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Le président russe Vladimir Poutine a signé vendredi l'annexion de quatre territoires ukrainiens lors d'une cérémonie au Kremlin, suscitant un concert de condamnations internationales et la bravade de Kiev, qui a promis de continuer à libérer ses terres.
Le même jour, une frappe de missiles particulièrement meurtrière a fait au moins 25 morts parmi des civils dans une zone sous contrôle ukrainien près de Zaporijjia (sud).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a balayé les cérémonies de Moscou, déclarant que Kiev désormais ne négocierait pas avec la Russie tant que M. Poutine sera président, et annonçant demander une "adhésion accélérée" à l'Otan.
Pour son discours très attendu, le dirigeant russe est arrivé légèrement en retard dans la salle Saint-George du Kremlin, devant les membres du gouvernement, les députés, sénateurs et autres membres de l'élite politique russe, ainsi que des représentants religieux.
Le président russe et ses quatre invités ont ensuite joint leurs mains avant de scander "Russie!" à l'unisson avec la salle.
Dans son discours, M. Poutine a appelé Kiev à "cesser immédiatement les tirs, toutes les hostilités et à revenir à la table des négociations", malgré les récents revers infligés à l'armée russe par les forces ukrainiennes, auxquels s'ajoute depuis vendredi l'encerclement partiel de la ville stratégique de Lyman (est).
"L'Ukraine ne négociera pas avec la Russie tant que Poutine est le président de la Fédération de Russie. Nous négocierons avec le nouveau président", lui a rétorqué dans une vidéo Volodymyr Zelensky, tout en annonçant qu'il allait "signer la candidature de l'Ukraine en vue d'une adhésion accélérée à l'Otan".
Son ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a promis de "libérer nos terres et nos populations". "Rien n'a changé pour l'Ukraine", a-t-il dit.
L'Américain Joe Biden a promis d'"appuyer les efforts de l'Ukraine pour regagner le contrôle de son territoire", alors que les Etats-Unis fournissent Kiev en armes et munitions en dépit des protestation russes et de la menace de M. Poutine de recourir à l'arme nucléaire.
- Condamnations et sanctions -
Les dirigeants des pays de l'UE ont publié vendredi une déclaration "rejetant" et "condamnant" cette "annexion illégale", accusant Moscou de mettre "la sécurité mondiale en danger".
L'Otan a dénoncé une annexion "illégitime".
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit voter vendredi sur une résolution condamnant ces "référendums".
M. Poutine a lui longuement dénoncé l'Occident, qu'il a accusé de vouloir à tout prix préserver un "système néocolonial qui lui permet de parasiter et, en réalité, de piller le monde entier". "Ils veulent nous voir comme une colonie", a-t-il encore affirmé.
Ces annexions interviennent après sept mois d'offensive russe en Ukraine et des "référendums" organisés en urgence dans les régions occupées, qui ont été dénoncés comme des "simulacres" par Kiev et ses alliés.
Signe de cette précipitation et d'une certaine désorganisation, le porte-parole du Kremlin a annoncé devoir "clarifier" si la Russie annexait la totalité des régions ukrainiennes de Kherson et de Zaporijjia ou uniquement les parties qu'elle occupe effectivement.
Il a précisé que M. Poutine ne prévoyait pas "pour l'heure" de visiter les régions nouvellement annexées.
Balayant les critiques, M. Poutine a assuré qu'il "n'aspirait pas" à restaurer l'URSS tout en lançant: "Les habitants de Lougansk et Donetsk, Kherson et Zaporijjia deviennent nos citoyens pour toujours".
Il a également signé un décret facilitant l'accès à la nationalité russe pour les étrangers s'engageant dans l'armée.
- Frappe meurtrière, ville encerclée -
Dans les rues de Moscou, où se prépare notamment un concert à l'ombre des murs du Kremlin, lors duquel M. Poutine pourrait faire une apparition, une foule de milliers de personnes s'est dirigée vers l'emblématique place Rouge, drapeaux russes en mains, selon des journalistes de l'AFP.
Ildar Babaïev, 38 ans, trouve "formidable" les annexions. "Cela aurait dû être fait il y a longtemps, il y a huit ans, en fait", lors du premier conflit entre Kiev et les séparatistes prorusses, dit-il.
En Ukraine, à Sloviansk, dans l'Est, Valentina Glouchtchenko, 52 ans, assure elle ne pas tenir compte des "aboiements de Poutine". "On aura la victoire", veut-elle croire.
Dans une zone restée sous contrôle ukrainien de la région de Zaporijjia, l'un des quatre territoires annexés par Moscou, 25 personnes ont été tuées dans une frappe particulièrement meurtrière, dont l'Ukraine accuse la Russie. Un responsable prorusse en a en retour accusé les forces ukrainiennes.
Viktor, 56 ans, n'a dû son salut qu'à une envie de café, et à un réflexe de survie. "La serveuse venait de me le tendre. Et là +bang+. Elle a eu peur et elle est sortie du café. Quelques minutes plus tard, il y a eu une autre explosion. Maintenant, elle est au sol", morte, raconte-t-il.
Les journalistes de l'AFP ont vu une quinzaine de voitures aux vitres soufflées et au moins trois cadavres de femmes au sol. Les gens attendaient ici la permission pour retourner dans les territoires sous contrôle russe.
Sur le front, les forces de Moscou étaient en difficulté à Lyman, important noeud ferroviaire dans l'Est qui est "partiellement encerclé" par les troupes ukrainiennes, selon le responsable séparatiste prorusse Denis Pouchiline.
(L.Kaufmann--BBZ)