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Le magnat franco-israélien Beny Steinmetz vise à être innocenté lors de son procès en appel qui a débuté lundi à Genève après sa condamnation pour corruption dans un dossier de droits miniers en Guinée.
Flanqué de deux nouveaux défenseurs, Beny Steinmetz -sourire et col de chemise ouvert- s'est présenté libre lundi matin pour contester sa condamnation en janvier 2021 par le tribunal correctionnel de Genève.
Il avait écopé de cinq ans de prison et 50 millions de francs suisses (52 millions d'euros) de dédommagement pour "corruption d'agents publics" en Guinée.
Depuis, M. Steinmetz, 66 ans, qui a clamé son innocence pendant tout le premier procès, a remanié son équipe juridique.
"Nous attendons que le tribunal reconnaisse que Beny Steinmetz n'a corrompu personne", a déclaré à l'AFP son avocat Me Daniel Kinzer, avant le début du procès.
D'entrée de jeu l'avocat a dressé une longue liste de faux pas, d'erreurs et de malentendus, qui minent à ses yeux les arguments de l'accusation.
Le procès en première instance était l'aboutissement d'une longue enquête internationale ouverte en 2013 portant sur des permis miniers octroyés en Guinée au Beny Steinmetz Group Resources (BSGR), dans lequel M. Steinmetz avait le titre de conseiller.
Selon l'équipe de M. Steinmetz, BSGR a obtenu en toute légalité les droits miniers et s'est efforcé, dans des circonstances difficiles et complexes, de mettre en place une opération minière qui aurait pu bénéficier aux intérêts nationaux de la Guinée.
Le parquet genevois l'accuse en revanche d'avoir mis en place un montage financier via des sociétés-écrans afin de verser environ 10 millions de dollars de pots-de-vin à la quatrième épouse de l'ancien président guinéen Lansana Conté (décédé en 2008), Mamadie Touré, afin que BSGR obtienne des droits miniers en Guinée.
BSGR a obtenu en 2008, peu avant la mort de Lansana Conté, le droit d'explorer les blocs 1 et 2 de l'un des plus importants gisements de fer au monde à Simandou, où il a investi 170 millions de dollars.
BSGR a revendu 51% de ses parts au groupe brésilien Vale, pour 2,5 milliards de dollars, en 2010.
- "Pacte de corruption" -
Selon le parquet genevois, Beny Steinmetz aurait promis dès 2005, puis versé ou fait verser de 2006 à 2012, des pots-de-vin --dont certains auraient transité par des comptes suisses-- à Mamadie Touré afin que BSGR supplante le groupe anglo-australien Rio Tinto dans les blocs 1 et 2 de la mine.
Elu en 2010, le président Alpha Condé a remis à plat tous les permis miniers accordés par son prédécesseur, annulant notamment en 2014 les droits de BSGR.
D'après le parquet genevois, il y a eu un "pacte de corruption" entre M. Steinmetz, ses représentants en Guinée, l'ancien président Conté et Mamadie Touré.
Mme Touré a affirmé avoir reçu des versements et est depuis protégée par la justice américaine. Elle ne s'est pas présentée au procès en 2021, comme le réclamait la défense et lundi, Me Kinzer s'est insurgé sur le fait que l'accusation repose autant sur le témoignage de Mme Touré qu'il n'a jamais pu interroger. Il a demandé que ce témoignage soit invalidé dans son intégralité.
Beny Steinmetz, qui résidait à Genève lorsque les faits qui lui sont reprochés se sont déroulés, a assuré n'avoir "jamais" demandé à quiconque de verser des fonds à Mme Touré.
Dans un document transmis à l'AFP, l'équipe de M. Steinmetz assure que BSGR a obtenu les droits miniers en Guinée en toute légalité et que le groupe Rio Tinto a perdu ses droits miniers à Simandou car il n'exploitait pas le site.
"Les droits miniers ont été retirés à un concurrent parce qu'il les thésaurisait, puis attribués à BSGR sur la base d'un dossier commercial solide et convaincant, sans qu'il soit nécessaire de corrompre un agent public", a indiqué Me Kinzer.
Son client, qui vit en Israël, a obtenu un "sauf-conduit" pour se rendre à son procès en appel, un document l'assurant de pouvoir quitter librement la Suisse à l'issue de l'audience.
Le verdict sera connu à une date ultérieure.
(O.Joost--BBZ)