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Le suspense va prendre fin: la composition du nouveau gouvernement dirigé par Elisabeth Borne est annoncée vendredi après-midi, près d'un mois après la réélection d'Emmanuel Macron et trois semaines avant les législatives.
Profond renouvellement ou continuité? La réponse sera apportée à l'Elysée, probablement par son secrétaire général Alexis Kohler qui devrait, comme le veut la tradition, lire sur le perron la liste de la nouvelle équipe.
En attendant, Elisabeth Borne s'est de nouveau rendue en fin de matinée à l'Elysée qu'elle a quitté vers 13H00, après s'être entretenue à plusieurs reprises avec Emmanuel Macron depuis sa nomination lundi.
D'ici au premier Conseil des ministres du quinquennat, prévu lundi, se dérouleront les passations de pouvoirs dans les ministères qui changent de titulaires, ce qui devrait être le cas pour la plupart d'entre eux.
"C’est la fin, les cartons sont faits, on rend les clés et on va boire un verre", confiait-on vendredi matin dans l’entourage d’un ministre, trahissant une certaine impatience de tourner la page après cette longue période d’attente.
Interpellée jeudi par la presse, Mme Borne assurait qu'elle n'était pas "en train de traîner" pour former le gouvernement, un processus qui nécessite "du temps" et "des échanges de fond".
Il aura pris quatre jours, contre deux pour le gouvernement d'Édouard Philippe en 2017 et trois pour celui de Jean Castex en 2020.
Trop longtemps pour les oppositions alors que "ça fait quatre semaines" qu'Emmanuel Macron "a été réélu", a regretté sur France 2 le patron de l'UDI Jean-Christophe Lagarde.
Pour Jean-Luc Mélenchon, ce tempo est avant tout tactique. "Macron attend ce soir pour annoncer le gouvernement. Avantage: alléluia médiatique tout le week-end + manière d'empêcher les candidatures de riposte face aux futurs ministres ralliés", a-t-il tweeté, alors que les candidats aux législatives des 12 et 19 juin ont jusqu'à 18H00 pour déposer leur candidature.
"C’est particulièrement anormal lorsque l’on connaît la situation quotidienne des Français, (qui n’est) pas un long fleuve tranquille" avec notamment la hausse des prix, a affirmé jeudi la finaliste d'extrême droite à la présidentielle Marine Le Pen.
- L'équation de la parité -
A l'approche de l'annonce, se multipliaient les supputations sur les noms des entrants, mais aussi sur les éventuels changements de périmètre des ministères pour refléter les priorités gouvernementales, au premier rang desquelles la "planification écologique".
Pour Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, le défi est de s'entendre sur un casting conforme à la promesse de "nouveauté" exprimée par le chef de l'Etat, mais aussi capable de faire face à un contexte géopolitique, économique et social difficile avec la guerre en Ukraine, une inflation inédite depuis l'introduction de l'euro et une croissance en berne.
Toutefois il faut se méfier de "l’effet waouh car les Français assistent à la politique avec un scepticisme avéré et parfois une hostilité avérée" face aux effets de manches, relève le politologue Pascal Perrineau.
Parmi les ministres restant, sont pressentis Bruno Le Maire (Economie), Olivier Dussopt (Comptes publics) Gérald Darmanin (Intérieur), Gabriel Attal (porte-parole), Marc Fesneau (Relations avec le Parlement) ou Olivia Grégoire (secrétaire d'Etat à l'Economie sociale) qui irait au porte-parolat.
Jean-Michel Blanquer (Education) et Florence Parly (Armées), font partie des partants.
L'une des équations à résoudre est celle de la parité, avec la nécessité de nommer des femmes à des postes visibles. Première cheffe du gouvernement depuis trente ans, Elisabeth Borne a insisté jeudi sur l'égalité femmes-hommes et la nécessité pour les femmes de "rêver" et d'avoir "confiance" en elles.
Pourraient être ainsi nommées des personnalités peu connues, à des ministères importants, tandis que les noms d'élues venues de la droite circulaient, comme celui de Caroline Cayeux, maire de Beauvais.
Les portes du gouvernement s'ouvriront-elles aussi pour Damien Abad qui a claqué la porte jeudi de patron des députés LR et de son parti?
En revanche, Edouard Philippe n'en sera pas: "On ne m'a rien proposé et ça me va très bien", a déclaré sur France 2 le chef d'Horizons.
Ce gouvernement Borne devrait être assez resserré - avec une vingtaine de ministres selon certains membres de la majorité - pour mener la bataille des législatives des 12 et 19 juin. Il devrait ensuite s'élargir, notamment avec des secrétaires d'Etat, au début de l'été.
D'ici au scrutin, les nouveaux ministres devront se faire discrets puisque la période de réserve débute lundi.
(K.Müller--BBZ)