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Le pont Ambassador, axe stratégique entre les Etats-Unis et le Canada, a rouvert après sept jours de blocage, une issue très attendue par Washington, mais les manifestants opposés aux mesures sanitaires poursuivaient lundi leur occupation de la capitale Ottawa.
Ce mouvement des convois dits de "la liberté" des opposants aux restrictions anti-Covid, a fait des émules en Europe, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
"Le pont Ambassador est maintenant entièrement ouvert, permettant à nouveau la libre circulation du commerce entre les économies canadienne et américaine", a indiqué la société exploitante du pont dimanche soir.
Il a fallu deux journées à la police canadienne pour parvenir à évacuer ce pont, qui relie Windsor en Ontario à la ville américaine de Detroit, bloqué depuis lundi dernier par des manifestants.
La police a indiqué qu'entre 25 et 30 protestataires avaient été arrêtés.
- "Conséquences sérieuses"-
Une conseillère du président Joe Biden a exprimé la reconnaissance de Washington "pour les efforts résolus déployés par les forces de l'ordre (canadiennes) le long de la frontière pour parvenir à la levée complète des blocus".
Les Etats-Unis avait fait pression sur le gouvernement canadien en lui demandant il y a quelques jours d'employer "les pouvoirs fédéraux" pour mettre fin à un blocage ayant des "conséquences sérieuses" sur l'économie américaine.
La fermeture du pont a en effet entraîné des perturbations pour l'industrie automobile des deux côtés de la frontière.
Plus de 25% des marchandises exportées entre les Etats-Unis et le Canada transitent par ce pont. Plus de 40.000 personnes l'empruntent chaque jour, notamment des infirmières canadiennes qui travaillent dans les hôpitaux de Detroit.
Le mouvement de contestation canadien, qui entre dans sa troisième semaine, était parti de camionneurs protestant contre l'obligation d'être vacciné pour passer la frontière entre le Canada et les Etats-Unis.
- "Les gens meurent de tristesse -
Mais les revendications se sont étendues à un refus de l'ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau.
Si la situation à Ottawa était plus calme dimanche, le mouvement n'a pas faibli dans la capitale paralysée par les manifestants depuis fin janvier.
Pour Jessy Beliveau, perruque bleue et robe fabriquée avec des masques jetables, "les gens meurent de tristesse, pas de maladie". "Le Covid, ça existe, oui, c'est une grippe", ajoute-t-elle en réclamant la fin des mesures sanitaires dans un pays où plus de 35.000 personnes sont mortes du Covid.
Témoignant de l'exaspération croissante des habitants, le week-end a aussi été marqué par des contre-manifestations. Au Canada, 90% de la population est vaccinée.
Cette contestation a inspiré des initiatives similaires dans le monde. En France, où le mouvement rassemble aussi des manifestants aux revendications sociales, la police avait recensé vendredi soir 3.000 véhicules pour 5.000 manifestants autour de Paris, essentiellement des particuliers dans leurs véhicules personnels, et non des camions comme au Canada.
- "Parcours à pied" -
Samedi, seuls une centaine de véhicules étaient parvenus à rejoindre la très touristique avenue des Champs-Elysées, avant d'en être évacués à coups de gaz lacrymogène.
Des centaines de véhicules ont pris le chemin de Bruxelles, siège des principales institutions européennes.
"Pour l'instant on a repéré 4-500 véhicules (...). Une trentaine ont été bloqués et les autres se sont un peu évaporés dans la nature", a déclaré lundi matin le bourgmestre (maire) de Bruxelles, Philippe Close, à la radio La Première (RTBF).
La police les oriente vers une aire de stationnement en périphérie de Bruxelles. De là il sera possible de "négocier avec la police un parcours à pied", a précisé Philippe Close. "Mais il s'agit de ne pas prendre en otage la capitale" belge, a-t-il mis en garde.
Parmi les dizaines de camping-cars, vans et petites camionnettes rassemblées figuraient quelques Belges, Luxembourgois et Allemands mais la plupart venaient de France.
Electricien à Saint-Etienne (centre-est), Antoine Médina, 57 ans, dit manifester en solidarité avec ses enfants "qui ne veulent pas se faire vacciner". "On lâche rien", proclame une affiche scotchée à l'arrière de son combi.
(A.Berg--BBZ)