AEX
-11.3700
Frédéric Souillot, élu vendredi à la tête de Force ouvrière, est un "métallo" réformiste de 54 ans qui avait les faveurs du secrétaire général sortant Yves Veyrier, et qui connaît tous les rouages de la confédération.
M. Souillot, qui a recueilli 87,68% des suffrages exprimés, est membre du bureau confédéral depuis 2015. Il était dernièrement en charge de l'organisation, du secteur juridique et du personnel.
Dans sa lettre de candidature, M. Souillot affirme avoir adhéré à FO en 1994, avoir créé son syndicat chez Schlumberger à Dijon en 1995, et avoir rejoint FO Métaux en 2008 en tant que secrétaire fédéral en charge de la sidérurgie et des métaux de base.
Au-delà de son "look" caractéristique – coupe en brosse, moustache en fer à cheval, anneaux aux oreilles –, M. Souillot est peu connu en dehors de FO, d'autant qu'il a refusé les sollicitations de la presse avant sa désignation.
Certains détracteurs décrivent volontiers un homme d'appareil, au fait de tous les arcanes et secrets de l'organisation, propulsé à la tête de FO à la faveur d'une alliance stratégique entre les métallos et certains trotskistes, pourtant bien éloignés idéologiquement.
"C'est un militant de terrain, pas un apparatchik", récuse le secrétaire confédéral Michel Beaugas, qui le connaît bien. "Tout comme moi il a commencé dans son syndicat d'entreprise. Il connaît bien le terrain, et depuis qu'il est confédéral il connaît bien l'organisation, mais c'est son travail !", souligne-t-il.
Dans les travées du Congrès, le cheminot Sébastien Poentis partage cette vision : "C'est un militant parti de la base qui peut bien nous comprendre. Il a grimpé les échelons du syndicat, il en comprend bien tous les rouages", dit-il à l'AFP.
– "Lutte de places" –
Certains s'inquiètent de la capacité de M. Souillot à "incarner" la fonction, tel Christian Grolier, son adversaire jusqu'à mercredi – il a finalement retiré sa candidature. "Vu son parcours, j'ai du mal à l'imaginer dans le mandat de secrétaire général", disait-il en avril à quelques journalistes, pointant le manque d'expérience "des dossiers, de la presse, des discussions à Matignon" de M. Souillot.
"Je suis convaincu qu'il incarnera bien (...) Ca viendra, tout le monde disait à propos de moi, il est austère, on ne le connaît pas", répond Yves Veyrier. "C'est un travail d'équipe (...) On n'est pas forcément tout seul sur les sujets", ajoute-t-il.
Pour Frédéric Homez, patron de FO Métaux, "ce sont de faux prétextes". "Les dossiers, ça s'apprend et on les travaille", dit-il à l'AFP, rappelant le rôle joué par M. Souillot auprès des pouvoirs publics dans le dossier de l'usine ArcelorMittal de Florange.
Dernier sujet d'inquiétudes pour les opposants de M. Souillot : sa ligne, alors que la métallurgie est le fer de lance du courant "réformiste" du syndicat, réputé plus droitier que les courants "trotskiste" et "anarchiste", et que M. Souillot a le soutien de Jean-Claude Mailly, l'ancien secrétaire général qui s'est rapproché de la Macronie.
"Un candidat lutte de classes, un candidat lutte de places !", a lancé à la tribune Valérie Plouchard, de la Fnec FP-FO (enseignement et culture), pour résumer la bataille entre MM. Grolier et Souillot.
Fabrice Lerestif (anarchiste) a aussi réveillé la torpeur des congressistes en affirmant mardi : "Je ne suis pas rassemblé derrière la direction de la fédération de la métallurgie. Je ne suis pas rassemblé derrière Jean-Claude Mailly, adhérent d'honneur de la fédération de la métallurgie et Macron-compatible".
M. Homez lui a vertement répondu à la tribune mercredi. "On entend beaucoup de choses, +Il ne faut pas un syndicat d'accompagnement, il faut un syndicat de luttes+. Mais mes camarades, il faut les deux", a-t-il répondu.
M. Souillot ne sera pas "le candidat de la métallurgie", a assuré M. Homez : "quand on est candidat, on ne fait plus partie d'une fédération, on est là pour se rassembler".
(K.Lüdke--BBZ)