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Pour "réduire l'écart avec les meilleurs de ses compétiteurs", Renault a signé un accord social prévoyant d'augmenter le temps de travail des cadres, qui auront moins la liberté de recourir au télétravail en échange d'une meilleure couverture santé et de mesures d'aménagement de fin de carrière.
"Il y a des efforts, mais il y aussi du progrès social dans pas mal de domaines", a commenté le directeur des ressources humaines (DRH) de Renault France, Maximilien Fleury.
L'accord, signé par la CFE-CGC et la CFDT - majoritaires à elles deux -, mais pas la CGT, doit permettre au groupe automobile d'être plus flexible et de gagner en productivité, alors que la filière est confrontée à de grandes difficultés.
Les cadres vont ainsi perdre trois jours de congés annuels en moyenne. Renault souhaite aussi mieux rétribuer ceux qui travaillent plus, pour valoriser leurs efforts. Les journées travaillées le samedi pourront ainsi être rémunérées, au lieu d'offrir une journée de récupération supplémentaire.
Les règles permettant de recourir au télétravail vont également être durcies. Jusqu'à présent, il était possible de travailler de chez soi trois jours par semaine, plus 35 jours pouvant être déposés lorsqu'on le souhaite.
- Productivité -
Désormais, ce sera deux jours par semaine plus 35 journées, mais sans dépasser la limite de trois jours de télétravail par semaine. Le télétravail pourra même être suspendu, pour une durée maximum de trois semaines, si un projet comme le lancement d'un véhicule nécessite une présence physique des équipes, a détaillé Maximilien Fleury.
"Trois jours de télétravail avec deux jours fixe par semaine, c'est un bon compromis", a admis le délégué syndical central CFDT Jean-François Nanda, reconnaissant que la formule actuelle avait un impact sur le collectif de travail.
Cet accord, qui porte sur la période 2025-2027, concerne les 40.000 salariés du groupe en France, dont 15.000 travaillent en Ile-de-France, principalement dans le tertiaire, et 15.000 dans les usines partout sur le territoire.
Le précédent accord, qui concernait la période 2022-2024, prévoyait aussi des efforts "mais qui portaient beaucoup plus sur les usines", a rappelé M. Fleury. En échange, celles-ci avaient obtenu des garanties d'activité et "aujourd'hui, toutes les usines françaises du groupe Renault ont des projets et des perspectives de projets", a-t-il insisté.
Cette fois-ci, aucune garantie n'est prévue pour l'ingénierie, mais "ce qui fait l'activité, c'est la performance", a dit le DRH du groupe, insistant sur la nécessité de gagner en productivité pour affronter la concurrence.
- Boîte à outils -
En échange de ces efforts, Renault prévoit d'améliorer significativement la couverture santé de ses salariés. Cela représente 30 euros de plus par mois pris en charge par l'entreprise, selon la CFDT. Des mesures d'accompagnement de fin de carrière, avec une retraite progressive et du temps partiel deux ans avant la fin de l'activité, sont prévues.
Alors que l'industrie automobile européenne souffre dans sa transition vers l'électrique et doit faire face aux rivaux chinois et américains (Tesla), en avance sur ce créneau, Renault a aussi promis de maintenir 100% de la rémunération en cas d'activité partielle contrainte dans les usines.
Certaines usines sont obligées de fermer lors de travaux pour adapter la chaîne de montage au véhicule électrique, ou ne peuvent fonctionner faute de pièces livrées à temps.
Les salariés de ces sites conserveront leur rémunération lors de ces aléas grâce à "un fonds de solidarité" dans lequel l'ensemble des salariés du groupe verseront ponctuellement, quand c'est nécessaire, 0,2% de leurs revenus.
"C'est ce qui nous a fait basculer" pour accepter la suppression des trois jours de congé, a dit Jean-François Nanda. "2025 va être une année tendue" pour l'automobile, anticipe-t-il. "Les salariés les plus modestes sont les manufacturiers", les plus exposés à l'activité partielle contrainte, "donc on voulait qu'ils soient indemnisés correctement", a indiqué le représentant syndical.
Enfin, pour être prêt à s'adapter de manière rapide à la "transformation de l'emploi" que traverse à marche rapide la filière automobile, Renault s'est doté d'une "boîte à outils".
Elle prévoit des processus de formation, de mobilité ou même de réductions d'effectifs partout où cela sera nécessaire, sous le contrôle des syndicats.
(S.G.Stein--BBZ)