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Les résultats d'EDF seront finalement encore plus mauvais que prévu cette année, en raison des problèmes de corrosion sur son parc nucléaire qui ont contraint à mettre à l'arrêt 12 réacteurs.
Le producteur d'électricité estime désormais que la baisse de sa production nucléaire prévue en 2022 lui coûtera 18,5 milliards d'euros d'Ebitda (excédent brut d'exploitation), au lieu de 16 milliards comme annoncé en mars, selon un communiqué jeudi.
Dans les premiers échanges à la Bourse de Paris, le titre perdait 1,55% à 8,24 euros.
"EDF poursuit son programme de contrôles et prépare avec la filière nucléaire la réparation des portions de tuyauteries concernées par la corrosion sous contrainte", explique le groupe, qui doit tenir une conférence de presse sur le sujet ce jour à 10H.
C'est la deuxième fois depuis février qu'EDF revoit son Ebitda à la baisse. Le groupe avait alors annoncé un impact de la baisse de la production nucléaire de 11 milliards d'euros sur ce résultat.
Par comparaison, en 2021, l'Ebitda d'EDF était de 18 milliards d'euros, pour un chiffre d'affaires de 84,5 milliards d'euros.
"A ce stade pour 2022, EDF considère qu’il n’est pas nécessaire d’anticiper de nouveaux arrêts de réacteurs", tient à préciser le communiqué.
Le groupe indique également "ajuster son estimation de production nucléaire pour 2022 à 280-300 TWh contre 295-315 TWh précédemment. A ce stade, et dans l’attente de la réalisation des contrôles et des réparations, l’estimation de la production nucléaire pour 2023, soit 300-330 TWh, n’est pas modifiée", est-il encore indiqué.
Par ailleurs, le groupe avait déjà alerté de l'impact du relèvement par l'Etat du mécanisme de l'Arenh (Accès régulé à l'électricité d'électricité nucléaire historique) sur ses résultats.
Ce mécanisme oblige EDF à vendre à bas prix une électricité qui vaut beaucoup plus cher sur les marchés pour contenir la hausse des factures.
A la mi-mars, l'Etat a relevé de 20% son quota d'électricité revendue à bas prix, une mesure critiquée par la direction comme par les syndicats d'EDF qui ont déclaré s'opposer avec des recours juridiques en France et à Bruxelles.
EDF évaluait en mars l'impact négatif de l'Arenh à 10,2 milliards d'euros sur son Ebitda. Cela porterait au total l'impact négatif à plus de 28 milliards d'euros.
En mars, EDF avait estimé que cet Ebitda serait amputé de 26 milliards d'euros.
- EDF face à de nombreux défis -
Face à ce contexte difficile, le PDG du groupe a annoncé jeudi dernier un "recours gracieux" contre cette décision du gouvernement, alors que l'Etat est son premier actionnaire, estimant que "tant le prix que les conditions de ces attributions nous pénalisent considérablement".
Des difficultés qui interviennent alors que le groupe, déjà lourdement endetté, fait face à toute une série de défis: prolongation de ses réacteurs nucléaires, construction de nouveaux EPR annoncée par le président Emmanuel Macron, essor des énergies renouvelables...
Un projet de réorganisation de l'entreprise, baptisé Hercule, était censé apporter de nouveaux moyens en mettant en Bourse les activités liées aux renouvelables ou en améliorant la rémunération du nucléaire.
Mais la réorganisation a été gelée par le gouvernement en raison de désaccords avec la Commission européenne sur le maintien de l'unité du groupe. L'opposition unanime des syndicats et l'approche des élections ont aussi freiné le projet.
L'idée d'une réforme reste sur la table. Lors de la campagne pour sa réélection, Emmanuel Macron a notamment évoqué une renationalisation d'EDF: "je pense que sur une partie des activités les plus régaliennes, l'État doit reprendre du capital, ce qui va d'ailleurs avec une réforme plus large du premier électricien français".
Au premier trimestre, EDF avait annoncé une forte progression de son chiffre d'affaire, à 35,6 milliards d'euros, grâce à la hausse des prix de l'électricité, prévenant cependant que cela ne se traduirait pas dans les résultats, du fait précisément de la limitation de la production nucléaire cette année.
(H.Schneide--BBZ)