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Le géant pharmaceutique britannique AstraZeneca a dit mardi prendre "très au sérieux" sa situation en Chine, un marché clé où certains de ses salariés, dont son président dans le pays, font l'objet d'enquêtes, en particulier pour importations illégales de médicaments.
"Nous prenons la situation en Chine très au sérieux. Si les autorités nous le demandent, nous coopérerons pleinement avec elles", a assuré dans un communiqué de résultats trimestriels le directeur général du groupe, Pascal Soriot.
AstraZeneca avait annoncé la semaine dernière que son président en Chine, Leon Wang, avait été placé en détention. Quelques jours plus tôt, des informations de presse sur ces enquêtes avaient fait dévisser le titre de plus de 8% en une séance à la Bourse de Londres.
Interrogé lors d'une conférence de presse en ligne sur d'éventuels contacts directs de l'entreprise avec M. Wang ou sur le fait de savoir s'il était toujours détenu, M. Soriot a affirmé n'avoir "aucune information".
M. Wang "a bien sûr un avocat qui est en contact avec lui. Mais nous n'avons aucune information en tant qu'entreprise, donc nous n'avons vraiment rien à signaler" à ce stade, a-t-il insisté.
- "Enquêtes individuelles" en Chine -
AstraZeneca a dit mardi avoir connaissance "d'un certain nombre d'enquêtes individuelles menées par les autorités chinoises" sur certains de ses employés actuels et passés. "A sa connaissance", ces enquêtes portent sur "des allégations de fraude à l'assurance médicale, d'importation illégale de médicaments et de violation de données personnelles", a indiqué l'entreprise pharmaceutique.
"La société n'a reçu aucune notification selon laquelle elle fait elle-même l'objet d'une enquête", a-t-elle précisé.
Les investigations concernent cinq personnes de nationalité chinoise, avait précédemment rapporté l'agence Bloomberg, selon laquelle l'une des enquêtes porte sur de possibles importations d'Imjudo, un médicament contre le cancer du foie non approuvé en Chine continentale.
AstraZeneca, géant du secteur pharmaceutique, a publié mardi un bénéfice net en hausse de 4% sur un an à 1,4 milliard de dollars pour le troisième trimestre, porté par une augmentation de son chiffre d'affaires de 18% sur la période, à 13,6 milliards de dollars.
Le laboratoire, qui a amélioré sa prévision de revenus annuels, a vu ceux de sa division oncologie progresser de près de 20% au troisième trimestre. Cette division est la plus importante du groupe en matière de chiffre d'affaires. La division vaccins et thérapies immunitaires affiche, elle, une hausse de 48%.
Le groupe a aussi annoncé mardi un nouvel investissement de 2 milliards de dollars aux Etats-Unis, de loin son marché le plus important, pour y construire des centres de recherche et développement ou de fabrication.
Cette annonce porte à 3,5 milliards de dollars l'investissement prévu dans ce pays lors des deux prochaines années.
- "Faire face" -
"AstraZeneca est un pionnier dans la lutte contre le cancer" et l'entreprise "progresse également dans le domaine des maladies rares", a résumé Derren Nathan, analyste chez Hargreaves Lansdown.
Mais ses bons résultats trimestriels ne l'ont pas empêché de tanguer depuis la confirmation en septembre de l'existence de ces enquêtes en Chine.
Au cours du mois écoulé, ces révélations ont "fait chuter d’environ 30 milliards de livres la valeur boursière de l'entreprise", a rappelé cet analyste, pour qui cette réaction du marché est "exagérée".
Les investisseurs soupesaient le pour et le contre mardi, le cours de Bourse du géant pharmaceutique hésitant entre le rouge et le vert sur la place londonienne. Il reculait de 0,41% vers 13H15 GMT.
La Chine est un marché important pour AstraZeneca. Elle représentait environ 12% de son chiffre d'affaires au troisième trimestre.
L'entreprise "sera affectée" par les enquêtes dans ce pays, mais "nous allons y faire face et continuer à renforcer notre présence là-bas", a déclaré M. Soriot. Le laboratoire "met en place des mesures pour renforcer encore davantage" ses procédures pour s'assurer de rester en conformité avec la loi, a-t-il ajouté.
Certaines multinationales signalent un environnement commercial de plus en plus difficile en Chine ces dernières années. Elles y déplorent en particulier un manque de transparence sur les lois relatives aux données et des détentions prolongées d'employés.
(S.G.Stein--BBZ)