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Le patrimoine financier des Français reste largement investi en assurance vie, loin devant les produits d'épargne réglementée comme le Livret A, sans oublier les centaines de millions d'euros dormant sur les comptes courants.
- Une montagne d'argent -
Le patrimoine financier des ménages en France s'élèvait fin mars à 6.267,6 milliards d'euros, selon les derniers chiffres disponibles de la Banque de France. Il n'a jamais été aussi élevé.
Ils sont répartis dans de multiples supports: assurance vie, actions cotées, organismes de placement collectif (OPC), livrets réglementés, dépôts à vue...
Difficile à se représenter, cette somme est près de deux fois supérieure à la dette publique, et près de trois fois supérieure à l'ensemble de la capitalisation boursière des entreprises du CAC40.
Ce montant a augmenté de plus de 50% au cours des dix dernières années, selon la banque centrale qui réalise un pointage tous les trimestres.
- L'assurance vie, leader incontesté -
L'assurance vie reste le placement qui capte le plus d'épargne en France, devant les actions non cotées et autres participations (associées à une activité d'entrepreneur individuel ou via des placements).
Selon les données de la fédération professionnelle France Assureurs publiés mardi, l'encours s'élevait à 1.977 milliards d'euros à fin septembre.
Quelque 19 millions de personnes disposent d'une assurance vie, soit un capital moyen de plus de 100.000 euros par souscripteur, souvent investi dans plusieurs contrats.
Les sommes sont réparties en deux grandes catégories: les fonds euros, dont le capital est garanti et le rendement fixé chaque année par l'assureur, et les unités de compte (UC), des placements plus risqués qui n'offrent pas de garantie en capital pour l'assuré mais qui peuvent, les bonnes années, rapporter davantage.
L'assurance vie a repris des forces cette année, après un passage à vide l'an dernier lié à la concurrence de l'épargne réglementée.
Le taux moyen servi des fonds euros est de 2,65% cette année, hors prélèvements fiscaux et sociaux, et devrait légèrement baisser l'an prochain, selon les estimations du cabinet spécialisé Facts & Figures.
- L'épargne réglementée, outsider revigoré -
Le livret A, souvent présenté comme le placement préféré des Français car 56 millions en ont un, pèse beaucoup moins lourd que l'assurance vie.
Avec 428,7 milliards d'euros à fin septembre selon le dernier pointage de la Caisse des Dépôts, son encours est près de cinq fois inférieur à celui de l'assurance vie.
Son développement est limité par le plafond de 22.950 euros, atteint par 12,7% des détenteurs, selon le rapport annuel de l'Epargne réglementée de la Banque de France. Les livrets A sont remplis en moyenne à 7.077 euros à fin 2023, soit seulement le tiers de leur capacité.
Ce produit, garanti, défiscalisé et qui permet de récupérer ses fonds très facilement, est regardé en coin par les banques puisque la rémunération qu'elles doivent servir – 3% depuis février 2023 - pèse sur leurs marges.
Il existe d'autres produits d'épargne réglementée, comme le plan d'épargne logement (PEL, pensé pour permettre un projet immobilier), le Livret d'Epargne populaire (LEP, soumis à des conditions de ressources, rémunéré à 4%) ou encore le Livret de développement durable et solidaire (aux caractéristiques proches du Livret A).
- Les dépôts à vue, hémorragie stoppée -
S'il existe une grande variété de produits financiers en dehors de l'assurance vie et de l'épargne réglementée, une partie de l'argent des ménages n’est pas investie ou placée.
La réserve qui dort sur ces comptes courants a connu une lente décrue mais reste supérieure à l'argent déposé sur les Livrets A: 557 milliards d'euros à fin août, selon la Banque de France.
Cet argent, pas ou extrêmement peu rémunéré, a connu une lente décroissance face à la concurrence d'une autre famille de dépôts bancaires: les comptes à termes.
Ces derniers ont vu leur encours doubler en 18 mois pour atteindre 185 milliards d'euros à fin août.
La liasse de billets sous le matelas n'a enfin pas disparu. La banque centrale européenne (BCE) estime que l'usage transactionnel des billets en euro ne représente qu'environ 20% de leur total, en valeur.
(P.Werner--BBZ)