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La Bourse de New York évoluait en forte baisse jeudi, morose à l'idée que la banque centrale américaine (Fed) poursuive ses hausses de taux agressives, et après la publication d'une série de mauvais indicateurs.
Vers 14H00 GMT, le Dow Jones cédait 2,17%, l'indice Nasdaq, à forte composition technologique, 3,30%, et l'indice élargi S&P 500, 2,72%.
Mercredi, Wall Street s'était envolé après la communication de la Fed, qui a annoncé une hausse de 0,75 point de pourcentage de son taux directeur, une première depuis 1994.
Davantage que ce relèvement, déjà intégré par la place new-yorkaise, les opérateurs s'étaient satisfaits d'une déclaration du président de la Fed, Jerome Powell, indiquant que de telles hausses ne deviendraient pas "habituelles".
Pour autant, le responsable a martelé que la priorité de l'institution restait actuellement la lutte contre l'inflation et qu'elle se préparait à de nouvelles hausses de taux marquées.
"La seule possibilité que les marchés voient, c'est que la Fed change de direction ou ralentisse ses hausses de taux, et comme aucun des deux ne semble venir, il n'y a aucune raison d'être excité par quoi que ce soit", a commenté Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services.
"Pendant 20 ans, on a eu: la Fed a la rescousse du marché. Aujourd'hui, c'est: la Fed contre le marché", a-t-il poursuivi.
Après la détente de mercredi, le marché obligataire reprenait aussi ses esprits et retenait la perspective de futures hausses de taux. Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans s'inscrivait à 3,41%, contre 3,39% la veille.
"Il y a de la stagflation dans l'air", a écrit, dans une note, Patrick O'Hare, de Briefing.com, soit la conjonction d'une faible croissance et d'une inflation élevée, "et ce n'est pas bon pour les actifs financiers."
Les marchés sont "plombés par la crainte d'une récession, la détérioration du moral des investisseurs et une moindre liquidité car les acheteurs se mettent sur la touche", a détaillé l'analyste.
Ce sentiment d'une économie qui décélère a été alimenté jeudi par une série d'indicateurs, en premier lieu l'indice d'activité manufacturière dans la région de Philadelphie, qui a montré une contraction en juin (-3,3 points), alors que les économistes attendait une progression (+4,8 points).
Autre nuage qui assombrit l'horizon de l'économie américaine, la remontée graduelle du chômage, illustrée par des inscriptions hebdomadaires plus importantes que prévu (229.000). Pour Peter Boockvar, de Bleakley Advisory Group, "la hausse des licenciements nous guette, la question étant de savoir quel en sera le rythme".
Dernier signal négatif, la baisse des mises en chantier aux Etats-Unis, qui sont ressorties à un niveau inférieur aux attentes.
"Les données de ce matin n'ont pas vraiment calmé les craintes d'un ralentissement économique ou atténué l'inquiétude de voir la Fed relever ses taux en pleine décélération (de l'économie) pour mettre l'inflation sous contrôle", selon Patrick O'Hare.
"Il va y avoir des taux qui continuent à monter dans une économie qui continue à décliner, et ça, c'est un poison", a abondé Gregori Volokhine. "Le marché ne peut pas monter" dans cette configuration.
A la cote, Apple poursuivait son repli (-3,32% à 130,93 dollars) et menaçait de descendre sous le seuil symbolique des 2.000 milliards de dollars de capitalisation. Depuis son pic de début janvier, la firme à la pomme a effacé plus de 800 milliards de dollars de valorisation.
Quant à Netflix (-4,11% à 172,71 dollars), il flirtait avec sa plus faible capitalisation depuis près de 5 ans.
La cotation du groupe de cosmétiques Revlon était suspendu après l'annonce de son dépôt de bilan mercredi, qui devrait permettre sa restructuration. La société a mal vécu la pandémie, qui a entraîné un ralentissement des dépenses sur certains produits de beauté.
Twitter progressait (-0,76% à 38,28 dollars) alors qu'Elon Musk doit s'adresser jeudi aux employés de la compagnie. Selon le Wall Street Journal, il devrait réitérer son intention d'acquérir le réseau social. Tesla, en revanche, que dirige l'entrepeneur, faisait grise mine (-6,20% à 655,65 dollars).
Le secteur de l'énergie suivait la décélération des cours du pétrole, à l'instar d'ExxonMobil (-3,30%) ou Phillips 66 (-3,58%). Le courant se propageait à l'ensemble des matières premières, affectant la minière Freeport McMoRan (-4,57%) ou le sidérurgiste Cleveland-Cliffs (-5,65%).
(O.Joost--BBZ)