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La perspective agite les marchés depuis le début de la semaine: la banque centrale américaine, la puissante Fed, pourrait annoncer mercredi la plus forte hausse de ses taux directeurs depuis 1994, afin de lutter contre l'inflation qui ne faiblit pas.
"La réunion du comité de politique monétaire (FOMC) a débuté à 09H00 (13H00 GMT) comme prévu" mercredi matin, a précisé à l'AFP un porte-parole de la Réserve fédérale (Fed). Elle se terminera à la mi-journée.
La décision du comité sera annoncée à 14H00 (18H00 GMT), accompagnée de la publication de nouvelles prévisions économiques. Puis le président de l'institution, Jerome Powell, tiendra une conférence de presse à 14H30 (18H30 GMT).
Il y a encore quelques jours, une hausse d'un demi-point de pourcentage semblait acquise.
Mais les chiffres de l'inflation en mai, publiés vendredi, ont fait l'effet d'une douche froide: la hausse des prix n'a pas ralenti, comme cela avait été le cas en avril. Elle a même atteint un nouveau record en 40 ans, à 8,6% sur un an.
Les taux, par conséquent, devraient grimper plus que prévu, non plus d'un demi-point de pourcentage (ou 50 points de base), mais de trois quarts de point (75 points de base).
Il s'agirait de la hausse des taux directeurs la plus forte depuis près de 28 ans.
"Une hausse de 75 points de base est désormais pleinement intégrée pour (la réunion) du 15 juin, et largement intégrée pour les deux prochaines réunions", fin-juillet et fin-septembre, selon Steve Englander, responsable de la macro-économie américaine pour Standard Chartered et ancien économiste à la Fed.
Certains économistes, cependant, doutent de l'utilité d'un tel relèvement. Zinsi, spour l'économiste Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics, "cette action plus agressive" n'est "pas nécessaire, car les forces qui ont mené aux chiffres récents de l'inflation, s'estompent déjà".
- "En retard" -
Il s'agira de la troisième hausse d'affilée des taux directeurs, qui se situent actuellement dans une fourchette de 0,75 à 1,00%.
La situation sur l'inflation et leurs effets sur les marchés dans le monde inquiètent au point que la Banque centrale européenne a tenu mercredi une réunion extraordinaire, à l'issue de laquelle elle a promis d'agir pour calmer les tensions sur la dette souveraine.
Les hausses des taux directeurs renchérissent le coût des crédits que les banques commerciales accordent à leurs clients particuliers et professionnels.
"A l'évidence, la Fed accepte l'accusation selon laquelle elle est en retard sur la courbe (de la hausse des taux) et est déterminée à rattraper son retard pour éviter une nouvelle détérioration des anticipations d'inflation", a indiqué à l'AFP David Wessel, spécialiste de la Fed pour la Brookings Institution, qui penche pour une hausse de 75 points de base.
La Fed se démène d'autant plus pour juguler l'inflation que sa crédibilité est en jeu. Ses responsables ont affirmé pendant des mois que cette hausse des prix ne serait que temporaire, et ont par conséquent commencé seulement en mars à resserrer la vis.
"Avec le recul, (...) il aurait sans doute mieux valu relever les taux plus tôt", avait reconnu Jerome Powell le mois dernier, lors d'une interview au Wall Street Journal.
La ministre de l'Economie et des Finances de Joe Biden, Janet Yellen, avait elle aussi reconnu ne pas avoir anticipé une telle hausse des prix.
La Fed est indépendante du gouvernement fédéral, mais Jerome Powell a récemment été reçu par Joe Biden à la Maison-Blanche, avec Janet Yellen, pour une rare entrevue dédiée à l'inflation.
La Banque centrale doit toutefois prendre garde, en ralentissant volontairement l'économie, à ne pas la faire plonger dans la récession. Jerome Powell avait estimé le mois dernier qu'il fallait de la croissance, mais pas trop.
Il avait aussi souligné que cela pourrait s'accompagner d'une hausse du chômage. Le pays fait face à une importante pénurie de main-d'œuvre qui pousse les entreprises à relever les salaires, phénomène qui contribue aussi à alimenter l'inflation.
Au cours de cette réunion, les responsables de la Fed devraient réviser à la hausse leurs projections d'inflation et du chômage, et à la baisse celles de croissance du PIB.
(L.Kaufmann--BBZ)