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La Bourse de New York a ouvert en baisse lundi, le marché craignant désormais d'avoir été trop optimiste quant à la politique monétaire de la banque centrale américaine (Fed) et ayant déjà les yeux braqués sur l'intervention de son président, Jerome Powell, vendredi.
Vers 14H10 GMT, le Dow Jones lâchait 1,28%, l'indice Nasdaq, 1,89%, et l'indice élargi S&P 500, 1,56%.
Pour Jack Ablin, de Cresset Capital, "l'enthousiasme des marchés (entre mi-juin et mi-août) a probablement dépassé la réalité. Et maintenant, on revient un peu en arrière".
Pour la première fois depuis plusieurs semaines, les opérateurs croient davantage à une hausse de 0,75 point de pourcentage lors de la prochaine réunion du Comité de politique monétaire de la Fed, fin septembre, plutôt qu'à un demi-point, qui était le scénario central récemment.
Le regain de tension sur la place new-yorkaise se voyait aussi dans l'indice VIX, qui mesure la volatilité du marché et bondissait lundi de plus de 12%, au plus haut depuis quasiment trois semaines.
"Les investisseurs s'inquiètent du symposium de Jackson Hole et craignent d'entendre une Fed plus offensive", explique Jack Ablin, une perspective défavorable aux marchés actions.
A l'occasion de cette rencontre annuelle de banquiers centraux et économistes, qui se tient de jeudi à samedi dans le Wyoming, le président de la Fed, Jerome Powell, doit s'exprimer à 14H00 GMT vendredi.
"Il y a de la nervosité, car on s'attend à ce qu'il fasse en sorte de contredire l'idée que la Fed est à son pic" en matière de durcissement monétaire, "pour redire sa détermination à augmenter les taux de façon agressive pour calmer l'inflation", selon Patrick O'Hare, de Briefing.com.
Ce sentiment se répercutait aussi sur le marché obligataire, où le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans a frôlé 3%, un seuil qu'il n'a plus dépassé depuis un mois.
Autre indicateur de cette crispation généralisée, le dollar, valeur refuge, avait le vent en poupe, au point de repasser brièvement au-dessus d'un euro.
"On assiste à une réduction des excès spéculatifs qui avaient alimenté le courant de hausse cet été", a souligné Patrick O'Hare.
En première ligne, les "meme stocks", ces actions dopées par les petits porteurs, souvent sans lien avec la santé financière ou les perspectives de l'entreprise, tels GameStop (-5,10%), Bed Bath & Beyond (-6,53%), et surtout la chaîne de cinémas AMC (-33,16%).
Cette dernière pâtissait également de l'attribution de titres nouveaux à ses actionnaires existants, comme dividende, ce qui diluait mécaniquement le nombre d'actions et la valeur du titre, ainsi que de l'annonce de son concurrent Cineworld, qui envisage un dépôt de bilan.
Sans surprise, cet accès de sobriété touchait aussi les valeurs technologiques et de croissance. Pas un des poids lourds technologiques de la cote n'était épargné, d'Amazon (-3,29%) à Microsoft (-2,18%).
Les rares groupes à surnager étaient des valeurs défensives, donc moins sensibles à la conjoncture, comme PepsiCo (-0,09%) ou Procter & Gamble (-0,05%), tous deux proches de l'équilibre.
"L'impression générale est que les investisseurs sont attentistes plutôt que de soutenir le marché comme ils l'ont fait durant tout l'été", selon Patrick O'Hare.
La saison des résultats touche à sa fin, mais sont encore attendus, cette semaine, Nvidia et Salesforce, mercredi.
Ford reculait nettement (-5,60% à 14,99 dollars), après avoir été condamné, vendredi, par un tribunal de Géorgie à verser 1,7 milliard de dollars de dommages et intérêts. Le jury a estimé qu'un défaut de fabrication d'un de ses pickups avait joué un rôle dans le décès de deux automobilistes, en 2014.
La journée était pauvre en indicateurs macroéconomiques avec, au programme, le seul indice d'activité de l'antenne de Chicago de la Fed, qui est repassé en positif en juillet après deux mois dans le rouge, nouvelle illustration d'une activité économique américaine qui reste vigoureuse.
(L.Kaufmann--BBZ)