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Avec des stocks de gaz remplis à 92%, le redémarrage prévu des centrales nucléaires "cet hiver", et une bonne dose de chasse au gaspillage, le gouvernement français espère éviter les coupures contraintes cet hiver, tout en faisant appel à la "solidarité européenne", notamment à des échanges de gaz et d'électricité avec l'Espagne et l'Allemagne.
A l'issue d'un Conseil de défense sous la présidence d'Emmanuel Macron pour faire le point sur l'approvisionnement en gaz et en électricité et examiner les scénarios afin d'éviter les pénuries, Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transitition énergétique, a déclaré vendredi que la France pourrait "éviter des mesures contraignantes" grâce "à la sobriété et la solidarité européenne".
Le Conseil de défense a rassemblé les ministres compétents sur le dossier énergétique, à l'heure du tarissement des flux de gaz russe, et d'une forte indisponibilité du parc nucléaire français.
Les flux de gaz en provenance de Russie se sont taris et les Européens se préparent à un possible arrêt total, en rétorsion aux sanctions prises contre Moscou depuis l'invasion de l'Ukraine le 24 février. Le géant Gazprom a ainsi annoncé cette semaine la fin de ses livraisons à Engie.
"Le Conseil a plus particulièrement examiné les relations avec l'Allemagne et l'Espagne, parce que vous savez que nous avons avec ces deux pays d'importants échanges de gaz et d'électricité, et nous avons conclu que cette solidarité réciproque devra être renforcée dès cet hiver", a indiqué Mme Pannier-Runacher.
Les ministres de l'énergie de l'UE se retrouveront le 9 septembre pour discuter de la situation lors d'une réunion extraordinaire. La Commission européenne propose de plafonner une partie des prix de gros de l'électricité, d'adopter des tarifs réglementés pour les plus fragiles et de renforcer les mesures incitatives pour réduire la consommation, selon un projet consulté vendredi par l'AFP.
- Particularité française -
En France, "sur l'électricité, 32 réacteurs sont à l'arrêt, dont certains pour corrosion sous contrainte et d'autres pour les maintenances habituelles. EDF s'est engagé à redémarrer tous les réacteurs cet hiver", a affirmé la ministre.
"Nous suivons la situation au plus près avec des points hebdomadaires et nous sommes particulièrement vigilants à ce que ce calendrier soit tenu", a-t-elle insisté.
Ayant débuté vers 10H00 à l'Elysée, ce Conseil rassemblait les ministres chargés du dossier, comme la Première ministre Elisabeth Borne, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, le ministre des Comptes publics Gabriel Attal et les ministres chargés de la Transition écologique et énergétique Christophe Béchu et Agnès Pannier-Runacher, ainsi que des experts.
La ministre a indiqué que les gestionnaires de réseaux électrique et gazier annonceraient "mi-septembre" les scénarios envisagés en fonction des températures envisagées, et de l'évolution des livraisons de gaz russe notamment.
Les stocks français de gaz sont remplis à 92%, a précisé la dirigeante, se disant très confiante pour atteindre l'objectif de 100% au début de l'hiver.
- Critiques de l'opposition -
Initialement réservé aux sujets de défense et de sécurité, les conseils de défense ont été utilisés à de nombreuses reprises par Emmanuel Macron pour gérer la crise du Covid-19, provoquant des critiques des oppositions politiques sur l'exercice solitaire du pouvoir.
Le député LFI Alexis Corbière a dénoncé sur LCI un "système un peu opaque" actant "l'ultra-présidentialisme" d'Emmanuel Macron qui "décide de tout" et "se met en scène".
"Ce n'est pas satisfaisant", a réagi le député RN Sébastien Chenu sur France 2, pour lequel "le président Macron cherche à masquer" sa "totale imprévoyance" en "réunissant un Conseil de défense en dehors du jeu démocratique dans les sous-sols de l'Élysée".
Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a déclaré ne "pas attendre grand chose" du Conseil de défense mais a appelé le gouvernement à réactiver les dispositifs de chômage partiel notamment et à cibler les mesures de soutien sur les plus modestes.
Le coût du "bouclier tarifaire" sur les prix de l'énergie se chiffre à 24 milliards d'euros depuis son déploiement à l'automne 2021 pour amortir le choc de l'inflation, a indiqué jeudi soir le ministère de l'Economie et des Finances.
(H.Schneide--BBZ)