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Le marché de l'art retrouve son faste d'avant-pandémie à la foire de l'art de Bâle malgré la guerre en Ukraine et des marchés agités, l'inflation donnant une raison de plus aux riches collectionneurs de s’offrir une toile à plusieurs millions.
Dès les premières heures d'Art Basel, la grande foire de l'art en Suisse qui se tient du 16 au 19 juin, les galeries de premier plan ont scellé de très grosses ventes.
La zurichoise Hauser & Wirth a ainsi établi un nouveau record pour une araignée de la sculptrice franco-américaine Louise Bourgeois qui s'est arrachée à 40 millions de dollars (38 millions d'euros).
Mais elle a aussi multiplié les ventes à sept chiffres, écoulant notamment une oeuvre du peintre arménien Arshile Gorky pour 5,5 millions et une huile sur toile de Francis Picabia pour 4 millions. Rien que pour la première journée, ses ventes ont avoisiné 75 millions de dollars.
La galerie allemande David Zwirner a de son côté vendu une pièce de l'artiste conceptuel Félix Gonzalez-Torres pour 12,5 millions de dollars et une toile de l'artiste sud-africaine Marlene Dumas pour 8,5 millions.
"La foire bénéficie d'une intense énergie avec de nombreux collectionneurs que nous n'avions pas vu depuis si longtemps", s'est félicité Marc Glimcher, le directeur de la galerie américaine Pace, qui a, lui, vendu une huile sur toile de Joan Mitchell pour 16,5 millions de dollars et placé plusieurs des futurs NFT de Jeff Koons, qui viendront accompagnés d'une sculpture de la lune, pour 2 millions de dollars chacun.
Comme les ventes de yachts, de voitures de luxe, de haute horlogerie et joaillerie, le marché de l'art s'est fortement redressé en 2021 après le choc de la pandémie en 2020 avec le vif rebond de la Bourse l'an passé qui a fait gonfler le patrimoine des très grosses fortunes.
Après une chute de 22% en 2020, le marché de l'art a regagné 29% en 2021 pour remonter à 65,1 milliards de dollars, selon une estimation de Clare McAndrew, auteure d'un rapport pour Art Basel, qui note que les budgets des collectionneurs ont aussi sensiblement augmenté l'an passé.
Mais entre-temps, la guerre en Ukraine et les tours de vis des banques centrales sur leurs taux directeurs face à l'inflation ont entraîné de fortes secousses sur les marchés financiers.
- Alternative à la Bourse -
Pour l'instant, les assureurs spécialisés dans le marché de l'art n'observent pas de cassures dans les montants assurés depuis l'invasion de l'Ukraine.
"Le marché de l'art repart fortement", constate aussi Nicolas Kaddeche chez Hiscox. Le retour des foires au fil de la levée des restrictions sanitaires pousse les collectionneurs à revenir acheter. "Mais il y a un deuxième phénomène important qui va jouer positivement sur le marché de l'art, qui est l'inflation", estime-t-il.
"A mons sens, l'art va, encore plus qu'avant, être une valeur refuge par rapport à une inflation qui part au galop", a-t-il affirmé lors d'un entretien avec l'AFP, constatant une forte demande pour tous les objets de collection, comme par exemple les voitures.
Même constat chez Axa XL, où Hans Laenen, responsable clientèle pour l'Asie Pacifique et l'Europe, s'attend à ce que la hausse se poursuive, sauf bouleversement majeur "dans une situation qui peut changer très vite".
"Avec les Bourses qui sont plus volatiles, le marché de l'art peut être vu comme un investissement plus stable. Cela peut même attirer d'autres investisseurs qui vont se tourner vers les oeuvres d'art, plutôt que vers la Bourse", estime-t-il, d'autant que les prix élevés aux enchères alimentent la confiance des acheteurs.
Les périodes d'inquiétudes pour l'économie tendent cependant à favoriser les valeurs considérées comme sûres, au détriment des jeunes artistes.
"En cas d'aversion au risque, les gens tendent à se concentrer sur les artistes qu'ils connaissent", a reconnu Clare McAndrew lors d'un entretien avec l'AFP.
"Mais j'imagine que cela pourrait changer cette année", présage-t-elle, avec le retour des foires qui permettent de revenir découvrir de jeunes artistes.
(Y.Yildiz--BBZ)