie du développement, qui ne devrait pas être plébiscitée car récemment récompensée, relève-t-il.
"Je considère improbable que le même domaine reçoive le prix deux ans d'affilée", note ainsi M. Henrekson.
Le Français Philippe Aghion, ancien proche du président français Emmanuel Macron, et l'Américano-turc Daron Acemoglu sont ses favoris.
Le nom de ce dernier, auteur de plusieurs best-sellers dont "Why Nations Fail: The Origins of Power, Prosperity, and Poverty" (traduit en français par "Prospérité, puissance et pauvreté : Pourquoi certains pays réussissent mieux que d'autres") revient chez beaucoup d'analystes.
Pour la plateforme de statistiques en ligne Statista, "en examinant les anciens lauréats et l'état de la recherche actuelle en économie, nous avons toutefois une bonne idée des candidats susceptibles de recevoir un Nobel".
Elle table notamment sur M. Acemoglu pour ses " travaux sur la manière dont les institutions, sur le long terme, facilitent ou entravent la croissance économique".
Parmi les autres candidats possibles, elle met en avant des macroéconomistes tels qu'Olivier Blanchard (France), Larry Summers et Gregory Mankiw (Etats-Unis), ou des économistes qui travaillent sur les inégalités de richesse, comme le trio Thomas Piketty (France), Emmanuel Saez (France-Etats-Unis) et Gabriel Zucman (France), souvent évoqué ces dernières années.
- Nature dans l'économie -
L'Américano-canadienne Janet Currie, spécialiste des politiques anti-pauvreté, est aussi une candidate sérieuse, mentionnée par le cabinet spécialisé Clarivate, qui anticipe les lauréats potentiels des Nobel scientifiques sur la base de citations dans les articles de recherche.
Il met également en avant l'Indo-britannique Partha Dasgupta, pour "l'intégration de la nature et ses ressources dans l'économie humaine" et Paolo Mauro, un ancien du Fonds monétaire international, pour "les études empiriques des effets de la corruption sur l'investissement et la croissance économique".
Seul à ne pas avoir été prévu dans le testament d'Alfred Nobel, le prix d'économie a été créé par la Banque centrale suédoise "à la mémoire" de l'inventeur.
Il s'est ajouté en 1969 aux cinq traditionnelles récompenses (médecine, physique, chimie, littérature et paix), lui valant chez ses détracteurs le sobriquet de "faux Nobel".
Il clôt une saison 2024 qui a mis en lumière l'intelligence artificielle pour les prix de physique et de chimie et le groupe japonais Nihon Hidankyo, engagé contre l'arme nucléaire, pour la paix.
En littérature, la Sud-Coréenne Han Kan -- seule femme du millésime 2024 -- a été récompensée tandis que le prix de médecine avait distingué les Américains Ambros et Ruvkun pour leurs travaux dans la régulation des gènes.
Les lauréats reçoivent un chèque de 11 millions de couronnes (920.000 euros), à partager en cas de multiples gagnants.
(P.Werner--BBZ)