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Tout juste nommé vendredi, le nouveau ministre des Solidarités Damien Abad se retrouve confronté à des accusations de viols datant de 2010 et 2011, révélées par Mediapart et qu'il a contestées dimanche "avec la plus grande force".
Selon Mediapart, deux femmes, dont le journal a recueilli les témoignages, accusent Damien Abad, 42 ans, de viol en 2010 et 2011.
Dans un article publié samedi soir, le journal fait état d'un signalement à ce sujet adressé à LREM et LR le 16 mai et au procureur de la République en fin de semaine, resté jusque-là sans réponse des deux partis en question.
Le parquet de Paris a confirmé à l'AFP avoir "été destinataire le 20 mai d'un signalement émanant de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles",créé en février par des féministes à l'origine du mouvement #MeTooPolitique. Ce signalement est actuellement "en cours d'analyse", a précisé le parquet.
"Je conteste avec la plus grande force ces accusations de violences sexuelles", a réagi de son côté Damien Abad, ex-président des députés LR.
"Je conteste avoir exercé quelque forme de contrainte que ce soit sur aucune femme. Je conteste enfin tout abus de pouvoir lié aux fonctions que j’ai occupées. Les relations sexuelles que j'ai pu avoir tout au long de ma vie ont toujours été mutuellement consenties", a ajouté dimanche dans un communiqué transmis à l'AFP le ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées.
"Ces accusations relatent des actes ou des gestes qui me sont tout simplement impossibles à raison de mon handicap", se défend par ailleurs Damien Abad, atteint d'une maladie rare, l'arthrogrypose, qui bloque ses articulations et réduit sa mobilité.
"L’acte sexuel ne peut survenir qu’avec l’assistance et la bienveillance de ma partenaire", ajoute celui qui fut en 2012 le premier élu handicapé à siéger à l'Assemblée.
Selon les témoignages recueillis par Mediapart, l'une des deux femmes qui l'accuse, âgée de 41 ans, dénonce des faits qui se seraient déroulés lors d'une soirée à l'automne 2010.
Damien Abad lui aurait proposé une coupe de champagne dans un bar à Paris. "Et là, black-out total, jusqu'au lendemain matin", témoigne cette femme, qui dit s'être réveillée avec lui "dans une chambre d'hôtel proche du bar", "en sous-vêtements", en "état de choc et de dégoût profond", selon son récit. Elle fait part de son sentiment d'avoir pu être "droguée".
- "Aucune impunité" -
L'autre femme, une ancienne militante centriste de 35 ans, témoigne de faits qui se seraient déroulés début 2011.
Après avoir rencontré Damien Abad en 2009, alors qu'elle était vice-présidente des Jeunes démocrates à Paris, puis avoir été "dragu(ée) par sms", elle l'aurait retrouvé un soir à Paris et ils auraient eu une relation sexuelle d'abord consentie puis contrainte, empreinte "d'irrespect, d'injonction et d'insistance".
Selon Mediapart, elle s'est rendue dans un commissariat en 2012 pour témoigner, mais sans répondre ensuite à la police. Puis elle a déposé une plainte pour "viol" en 2017 contre lui, et l'enquête a été classée sans suite.
Le parquet de Paris a confirmé à l'AFP "qu'une première plainte déposée pour des faits de viol a été classée sans suite le 6 avril 2012 du fait de la carence de la plaignante". Et qu'une "deuxième plainte déposée par la même plaignante pour les mêmes faits a été classée sans suite le 5 décembre 2017, après une enquête préliminaire, faute d'infraction suffisamment caractérisée".
Interrogée dimanche, la Première ministre Élisabeth Borne dit n'avoir découvert ces accusations que samedi dans Mediapart.
"Je peux vous assurer que s’il y a de nouveaux éléments, si la justice est à nouveau saisie, on tirera toutes les conséquences de cette décision", a-t-elle ajouté aux médias en marge d'un déplacement en Normandie, affirmant qu'il ne pouvait y avoir "aucune impunité" concernant les violences sexuelles.
"Il y a un signalement qui a été fait à un niveau extrêmement élevé de responsabilités. Ils n'en ont tiré aucune conclusions avant", a estimé pour sa part le leader des insoumis Jean-Luc Mélenchon, interrogé au Grand RTL-LE Figaro-LCI. "M. Damien Abad pourrait aussi en tirer des conclusions personnelles", a ajouté le chef de file de LFI, dont le candidat aux législatives Taha Bouhafs s'est retiré après des accusations de violences sexuelles.
(Y.Berger--BBZ)