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La canicule regagnait du terrain mercredi dans le sud-ouest avec des températures maximales prévues jusqu'à 40 degrés, lors d'un épisode de forte chaleur associée à des incendies massifs dans le Maine-et-Loire, en Gironde et en Averyon, et des canalisations à sec dans certaines villes.
A Villelongue-de-la-Salanque près de Perpignan, Sonia Gara raconte ne pas sortir "aux heures chaudes", et s'hydrater davantage. "Il n’y a pas de vent. Le soir, ça rafraîchit très peu", résume cette professeure des écoles de 41 ans.
Météo-France a alerté mercredi des risques de la canicule pour la santé et a invité toute la population, "même les sujets en bonne santé" à continuer les gestes de précaution: boire, manger "comme d'habitude", ne pas sortir pendant les heures chaudes (11h-21h).
"Le 3e épisode caniculaire de l’été 2022, qui a commencé le 31 juillet au niveau national, et a principalement concerné les régions méditerranéennes ces derniers jours, s’étend à partir de ce milieu de semaine sur le sud-ouest en remontant le long de la façade atlantique", a averti Météo-France dans un bulletin mardi soir.
Au total, 16 départements sont placés en vigilance orange canicule ("Soyez très vigilant"), de la Loire-Atlantique aux Hautes-Pyrénées.
"Cette vague de chaleur se poursuivra jeudi, vendredi et samedi sur le sud et une grande partie ouest du pays, en s'étendant progressivement vers le nord-ouest et vers le nord", a précisé Christine Lac, responsable de permanence pour la prévision à Météo-France.
Ce troisième épisode caniculaire devrait prendre fin dimanche avec une dégradation orageuse dans tout le pays, prévoit Météo-France.
- Sécheresse et incendies -
La canicule a entraîné une forte sécheresse et fait chuter les débits des cours d'eau dans de nombreuses régions, multipliant les mesures de restriction d'eau et inquiétant le monde agricole notamment pour la culture du maïs.
93 départements en France métropolitaine sur 96 font actuellement l'objet de restrictions de l'usage de l'eau à différents degrés.
Depuis mardi, 22 départements sont en "alerte renforcée", qui impose des réductions fortes des arrosages et des prélèvements pour l'agriculture, voire des interdictions de certains prélèvements, et 68 sont "en crise", où même les prélèvements d'eau pour l'agriculture sont interdits.
Dans plus d'une centaine de petites communes en France, les canalisations sont vides et doivent être approvisionnées en eau potable par des camions-citernes.
Dans la ville médiévale de Pernes-Les-Fontaines dans le Vaucluse, les vasques qui font sa renommée sont vides.
"Les restrictions d'eau ont débuté en avril mais on avait jusqu'ici conservé l’autorisation de faire couler de l'eau à débit réduit dans quelques fontaines. Depuis fin juillet, c'est l'arrêt complet, la préfecture nous a placé en situation de crise pour la sécheresse", a explique à l'AFP Guilhem Millet, responsable de l'office de tourisme de cette ville de 9.000 habitants.
La sécheresse a également provoqué des incendies inédits. Mercredi, deux incendies faisait toujours rage dans le Maine-et-Loire, ainsi qu'en Gironde.
Dans la forêt du Maine-et-Loire, entre Angers et Le Mans, 1.200 hectares ont déjà brûlé malgré la présence de 400 sapeurs pompiers.
En Gironde, le théâtre d'un gigantesque incendie en juillet près de Landiras, le feu a repris mardi, entraînant l'évacuation de milliers de personnes. L'incendie a détruit 16 maisons et s'est étendu au département des Landes.
Mardi soir, un incendie en Aveyron n'était toujours pas maîtrisé malgré 600 pompiers mobilisés pour l'arrêter.
Avec déjà plus de 50.000 hectares brûlés depuis le début de l'année, la France a connu dès juillet un record de surfaces incendiées, selon le Système européen d'information sur les feux de forêt (EFFIS), qui tient des statistiques comparables depuis 2006.
- Record de durée -
Juillet 2022 a été le deuxième mois le plus sec jamais enregistré en France, après mars 1961, avec un déficit de précipitations d'environ 84% par rapport aux normales de la période 1991-2020.
L'été 2022 est un record sur le nombre de jours de vagues de chaleurs, et devrait atteindre 34 jours, contre 23 jours sur l'été 1983 ou 22 jours sur l’été 2003.
Mais ce n'est pas un record de sévérité, a commenté Jean-Michel Soubeyroux, climatologue à Météo-France, lors du point presse.
Depuis 1947, 45 vagues de chaleur ont été recensées en France.
Mais "sur les 35 dernières années, elles ont été trois fois plus nombreuses que sur les 35 années précédentes", selon Météo-France, signe du changement climatique.
(P.Werner--BBZ)