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Une pratique "systémique" d'agressions sexuelles et autres abus dans le football féminin, dont ont été victimes plusieurs joueuses, dont certaines de l'équipe nationale, est mise en lumière dans une enquête indépendante accablante pour les instances dirigeantes, qui ont promis des mesures.
Cette enquête menée par l'ancienne procureure générale des États-Unis, Sally Yates, et le cabinet d'avocats King & Spalding a établi "des commentaires à connotation sexuelle, des avances, des attouchements non désirés et des rapports sexuels forcés" au sein de la Ligue nord-américaine (NWSL) et même au-delà, dans des structures dédiées aux jeunes joueuses.
Ces comportements "sont devenus systémiques, englobant de multiples équipes, entraîneurs et victimes", a écrit Yates dans ce rapport, précisant que "ces abus au sein de la NWSL sont en fait enracinés dans une culture plus profonde du football féminin".
Dans une première réaction, la Ligue nord-américaine s'est engagée à mener des réformes "systémiques", et dit "continuer à admirer le courage" des joueuses ayant évoqué les abus et agressions vécus.
Qualifiant les conclusions de l'enquête de "déchirantes et profondément troublantes", la présidente de la Fédération (USSF) Cindy Parlow Cone a également assuré que son instance s'engagerait "pleinement à faire tout ce qui est en son pouvoir pour garantir que toutes les joueuses -à tous les niveaux- disposent d'un lieu sûr et respectueux pour apprendre, grandir et être compétitives".
L'enquête avait été diligentée il y a un an par Mme Parlow Cone dans le sillage d'accusations d'agressions sexuelles portées par deux joueuses à l'endroit de l'entraîneur anglais Paul Riley, alors licencié par le North Carolina Courage.
Un autre coach, Richie Burke, qui dirigeait le Washington Spirit, avait aussi été limogé après une enquête pour agressions verbales et harcèlement moral.
Le rapport de 172 pages comprend des entretiens avec plus de 200 joueuses de la NWSL et décrit en détail les abus commis par d'autres entraîneurs, la manipulation, les brimades et les représailles exercées à l'encontre de joueuses.
- Chez les jeunes aussi -
Il a établi que Rory Dames, qui entraînait les Chicago Red Stars, jusqu'à sa démission en novembre 2021, était coupable d'obscénités et d'agressions verbales. Un cadre de travail sexualisé lui a permis d'avoir plusieurs relations sexuelles inappropriées avec des joueuses, selon la même source.
Christy Holly a lui été entraîneur du Sky Blue à Harrison (New Jersey) pendant une demi-saison en 2016, avant de démissionner après avoir fait l'objet d'une plainte pour relation non consentie et abus verbaux. Ce qui ne l'a pas empêché d'être embauché l'année dernière par le Racing Louisville, qui l'a à son tour limogé pour des attouchements sur une joueuse.
S'agissant des violences verbales décrites au sein de la Ligue, "elles ne se résument pas +à la dureté+ d'un entraînement", a encore précisé Yates. "Ces joueuses ne sont pas timides, fragiles. Elles sont parmi les meilleures du monde, certaines jouent avec l'équipe des États-Unis."
L'enquête a également établi que "les abus dépassent le cadre de la NWSL et semblent enracinés dans les structures de jeunes, où s'est installée une culture de la tolérance face aux violences verbales". "Nous avons été confrontés à de multiples rapports d'abus sexuels de jeunes joueuses", est-il ajouté.
- Passivité collective -
Au moment de l'affaire Paul Riley, deux des stars de la "Team USA", Megan Rapinoe et Alex Morgan, championnes olympique en 2012 et du monde en 2015 et 2019, s'étaient empressées de dénoncer l'inaction des instances dirigeantes du foot féminin américain.
L'enquête leur donne raison, en concluant que les clubs, les responsables de la Ligue et de la Fédération "n'ont pas réagi de manière appropriée à plusieurs reprises, lorsqu'ils ont été confrontés à des plaintes émises par les joueuses, preuves à l'appui". Et "ils n'ont pas mis en place des mesures nécessaires pour prévenir et traiter ces abus, même si certains dirigeants ont reconnu en privé la nécessité" d'agir.
"Ceux qui, à la NWSL et à l'USSF, étaient en mesure de rectifier le tir sont restés silencieux, accablent les enquêteurs. Et personne au sein des clubs, de la ligue ou de la fédération n'a exigé mieux des entraîneurs."
"Il est maintenant temps que les instances qui ont laissé tomber les joueuses par le passé les écoutent et mettent en œuvre la réforme significative qu'elles méritent", exhorte le rapport.
Parmi les premières initiatives prises par l'USSF figure l'embauche à plein temps d'un coordinateur du SafeSport, une organisation indépendante spécialement mandatée pour s'attaquer au problème des violences --verbale, physique, psychologique et sexuelle-- dans le sport. Elles comprennent aussi la création d'une cellule de rapport d'incidents et de gestion de cas en ligne, ainsi que la mise en place de vérification d'antécédents des entraîneurs, arbitres et autres employés.
(G.Gruner--BBZ)