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A trois jours du second tour des législatives, les critiques de l'opposition fusent contre Emmanuel Macron, en Ukraine jeudi, à plus de 2.000 km du sol français, dans une fin de campagne envenimée entre macronistes et mélenchonistes.
Le chef de l'Etat, à Kiev puis Irpin avec le chancelier allemand Olaf Scholz et le chef du gouvernement italien Mario Draghi, sera interviewé depuis la capitale ukrainienne dans le journal de 20H00 de TF1. A son arrivée, il a dit porter "un message d'unité européenne" et de "soutien" à Kiev, et souhaiter "que l'Ukraine puisse résister et l'emporter".
Son absence dans l'entre-deux-tours est l'angle d'attaque de l'opposition dans sa guerilla face à la majorité présidentielle sortante, Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI et de la gauche unie Nupes, y voyant mercredi la marque de son "mépris".
Jeudi sur France Bleu, il s'est toutefois "associ(é) à son message de solidarité avec l'Ukraine", proposant "qu'on évite trop les polémiques", même si "on peut évidemment s'interroger sur le sens de ce voyage".
Le député LFI Alexis Corbière avait pointé du doigt un peu plus tôt une "opération de communication" du chef de l'Etat.
"Emmanuel Macron se sert de cette posture de chef de guerre pour tenter d’avoir une influence sur les élections législatives", a affirmé Marine Le Pen, même si la finaliste de la présidentielle et candidate RN dans le Pas-de-Calais juge "parfaitement légitime qu’il aille à Kiev et qu’il continue à avoir des discussions avec (le président russe) Vladimir Poutine".
"Si on veut vraiment aboutir à un accord, à une médiation, ce n'est pas en se mettant en scène", a lancé le président des Républicains Christian Jacob, tandis que l'ex-ministre et maire LR de Meaux Jean-François Copé fustige la "folie" de la "stratégie d'évitement" de M. Macron, qui "laisse monter extrême droite et extrême gauche".
Le ministre chargé de l'Europe Clément Beaune, lui-même candidat à Paris où il est en difficulté face à la candidate insoumise Caroline Mécary, a appelé à avoir de la "hauteur de vue et de la dignité", faisant valoir que M. Macron préside l'Union européenne jusqu'au 30 juin et "n'est pas candidat aux législatives".
- "Epouvantails" -
Gauche, droite et extrême droite avaient avant cela dénoncé la déclaration du président mardi sur le tarmac d'Orly juste avant son départ pour la Roumanie et la Moldavie, appelant les électeurs à lui donner une majorité "solide" et à opérer un "sursaut républicain" pour éviter le "désordre".
La Première ministre Elisabeth Borne a lié mercredi "gravité" de la "situation" internationale et fustigé "l'alliance de circonstance" de la Nupes derrière "le projet le plus extrême, celui de Jean-Luc Mélenchon", "dangereux pour notre économie".
"Les épouvantails, ça fait peur aux moineaux, pas aux citoyens éclairés", rétorque Alexis Corbière, jugeant que "le chaos, c'est eux".
Les deux camps s'accusent aussi mutuellement d'imiter l'ex-président américain Donald Trump, connu pour ses déclarations fracassantes.
M. Beaune a reproché à M. Mélenchon son "trumpisme à la française", des "hurlements" ou des "fakes news" sur la TVA, tandis que le leader de LFI, qui avait accusé M. Macron de "sketch à la Trump" à Orly, a appelé ses adversaires à "baisser d'un ton".
- "Aucun plan caché" -
Le débat s'annonce donc agité jeudi soir sur BFMTV entre le ministre du Budget Gabriel Attal, la députée sortante LFI Clémentine Autain et le président par intérim du RN Jordan Bardella, d'autant que la flambée de l'inflation place la question du pouvoir d'achat au premier rang des priorités des Français dans les enquêtes d'opinion.
"M. Mélenchon a un problème avec la vérité (...) Nous n'avons aucun plan caché", a réaffirmé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire jeudi sur France Bleu, alors que LFI l'accuse de vouloir augmenter la TVA pour contenir le déficit.
"C'est lui qui a un problème avec la réalité", a rétorqué M. Mélenchon.
Selon Ifop-Fiducial pour LCI et Sud Radio, la coalition présidentielle Ensemble! obtiendrait entre 265 et 300 sièges dimanche, contre 180 à 210 pour la gauche unie, devant la droite LR et UDI (40 à 65 sièges) et le RN (20 à 40). La majorité absolue est de 289 sièges.
A gauche, M. Mélenchon est sur France Bleu à 13H00, et le patron du PS, Olivier Faure, en Bretagne pour soutenir les candidats de la Nupes.
A l'extrême droite, Marine Le Pen, en Moselle avec les candidats RN, espère atteindre la barre des 15 élus pour former un groupe dans l'hémicycle pour la deuxième fois de l'histoire de son camp. Lors du scrutin proportionnel de 1986 le FN de Jean-Marie Le Pen et ses alliés avaient décroché 35 sièges.
La droite (LR et UDI) table sur une soixantaine de députés pour jouer les arbitres dans la future Assemblée nationale.
(O.Joost--BBZ)