AEX
-11.9800
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban est arrivé jeudi à Vienne pour une visite entachée par ses récents propos contre "le mélange des races", qui lui ont valu de nombreuses critiques et la démission d'une conseillère.
Le chancelier autrichien Karl Nehammer a prévu de l'interpeller au sujet de ces déclarations, qu'il a jugées "naturellement critiquables".
Avant cette nouvelle controverse, le responsable conservateur s'était réjoui d'accueillir un "important voisin et partenaire".
"Les deux pays sont fortement touchés par la migration illégale, que nous voulons combattre ensemble", avait-il écrit sur Twitter, évoquant aussi le sujet de "la coopération énergétique" pour ces deux pays très dépendants du gaz russe.
Il s'agit de la première visite officielle de Viktor Orban chez un de ses partenaires de l'Union européenne (UE) depuis sa réélection triomphale début avril.
Mais les débats risquent d'être dominés par la virulence du discours tenu samedi par le dirigeant nationaliste hongrois de 59 ans, habitué des coups d'éclat.
"Nous ne voulons pas être une race mixte", qui se mélangerait avec "des non-Européens", a-t-il dit, avant de faire une apparente allusion aux chambres à gaz du régime nazi.
Les survivants de l'Holocauste et la communauté juive hongroise ont condamné les "relents racistes" de tels propos, appelant l'UE - et Karl Nehammer en particulier - à "prendre leur distance".
Fait rare sous l'ère Orban, Zsuzsa Hegedus, une sociologue le conseillant de longue date et dont les parents ont survécu à la Shoah, a remis mardi sa démission. Elle a dénoncé "une position honteuse" et "un pur texte nazi digne de (Joseph) Goebbels", en référence à l'ancien chef de la propagande de l'Allemagne nazie.
Dans une lettre ouverte, M. Orban s'est défendu en brandissant "la politique de tolérance zéro de son gouvernement quand il s'agit d'antisémitisme et de racisme".
La Commission européenne s'est refusée à tout commentaire.
Sans citer Viktor Orban, seul le vice-président Frans Timmermans a réagi mercredi sur Twitter, fustigeant le racisme, "une invention politique toxique" qui "ne devrait pas avoir sa place en Europe".
D'après plusieurs experts interrogés par l'AFP, les commentaires du Premier ministre hongrois n'auront probablement "pas un effet domino que ce soit en Hongrie ou au niveau de l'UE", où se négocie actuellement le déblocage des fonds de relance post-Covid.
"Ses discours ont causé des scandales à maintes reprises dans les médias et les cercles politiques européens", rappelle Bulcsu Hunyadi, du groupe de réflexion Political Capital, interrogé par l'AFP.
M. Orban "est vu comme un cas isolé", ajoute-t-il, pronostiquant "un faible impact" sur les discussions, même si "cela pourrait ralentir le processus".
(A.Berg--BBZ)