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Le distributeur nordiste Auchan a présenté mardi à ses représentants du personnel un projet de plan social menaçant un total de 2.389 emplois en France, via notamment la fermeture d'une dizaine de magasins, pour tenter de se relancer après plusieurs exercices compliqués.
L'enseigne de la galaxie Mulliez a présenté aux représentants de ses plus de 53.000 salariés en France des projets de plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) majeurs. La réunion a commencé à 9H, dans un Ibis de Neuville-en-Ferrain, en banlieue lilloise, en présence de plusieurs délégués syndicaux.
"Si les chiffres qui circulent se confirment, c'est le plus gros plan social qu'on a jamais connu chez Auchan”, a lancé Christophe Delay, délégué national FO sur le parking devant l’hôtel, avant le début de la réunion.
"C'est catastrophique. Ça va laisser beaucoup, beaucoup de salariés dans la difficulté, de familles. C'est choquant, scandaleux", s'est indigné Franck Martineau, délégué syndical FO Auchan Retail, après avoir pris connaissance du chiffre précis de suppressions de postes.
"Il va falloir que l'entreprise fasse des efforts très importants pour accompagner ses salariés”, a ajouté Gilles Martin, délégué CFDT Groupe Auchan-France.
Auchan prévoit une cure d'amaigrissement à différents niveaux. D'abord, une mutualisation de fonctions supports entre différentes entités au sein de ses sièges, pour un total de 784 postes potentiellement concernés.
Une organisation "plus agile et autonome" de son réseau de magasins, pour un possible total de 915 postes menacés, ensuite, de même que la fermeture de trois entrepôts assurant l'activité de livraison directe à domicile, à Paris, Lille et Lyon, qui entrainerait la fermeture de 224 suppressions de postes.
Enfin, la fermeture d'une petite dizaine de magasins, "dont les foyers de perte sont tels qu'on a dû mal à voir une issue à brève échéance", selon une source proche de la direction, pour un total de 466 postes menacés. Ils sont principalement situés dans trois hypermarchés à Clermont-Ferrand Nord (Puy-de-Dôme), Woippy (Moselle) et Bar-le-Duc (Meuse), et dans un supermarché, à Aurillac (Cantal).
- Part de marché limitée -
Soit au total 2.389 postes menacés. La direction espère limiter le nombre de licenciements secs via un accompagnement des collaborateurs concernés, formations de reconversion, congés de reclassement et plan de départs volontaires.
Elle prévoit aussi la création de 114 postes dans les activités de "drive" et 205 au sein des fonctions supports.
Auchan Retail avait déjà annoncé en septembre 2020 la suppression de 1.475 postes en France, après un plan de départs volontaires de plus de 500 postes en janvier de la même année.
Longtemps considéré comme l'un des acteurs les mieux-disants en terme social au sein de la grande distribution, Auchan enchaîne les mauvais exercices économiques et sa holding Elo Groupe a annoncé en juillet une perte nette de près d'un milliard d'euros sur les six premiers mois de 2024.
Plusieurs facteurs aux difficultés d'Auchan en France: sa part de marché d'abord, à 9,1% au dernier pointage, qui en fait le 5e acteur du marché français, loin derrière le leader E.Leclerc (24,1%), Carrefour (21,4%) et Mousquetaires/Intermarché (17,4%). Coopérative U est intercalé, à 12,2%.
Cette position limitant son pouvoir de négociation avec les fournisseurs, Auchan a formé une alliance avec Intermarché pour acheter en commun, afin d'améliorer ses conditions d'achat sur le long terme (10 ans).
De plus, Auchan, à l'instar de Carrefour, fonctionne sur un modèle intégré, contrairement à des enseignes comme E.Leclerc et Intermarché qui s'appuient sur un réseau d’indépendants. Ce modèle intégré génère des coûts de fonctionnement plus élevés, ce qui impacte la compétitivité des prix. Pour y remédier, Auchan cherche à mutualiser ses fonctions supports.
Enfin, Auchan prévoit de réduire la taille de 65 de ses magasins de 25%, visant des surfaces plus petites de 8.000 m². Les espaces vacants pourraient être occupés par d'autres enseignes, tandis que la gamme de produits, notamment non-alimentaires, serait réduite, en raison de la concurrence croissante du commerce en ligne.
Toutefois, cette stratégie n’est pas un "projet de décroissance", a assuré le directeur général d'Auchan, Guillaume Darrasse auprès de plusieurs médias dont l'AFP. "La baisse des coûts est un moyen, pas une finalité", a-t-il affirmé.
(O.Joost--BBZ)