AEX
8.9400
Le gouverneur de la Banque de France et la directrice générale de CNP Assurances ont plaidé mercredi contre une individualisation des risques climatiques "maison par maison" via l'intelligence artificielle, estimant elle casserait la mutualisation des primes, clé du système d'assurance français.
Interrogé devant une Commission du Sénat sur le risque de retrait des assureurs dans les zones à risques, comme Mayotte, M. Villeroy de Galhau a plaidé pour que "les assureurs restent dans le jeu", et surtout, sans "recul de la mutualisation".
"Évidemment l'analyse de données, l'intelligence artificielle permettent presque d'avoir l'individualisation des risques mais l'individuation totale des risques, c'est le contraire de l'assurance", a-t-il estimé.
Même avertissement chez Marie-Aude Thépaut, qui en évoquant le retrait des assureurs en Californie a souligné que les assureurs devaient rester "diversifiés entre zones" et qu'il était impossible que "chacun paie pour son risque".
"Le système français fait qu'aujourd'hui en France il n'y a pas de zones qui ne sont pas assurables. Par contre si on casse le côté mutualisation et qu'à la fin chacun paye pour son risque, le problème est qu'on va demander une prime d'assurance proche du prix du bien à assurer et qu'il y a des gens qui ne seront plus en capacité de s'assurer", a-t-elle détaillé devant l'Association nationale des journalistes de l'assurance (Anja).
"Aujourd'hui c'est simple: on prend la carte de France, on couple avec les sinistres, et on regarde non pas ville par ville mais rue par rue. Et avec l'intelligence artificielle, c'est maison par maison, pour voir où les occurrences de risques sont les plus élevées", a-t-elle prévenu.
"La mutualisation du risque permet à quasi toute la population d'être assurée. Mais en France dans certaines régions comme dans le Nord ça devient compliqué, avec des personnes qui sont inondées trois fois de suite, c'est comme les sinistres auto, on sent qu'on est sur la tangente sur ces sujets", a-t-elle conclu.
"Le sujet des évènements naturels est loin d'être terminé", a renchéri Florence Lustman, présidente de France Assureurs, en présentant ses voeux mercredi.
"Les assureurs sont juste un thermomètre: avec nos tarifs et nos contrats, on prend la température des risques, et la température monte", a-t-elle souligné, rappelant que "2024 ressort comme l'année la plus sinistrée au niveau mondial" du point de vue climatique.
(S.G.Stein--BBZ)