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Le Congrès américain devait définitivement adopter vendredi la grande réforme de Joe Biden sur le climat et la santé, et ainsi signer une victoire majeure pour le président américain et ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre.
Les débats sur cette vaste loi, issue de longs mois de négociations avec l'aile droite du parti démocrate, ont commencé dans la matinée à la Chambre des représentants. Le parti présidentiel y étant majoritaire, le texte devrait sauf immense surprise y être adopté plus tard dans la journée.
Le Sénat avait approuvé dimanche ce projet de loi, qui offre aux démocrates un argument important à faire valoir avant les périlleuses élections législatives de novembre, dont l'issue est incertaine.
Salué par la majorité des associations de lutte contre le changement climatique, il comprend 370 milliards de dollars dédiés à l'environnement, et 64 milliards de dollars pour la santé.
Le projet de loi, baptisé "Inflation Reduction Act", entend dans le même temps réduire le déficit public avec un nouvel impôt minimal de 15% pour toutes les sociétés dont le bénéfice dépasse le milliard de dollars.
Le camp républicain accuse pour sa part le texte de générer des dépenses publiques inutiles. L'ancien président Donald Trump a appelé sur son réseau social Truth Social tous les républicains à se prononcer contre.
- Plus grand investissement climatique -
Arrivé au pouvoir avec d'immenses projets de réformes, Joe Biden plaidait à l'origine pour un plan d'investissement plus vaste encore.
Mais les élus démocrates ont peu à peu dû revoir leurs ambitions à la baisse, afin de contenter notamment le sénateur Joe Manchin de Virginie-Occidentale, Etat connu pour ses mines à charbon. Son soutien était indispensable compte tenu de la très fine majorité démocrate au Sénat.
Le texte reste malgré tout le plus grand investissement jamais engagé aux Etats-Unis pour le climat.
Il entend mettre le pays sur la bonne trajectoire pour atteindre ses objectifs climatiques, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre de 40% d'ici à 2030.
Le but fixé par Joe Biden est une réduction d'au moins 50% d'ici cette date, mais d'autres mesures notamment réglementaire pourraient permettre d'en partie combler l'écart, selon des experts.
"Je pense qu'il serait vraiment difficile d'exagérer l'importance de ce projet de loi", a commenté cette semaine Dan Lashof, directeur de l'organisation World Resources Institute aux Etats-Unis.
"En créant de fortes incitations à investir dans l'énergie solaire et éolienne, il va pour ainsi dire assécher le marché pour l'électricité produite à partir du charbon sur la prochaine décennie", a-t-il dit.
Sous cette réforme, un Américain recevra jusqu'à 7.500 dollars en crédits d'impôts pour l'achat d'une voiture électrique. L'installation de panneaux solaires sur son toit sera prise en charge à 30%.
Des investissements sont également prévus pour le développement de techniques de captage de CO2, la résilience des forêts face aux incendies, ou encore la rénovation des logements pour les ménages les plus modestes.
Plusieurs milliards de dollars de crédits d'impôts seront également proposés aux industries les plus polluantes afin de les aider dans leur transition énergétique -- une mesure vivement critiquée par l'aile gauche du parti, qui a malgré tout dû se ranger derrière ce texte.
- Médicaments moins chers -
Le second volet de ce grand plan d'investissements entend en partie corriger les immenses inégalités dans l'accès aux soins aux Etats-Unis, notamment en baissant le prix des médicaments.
Medicare, un système public d'assurance santé destiné entre autres aux plus de 65 ans, pourra pour la première fois négocier directement les prix de certains médicaments avec les laboratoires pharmaceutiques, et ainsi obtenir des tarifs plus concurrentiels.
Les séniors seront par ailleurs garantis de ne pas avoir à débourser plus 2.000 dollars par an pour leurs médicaments, à partir de 2025.
Le projet de loi prévoit aussi de prolonger des protections de l'"Affordable Care Act", l'emblématique assurance santé plus connue sous le nom d'"Obamacare", qui contenait des mesures facilitant l'accès à l'assurance santé via des subventions aidant les familles à payer leur couverture médicale.
Cette loi est "historique" et permet de "combattre la crise climatique" et de "faire enfin payer aux riches leur juste part", a déclaré vendredi la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.
Le président américain, à la cote de popularité anémique et qui a désespérément besoin d'un succès politique, devra encore parapher le texte après son adoption par la Chambre.
(F.Schuster--BBZ)