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Les soldes d'été ont démarré mercredi pour quatre semaines dans un contexte d'inflation galopante, mais les premiers clients sont déterminés à faire de bonnes affaires sans "acheter n'importe quoi", et les commerçants à renflouer leur trésorerie.
La rue Sainte-Catherine, principale artère commerçante de Bordeaux, commençait à se remplir en fin de matinée. "Tous les signaux sont au vert. C'est la première année après deux ans de Covid où l'on peut faire les soldes de manière sereine, sans masque" ou jauges, se félicite Anne Pédélaborde, vice-présidente de "Bordeaux Mon Commerce", l'association locale des commerçants et artisans.
Certaines chaînes proposent déjà des réductions jusqu'à -70 %. Et si des ventes privées ont été proposées la semaine dernière, certains clients, comme Loane, 21 ans, ont attendu le coup d'envoi des soldes pour acheter à un prix encore plus cassé.
L'étudiante en licence de philosophie à Paris est arrivée dans la galerie commerciale de la gare Saint-Lazare dès 9 heures pour acheter des sous-vêtements. "La semaine dernière, pendant les ventes privées à -40%, j'avais repéré ce qui me plaisait, mais je voulais attendre le cap des -50% pour investir".
La baisse du pouvoir d'achat des Français en poussent certains à n'acheter que des articles indispensables. Dans une boutique d'habillement masculin à Paris, Karim, 18 ans, n'achètera "que des chemises" pour son job d'été en restauration.
A deux pas de la Grand Place de Lille, Wafa est la première à entrer dans la boutique d'une grande chaîne de prêt à porter: "Beaucoup de choses augmentent. Je prépare les vacances, du coup je n'ai pas le choix, je dois faire les soldes", explique-t-elle.
Hanane, fonctionnaire, a voulu profiter de l'occasion "pour passer un moment avec (sa) fille" de 13 ans. Un rituel, à chaque période de soldes. Mais cette année, "on n'achète pas n'importe quoi". Elles n'iront donc pas dans les parfumeries: "On a ce qu'il faut à la maison".
- Consommation durable -
Le centre commercial du Forum des Halles, au coeur de Paris, n'était pas pris d'assaut mercredi matin, a constaté l'AFP.
A quelques minutes à pied de là, la friperie "Freep'star" a vu défiler les clients, bien que l'enseigne ne propose pas de soldes: la seconde main a le vent en poupe.
Parmi eux, Paul, doctorant en histoire de 26 ans. Pour lui, "les soldes n'ont pas de sens. Ils incitent à la surconsommation", contraire à ses convictions écologiques. Il aura finalement chiné une chemise et un jeans de seconde main. "A 5 euros, ça n'existe pas en soldes", sourit-il.
Croisée dans les rues de Lille, Amélie Tardivat, 25 ans, ingénieure pédagogique, ne fera pas non plus les soldes. "J'essaye de me tourner vers une consommation plus durable", dit-elle.
Les commerçants espèrent toutefois renflouer leur trésorerie, alors que les ventes en magasin accusent toujours un recul "de -7 %" au cumul, depuis le début de l'année 2022 par rapport à 2019, selon l'Alliance du commerce.
L'inflation a aussi affecté les entreprises, avec une hausse des coûts de production et de transport. "Les soldes (d'été) commencent trop tôt pour pouvoir nous laisser un peu de temps de faire de la marge", regrette Colas Michard, directeur général du chausseur indépendant Michard Ardillier à Bordeaux. Et il s'inquiète déjà pour la période hivernale: "Nos fournisseurs ont augmenté les prix de 5 à 15%".
Patricia Fouthoux, gérante de la boutique Mixtape à Bordeaux, se veut rassurante. Pour elle, la période des soldes "va permettre de rattraper le mois de juin en vendant le stock des étés précédents qui n'avait pas pu être vendu avec le Covid". Mais elle note la fin d'une époque, alors que les promotions fleurissent toute l'année: "C'est fini les soldes le Jour J, les gens qui attendent devant la porte".
(H.Schneide--BBZ)