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Empêtré dans la tourmente créée par son "mini-budget", le gouvernement britannique a fait marche arrière lundi matin en revenant sur une baisse d'impôts pour les plus riches qui avait suscité des critiques jusqu'au sein de la majorité.
"Nous comprenons, nous avons écouté", a déclaré le ministre des Finances Kwasi Kwarteng, une formule reprise mot pour mot, sur Twitter, quelques instants plus tard par la Première ministre Liz Truss.
"Il est clair que la suppression du taux d'imposition à 45%" pour les contribuables dont les revenus excèdent 150.000 livres sterling (171.000 euros) par an "a éclipsé notre mission de nous attaquer aux difficultés dans notre pays. Par conséquent, j'annonce que nous n'allons pas la poursuivre", a-t-il annoncé.
La suppression de cette tranche "était devenue une distraction", a écrit Liz Truss sur Twitter, rappelant sa priorité de "construire une économie à croissance élevée, qui finance des services publics de premier plan, augmente les salaires et crée des opportunités dans tout le pays".
La livre réagissait peu à l'annonce du retrait de la mesure: elle était en légère hausse de 0,3% à 1,1206 dollar vers 07H30 GMT.
En agissant ainsi, le gouvernement de Liz Truss, en place depuis à peine un mois, s'efforce de sauver le paquet de mesures présenté le 23 septembre en expurgeant sa mesure la plus controversée.
- "Mauvaises valeurs" -
C'est sur la suppression de ce taux d'imposition que nombre de critiques dans les rangs des conservateurs se concentraient, au point de faire craindre une rébellion lors du vote du texte au Parlement.
Poids lourd de la majorité, l'ex-ministre Michael Gove a jugé dimanche sur la BBC qu'"avoir pour principale mesure fiscale la réduction de l'impôt pour les plus riches, c'est mettre en avant de mauvaises valeurs".
Sur le plateau de la BBC lundi matin, Kwasi Kwarteng a indiqué qu'il excluait de démissionner et a refusé de reconnaître une erreur : cette baisse d'impôts pour les plus riches "était une énorme distraction" qui éclipsait "un ensemble solide de mesures", a-t-il martelé.
Sur la BBC dimanche, Liz Truss avait attribué à son seul ministre des Finances la paternité de cette mesure, suscitant des réactions étonnées.
"L'un des défauts de Boris Johnson était qu'il pouvait parfois être trop loyal et il l'a compris", avait tweeté l'ex-ministre de la Culture Nadine Dorries, d'une fidélité inébranlable envers l'ancien Premier ministre. "Cependant, il y a un équilibre à trouver et jeter son chancelier sous un bus le premier jour du congrès n'en est pas un", avait-elle observé dimanche.
Au deuxième jour du congrès des conservateurs à Birmingham lundi, Kwasi Kwarteng devait défendre son "mini-budget" et ses baisses d'impôts massives.
- "Garder le cap" -
Défendu par la Première ministre Liz Truss, qui a néanmoins reconnu que le gouvernement aurait dû "mieux préparer le terrain", le plan présenté le 23 septembre par Kwasi Kwarteng a entraîné la chute de la livre à son plus bas historique. Les taux d'emprunt de l'Etat britannique ont bondi à leur plus haut depuis la crise de 2009, menaçant la stabilité financière du pays.
La Banque d'Angleterre est intervenue en urgence la semaine dernière pour stabiliser les taux, qui menaçaient de faire tomber en faillite des fonds de pension. Les taux d'emprunt de l'Etat à 30 ans continuaient lundi leur repli amorcé depuis cette intervention.
Visant à faire face à la crise du coût de la vie, ce "mini-budget" prévoit gel des factures d'énergie et baisses d'impôts massives, avec pour but affiché de stimuler la croissance.
"Nous devons garder le cap", estime, selon des extraits de son discours diffusés dimanche soir, le ministre des Finances, affichant sa confiance que le projet du gouvernement est "le bon". Invoquant factures d'énergie qui explosent, pression fiscale au plus haut "depuis 70 ans", Kwasi Kwarteng estime qu'une "nouvelle approche" était nécessaire, "basée sur la croissance".
Au pouvoir depuis à peine un mois, Liz Truss voit s'accumuler les sondages désastreux à deux ans des prochaines élections générales: une récente étude YouGov donne 33 points d'avance à l'opposition travailliste et selon une autre, un Britannique sur deux (51%) souhaite qu'elle démissionne.
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dimanche à Birmingham au cri de "Tories out", ou "dites-le haut et fort, les Tories ne sont pas les bienvenus ici".
A la tribune, l'influent syndicaliste du rail Mick Lynch a qualifié la situation actuelle de "lutte des classes", appelant la classe ouvrière à "changer le pays" et "changer la société".
(Y.Berger--BBZ)