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Mis à pied à titre conservatoire en août en raison "de pratiques managériales alarmantes", Claude Atcher a été officiellement destitué de son poste de directeur général du comité d'organisation de la Coupe du monde 2023, à moins d'un an du coup d'envoi de la compétition.
Clap de fin pour l'une des figures du rugby français, à l'origine de l'obtention du Mondial en France. Lundi, un conseil d'administration extraordinaire du groupe d'intérêt public (GIP) France-2023, chargé d'organiser la compétition, a "décidé de mettre fin au contrat" de l'ancien DG.
Dans une salle du palais Brongniart, en plein de coeur de Paris, le GIP a été "informé par son président Jacques Rivoal des conclusions de la mission de l'Inspection du travail saisie au lendemain de la parution, le 22 juin, d'un article de presse sur le climat social au sein du Comité d'organisation de la Coupe du monde de rugby France 2023 et sur le management de son directeur général", détaillent les organisateurs dans un communiqué.
Le rapport de l'inspection du Travail, et celui du comité d'éthique rendu en août, "ont corroboré le fait que le management de Claude Atcher était dysfonctionnel" et "de façon très étayée", a expliqué à l'AFP une source qui a consulté le rapport.
La nomination de Julien Collette, qui assure actuellement l'intérim à la tête du comité d'organisation, a été entérinée lundi soir, ainsi que celle de Martine Nemecek comme adjointe.
- "Management par la terreur" -
Fin juin, les révélations du quotidien L'Equipe à travers une longue enquête relatant le mal-être au travail dû à "un management par la terreur" de Claude Atcher auront donc été fatales à celui qui avait déjà été aux manettes de la Coupe du monde de 2007 en France.
Immédiatement après, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra avait demandé la saisine de l'Inspection du travail ainsi que du comité d'éthique du GIP, dans lequel la Fédération française de rugby (FFR) est majoritaire (plus de 60%) et l'Etat minoritaire.
La remise du rapport du comité d'éthique cet été, faisant état de "pratiques managériales alarmantes", avait conduit début septembre le ministère des Sports, de concert avec la FFR et la Comité olympique français, qui siège aussi au GIP, à mettre à pied à titre conservatoire Claude Atcher dans l'attente de l'enquête de l'Inspection du travail.
Claude Atcher "s'est accroché tout l'été" pour garder son poste, a expliqué une source proche du dossier à l'AFP.
- Manquements à la probité économique? -
Son départ ne signe pas forcément la fin de ses ennuis. Si l'inspection du Travail a constaté des infractions, cela pourrait en effet engendrer des développements judiciaires.
Par ailleurs, une mission conjointe de l'Inspection générale des finances et de l'Inspection générale de l'enseignement supérieur et de la recherche travaille depuis cet été pour, notamment, "analyser l'existence d'éventuels manquements à la probité économique et financière ou de conflits d'intérêts" au sein du GIP.
"Elle continue de travailler, il y a de la substance", a fait savoir une source ayant connaissance du dossier.
Claude Atcher, ancien troisième ligne, 66 ans, a parallèlement comparu au mois de septembre devant le tribunal correctionnel de Paris pour "recel d'abus de confiance" aux côtés du président de la FFR Bernard Laporte pour avoir perçu avec sa société Score XV des sommes indues à partir de 2017, au moment où il pilotait la candidature de la France au Mondial.
Deux ans de prison, dont un avec sursis, ont été requis contre lui. Le jugement a été mis en délibéré au 13 décembre.
La Coupe du monde de rugby se déroulera du 8 septembre au 28 octobre 2023 à Bordeaux, Lyon, Marseille, Nantes, Nice, Lille, Saint-Denis, Saint-Etienne et Toulouse.
Le XV de France donnera le coup d'envoi avec un match d'ouverture de gala face aux légendaires All Blacks.
(B.Hartmann--BBZ)