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La France, placée aux deux tiers en vigilance canicule rouge ou orange à cause d'une vague de chaleur intense et d'une précocité inédite, doit connaître samedi des "pointes voisines de 42°/43°C" et de possibles records absolus de température selon Météo-France qui prévoit l'arrivée d'orages par l'ouest dimanche.
Onze départements, dans un quart sud-ouest allant des Pyrénées-Atlantiques à la Vendée, restent en vigilance rouge alors que Tarn, Tarn-et-Garonne et Haute-Garonne ont été rétrogradés samedi matin en orange, une vigilance qui concerne désormais au total 58 départements.
Près des trois quarts de la population, soit 45 millions de personnes, demeurent touchés par ces niveaux d'alerte.
Selon Météo-France, la chaleur "va encore s'accentuer depuis l’ouest des Pyrénées en direction du nord-est du pays" et "des pointes voisines de 42°/43°C sont même possibles localement sur le sud Aquitaine", impliquant que des records absolus de températures soient alors battus.
Les 42°C ont déjà été atteints vendredi dans plusieurs secteurs, notamment en Occitanie, et des records mensuels pour juin ont été battus dans au moins une dizaine de communes, comme à Saintes (Charente-Maritime) avec 40,2°, où le précédent record tenait depuis 72 ans.
Pour faire face à cette "situation réellement exceptionnelle" selon Météo-France, de nombreux évènements festifs, sportifs et culturels ont été annulés dans les départements classés rouge ou orange.
A Troyes, le département de l'Aube étant placé en orange, la manifestation "Sportez-vous bien" qui devait permettre à la population de tester de nombreuses activités sportives dans le centre, a été annulée.
- Feux de récolte -
La vague de chaleur a des conséquences sur les personnes sans abri qui souffrent des dangers de la déshydratation. A Toulouse, la Croix-Rouge organise des maraudes pour leur distribuer de l'eau fraîche. "Il y a plus de mortalité de gens dans la rue en été qu'en hiver", assure un bénévole de 67 ans Hugues Juglair.
Les agriculteurs aussi doivent s'adapter. Daniel Toffaloni, cultivateur près d'Elne (Pyrénées-Orientales), "attaque au lever du jour jusqu'à 11H30". "Après, je peux travailler le soir, avant la tombée de la nuit", dit ce sexagénaire. Dans ses serres de tomates, la température peut atteindre 55°C.
Dans certains départements, les feux de récolte se multiplient: 20 hectares de champs sont partis en fumée vendredi en Indre-et-Loire et 32 hectares dans les Deux-Sèvres où une quinzaine de feux ont nécessité l'intervention de 241 pompiers. La Charente et la Creuse ont également été touchées.
Plusieurs préfectures ont par ailleurs pris des arrêtés d'interdiction d'utilisation de feux d'artifice, comme en Gironde, en Lot-et-Garonne et dans les Pyrénées-Atlantiques.
- Orages samedi soir -
Face à cette chape de plomb qui met les plus vulnérables en danger, la ministre de la Santé Brigitte Bourguignon avait visité vendredi un Ehpad dans la Vienne, dans le rouge depuis jeudi comme la Charente, la Charente-Maritime, le Gers, la Gironde, les Landes, le Lot-et-Garonne, les Deux-Sèvres et la Vendée.
"L'hôpital est évidemment saturé, mais répond à la demande", a-t-elle assuré.
Avec la chaleur, les concentrations d'ozone dans l'air sont en nette augmentation sur une grande partie de la France, selon Prev'Air, qui prévoit qu'elles restent élevées "dans les jours à venir".
Les Bouches-du-Rhône ont ainsi été placées en alerte niveau 2 de pollution à l’ozone pour le week-end, avec un abaissement de 20km/h de la vitesse de circulation mais sans mise en place de la circulation différenciée.
Les fortes chaleurs favorisent également la prolifération des cyanobactéries dans les plans d'eau, entrainant des interdictions de baignade, des activités nautiques et de la pêche, comme aux lacs de Sesquières et de la Ramée à Toulouse.
A partir de samedi soir, des orages ponctuels pourraient survenir sur la façade atlantique, prémices d'une dégradation attendue pour dimanche soir et qui permettra à la canicule de "régresser progressivement pour ne plus concerner que le flanc est du pays", selon Météo-France.
(L.Kaufmann--BBZ)