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Une partie des milliers d'opposants au pass vaccinal, dont les convois se dirigeaient vers Paris, a réussi samedi à atteindre les Champs-Élysées, déclenchant rapidement l'intervention des forces de l'ordre pour les disperser, et s'est mêlée aux manifestations anti-pass autorisées.
Rassemblement hétéroclite d'opposants au président Emmanuel Macron, au pass vaccinal et de "gilets jaunes", ceux qui se font appeler "convois de la liberté" se sont constitués sur le modèle de la mobilisation qui paralyse actuellement la capitale canadienne Ottawa.
Voitures, camping-cars et camionnettes sont partis de Nice, Lille, Strasbourg, Vimy (Pas-de-Calais) ou Châteaubourg (Ille-et-Vilaine), circulant pendant deux ou trois jours à vitesse réduite sur des routes secondaires pour rejoindre la capitale.
Parmi les consignes disparates qui circulaient dans le mouvement: un appel au rassemblement sur les Champs-Elysées.
La situation s'est ensuite tendue: la place de l'Arc-de-Triomphe puis l'avenue de Champs-Élysées ont progressivement été évacuées par les forces de l'ordre à coups de gaz lacrymogènes.
"On était depuis hier 17H00 sur Paris, tel un cheval de Troie. On était invisibles, on voulait se fondre dans la masse. Moi je suis +gilet jaune+ mais y a beaucoup de primos manifestants", a déclaré à l'AFP Laure 57 ans monitrice d'auto école en Seine-et-Marne "contre le pass vaccinal", en fuyant les lacrymogènes.
Comme beaucoup de manifestants, elle a refusé de donner son nom.
- Pouvoir d'achat -
D'autres personnes venues avec les convois anti-pass et affirmant défendre "la liberté" mais aussi le pouvoir d'achat, ont également rejoints les traditionnelles manifestations pour protester contre le pass vaccinal autorisées samedi à Paris.
A la mi-journée, quelques centaines de personnes étaient rassemblées place d'Italie pour une manifestation de "gilets jaunes" qui devait se diriger vers la place de la Nation. Dans le cortège, au milieu de quelques drapeaux français, Jean-Paul Lavigne, 65 ans dont 40 ans d'usine, est venu d'Albi dans un des "convois de la liberté" jeudi.
Tenant un drapeau occitan, il a expliqué vouloir manifester contre la hausse des carburants, de l'électricité, de l'alimentation, mais aussi contre les vaccins, "un mensonge de notre gouvernement", qu'il accuse d'être "là pour nous dépouiller, pour imposer un contrôle à la chinoise".
"Tous avec les convois", entendait-on au mégaphone dans un autre rassemblement, celui organisé par le mouvement Les Patriotes de Florian Philippot, place du Palais Royal.
Aurélie M., 42 ans, assistante de direction en région parisienne, non vaccinée, se désole de "ne plus pouvoir prendre le TGV malgré des autotests mais de pouvoir emprunter la ligne 13 de métro, bondée". "Il y a plein d'incohérences injustes", dénonce-t elle.
- "Colère" -
Porte de Saint-Cloud, la circulation avait été très perturbée en fin de matinée par les forces de l'ordre, qui contrôlaient les automobilistes avant de les laisser repartir dans un concert de klaxons, ont constaté des journalistes de l'AFP.
A un point de rassemblement, dans la forêt de Fontainebleau, environ 400 véhicules étaient stationnés à la mi-journée selon une source policière.
Dans la capitale, près de 7.200 policiers et gendarmes ont été déployés, selon la préfecture, qui indiquait avoir interpellé 14 personnes à 15H15.
Le Premier ministre Jean Castex a promis d'être inflexible face au mouvement. "S'ils bloquent la circulation ou s'ils tentent de bloquer la capitale, il faut être très ferme", a-t-il insisté vendredi sur France 2.
"Nous sommes tous collectivement fatigués par ce que nous vivons depuis deux ans", a déclaré le président Emmanuel Macron dans un entretien vendredi au quotidien Ouest-France.
"Cette fatigue s'exprime de plusieurs manières: par du désarroi chez les uns, de la dépression chez d'autres. On voit une souffrance mentale très forte, chez nos jeunes et moins jeunes. Et parfois, cette fatigue se traduit aussi par de la colère. Je l'entends et la respecte".
"Mais", a-t-il ajouté, "j'en appelle au plus grand calme".
- "Mensonge" -
L'interdiction de rassemblement des convois a été maintenue vendredi soir par le tribunal administratif de Paris, qui a rejeté deux recours.
"Le droit de manifester et d'avoir une opinion sont un droit constitutionnellement garanti dans notre République et dans notre démocratie. Le droit de bloquer les autres ou d'empêcher d'aller et venir ne l'est pas", a estimé Jean Castex.
A deux mois de l'élection présidentielle, le gouvernement affirme envisager pour fin mars ou début avril la levée du pass vaccinal et compte supprimer dès le 28 février l'obligation de porter un masque dans les lieux où le pass est exigé.
burx-etr/cb/lum
(H.Schneide--BBZ)