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Plusieurs frappes russes ont touché dans la nuit de mardi à mercredi un site ferroviaire à Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine dans le Nord-Est du pays, laissant plus de 18.000 habitants sans électricité, sans pour autant faire de victimes.
Selon le gouverneur de la région, Oleg Sinegoubov, l'armée russe a tiré sur Kharkiv des S-300, missiles d'ordinaire réservés pour la défense antiaérienne mais que Moscou utilise aussi parfois pour viser des infrastructures ukrainiennes.
Les services de secours régionaux ont, de leur côté, indiqué que les frappes ont détruit un transformateur électrique et touché un entrepôt dans cette ville qui comptait quelque 1,4 million d'habitants avant la guerre et que les forces russes n'ont jamais réussi à prendre.
Une équipe de l'AFP, présente à Kharkiv, a pu entendre les explosions.
Située à proximité de la frontière russe, cette ville est régulièrement visée par les forces russes qui ont cependant perdu des milliers de kilomètres carrés dans la région, à la faveur d'une contre-offensive de l'armée ukrainienne qui a repoussé les troupes de Moscou au-delà de la rivière Oskil.
Ces succès ukrainiens ont incité le président russe Vladimir Poutine à décréter une mobilisation "partielle" des réservistes.
A la suite des frappes russes, qui n'ont fait aucune victime, 18.500 habitants de trois quartiers de Kharkiv étaient plongés dans le noir mardi soir, sans électricité. Le courant n'était toujours pas rétabli mercredi matin.
Dans la matinée, des journalistes de l'AFP ont vu sur le site des pompiers éteindre un feu provoqué par au moins deux missiles qui ont démoli un bâtiment, touché des rails et détruit deux wagons qui se trouvaient là.
"Cela n'a aucun sens" de viser ces rails. "Il n'y a aucune infrastructure militaire ici", déplore Mikhaïl, un soudeur âgé de 34 ans.
- "Ça fait peur" -
Les frappes sur ce site ferroviaire interviennent une semaine après un bombardement similaire dans la région qui avait touché au passage des immeubles d'habitation.
Selon la présidence ukrainienne, six civils ukrainiens ont été blessés dans des bombardements russes durant la journée de mardi dans la région de Kharkiv.
"Ça fait peur d'être ici", admet Antonina Moussiyenko, une ingénieure âgée de 42 ans, alors que des employés s'affairent derrière elle pour déblayer les débris.
"Les sirènes d'alarme anti-bombardement sonnent constamment. Tu attends mais tu ne sais jamais où ça va tomber", dit-elle, réveillée ce matin dans le noir à cause de la coupure de courant.
Si les gains de la contre-offensive ukrainienne de septembre protègent Kharkiv de tout assaut russe, la ville reste toujours à portée de l'artillerie russe.
Dans cette région russophone, on affirme toutefois haut et fort que les votes d'annexion, organisés par Moscou dans quatre régions d'Ukraine et largement condamnés par Kiev et ses alliés, ne changeront rien à la détermination ukrainienne.
"Ces votes ne sont pas légitimes. On croit en nos forces, on croit dans les forces armées ukrainiennes. Au final, la victoire sera à nous", martèle Denis Kotchkov, un cheminot âgé de 30 ans.
"Nous sommes une population russophone, et on a obtenu quoi? A-t-on obtenu la paix, la fraternité? Non, vous voyez ce qu'on a obtenu", lance sa collègue Irina Maïor, 51 ans, pointant une montagne de débris.
(T.Burkhard--BBZ)