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Le demandeur d'asile nigérian Lawrence O. se résigne à passer une nouvelle nuit dehors, devant l'entrée du centre surpeuplé d'accueil de réfugiés de Ter Apel, dans le nord des Pays-Bas, où selon MSF et la Croix Rouge la situation humanitaire ne fait qu'empirer.
Lawrence O., programmeur informatique, est arrivé il y a treize jours aux Pays-Bas en train, après un périple de plusieurs années en provenance de sa région natale dans le sud-est du Nigéria en passant par l'Italie.
A son arrivée au centre de demandeurs d'asile, Lawrence espérait des formalités rapides et peut-être un toit pour dormir, en attendant la décision des autorités néerlandaises.
Il s'est retrouvé avec plus d'autres 700 migrants qui dorment devant les portes du centre, beaucoup d'entre eux depuis plus de deux semaines.
"J'attends toujours d'être enregistré", confie à l'AFP ce père de deux enfants. "Les conditions sont terribles ici. Ce n'est pas ce que j'attendais, du moins dans un pays civilisé comme les Pays-Bas", ajoute-t-il.
La Croix Rouge et la branche néerlandaise de Médecins Sans Frontières (MSF) ont mis en garde vendredi contre l'aggravation de la situation humanitaire au centre de Ter Apel, situé non loin de la ville de Groningen dans le nord des Pays-Bas.
"Si vous regardez autour de vous, nous avons des centaines de personnes qui vivent ici ... dehors, dans des conditions lamentables", s'indigne Monique Nagelkerke, coordinatrice travaillant avec MSF.
"Il n'y a toujours pas de sanitaires décents et il y a toutes sortes de problèmes médicaux", explique-t-elle à l'AFP.
Jeudi, MSF s'est déployée dans le centre de Ter Apel, une première pour l’organisation qui fournit habituellement une aide médicale dans les zones de guerre.
Les médecins de MSF ont mis en place vendredi matin un "hôpital sur roues" où ont été accueillis de nombreux patients. Ces derniers présentent des pathologies "qu'on s'attend à voir chez des personnes qui ont passé beaucoup de temps sur les routes", selon Mme Nagelkerke.
De nombreux réfugiés ont "des maladies dermatologiques à cause d'une mauvaise hygiène, des problèmes de pieds parce qu'ils ont parcouru un long chemin et de nombreuses maladies chroniques comme le diabète et les maladies cardiaques", énumère-t-elle.
La situation risque de s'aggraver, ont prévenu MSF et la Croix Rouge.
"La situation se détériore", a déclaré un responsable de la Croix Rouge à l'AFP.
"Les gens, qui doivent dormir par terre, ont froid la nuit. Qu'arrivera-t-il quand la météo va changer" à la fin de l'été?, s'inquiète ce responsable.
Les correspondants de l'AFP ont vu des centaines d'hommes sous des tentes de fortune, à proximité de toilettes sales et de bouteilles en plastique vides abandonnées par ceux qui s'en sont servi pour se laver.
Des demandeurs d'asile turcs disant avoir dormi devant l'entrée du centre depuis onze jours.
"Nous ne sommes pas des criminels. Je me demande si nous ne serions pas mieux traités si nous étions une bande de chiens", s'exclame d'un deux, âgé de 37 ans qui ne souhaite pas être identifié.
- Mort d'un bébé -
La situation à Ter Apel a suscité l'alarme mercredi après la mort d'un bébé de trois mois pour des causes non identifiées dans une salle de sports située à l'intérieur du centre. Les autorités ont ouvert une enquête.
L'Agence néerlandaise pour les réfugiés (COA) a affirmé que la crise actuelle des demandeurs d'asile était due à un manque de personnel après que le gouvernement a réduit ses capacités d'accueil pour les réfugiés dont le nombre avait baissé pendant la pandémie de coronavirus.
Les Pays-Bas font également face à une pénurie de logements, quelque 16.000 demandeurs d'asile dont les formalités ont abouti n'en ayant pas trouvé, a souligné le porte-parole de la COA Leon Veldt.
"Pour résumer, il y a n'y a pas assez de centres d'accueil et pas assez de possibilités d'accéder à un logement", a-t-il ajouté dans un mail à l'AFP.
Des projets pour loger ailleurs des demandeurs d'asile ont échoué.
Les habitants de la petite ville d’Albergen (est) protestent ainsi depuis des jours contre les plans de l’Agence néerlandaise pour les réfugiés de loger jusqu’à 300 demandeurs d’asile dans un hôtel.
(K.Lüdke--BBZ)