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Les taux d'intérêt des emprunts d’États continuaient de flamber lundi, le rendement français à 10 ans dépassant les 2%, un niveau plus vu depuis 2014, sous la pression d'une inflation qui fait craindre un sévère resserrement monétaire de la part des banques centrales.
"C'est un peu le bain de sang" sur le marché de la dette souveraine où les investisseurs se défont de leurs obligations, observe Aurélien Buffaut, directeur de la gestion obligataire de Meeaschaert Amilton AM.
Les taux cavalaient dans la continuité d'un message agressif de la Banque centrale européenne jeudi et de l'accélération de l'inflation aux États-Unis vendredi qui font craindre au marché un resserrement monétaire encore plus fort qu'attendu.
L'institution monétaire de Francfort a confirmé la semaine dernière qu'elle cesserait ses achats d'obligations début juillet sur les marchés et qu'elle relèverait ses taux en juillet d'un quart de point, comme attendu, sans exclure une hausse plus importante en septembre si les perspectives d'inflation persistaient ou se dégradaient.
"Le marché estime que la hausse des taux sera plus dure qu'anticipé", explique M. Buffaut.
En zone euro, le rendement du Bund (taux d'emprunt allemand 10 ans, qui fait référence) s'inscrivait à 1,61%, un niveau plus vu depuis 2014, tout comme celui de la France qui s'élevait à 2,22% vers 14H50 GMT.
"L'arrêt des achats d'actifs de la BCE va mettre de la pression sur les dettes des pays de la zone euro, notamment des pays périphériques comme l'Italie", observe Nicolas Forest, directeur de la gestion obligataire chez Candriam, interrogé par l'AFP.
Le rendement sur l'emprunt italien dépassait les 4%, un niveau remontant à fin 2013.
"C'est surtout au niveau des spreads de taux qu’il convient d’être vigilant en zone euro : l’écart entre les taux 10 ans de l’Allemagne et de l’Italie atteint 2,40% ce matin, son plus haut niveau depuis mai 2020, lors de la première vague de Covid", écrit Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marchés chez IG France. Un écart "encore loin des niveaux de stress atteints lors de la crise de la dette en zone euro où cet écart avait dépassé les 5% en 2011 et 2012", tempère l'expert.
La perspective d'un possible durcissement de la politique monétaire de la banque centrale américaine (Fed) à l'issue de sa réunion, qui se tient mardi et mercredi, faisait également monter les taux américains à 10 ans à un sommet depuis 11 ans.
(U.Gruber--BBZ)