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"Mes parents m'ont dit que c'était pour me protéger mais j'ai pas trop compris de quoi": dans un collège de l'agglomération bordelaise, des élèves reçoivent leur première dose de vaccin contre les papillomavirus humains, à l'origine de nombreux cancers.
Sur 87 élèves de cinquième - cible de l'opération lancée par le gouvernement depuis lundi - de cet établissement du Bouscat, 19 participent à la séance organisée jeudi en début d'après-midi dans la salle du foyer.
Les deux babyfoots ont été déplacés pour installer des paravents prêtés par la mairie et accueillir une équipe hospitalière mobile, chargée d'administrer le vaccin dans une trentaine de collèges du nord-ouest de la Gironde durant les semaines à venir.
"Patientez ici s'il vous plaît": au tableau, l'inscription indique des chaises sur lesquelles des élèves de 11 à 12 ans révisent leur contrôle de physique en attendant de passer devant les infirmières. À quelques mètres, bananes et biscuits les attendent sur une table pour se remettre de la piqûre.
Parmi eux, Axel ne sait pas vraiment pourquoi on le vaccine. "C'est contre le sida?", répond-il timidement à l'AFP, avec un vague souvenir de la conversation qu'il a eue avec ses parents sur le sujet. "Je leur ai demandé si ça se transmettait par le corps, ils m'ont dit que oui." Comment? "Je sais pas."
Sa voisine Noémie raconte que "par curiosité", elle a lu le papier remis par son professeur principal avant de le donner à ses parents. Elle sait donc qu'il s'agit d'infections sexuellement transmissibles mais "j'en ai pas parlé avec eux", ajoute-t-elle.
"Ma grande sœur l'avait déjà fait et dès qu'on a eu la campagne de vaccination, mes parents ont dit que c'était l'occasion pour moi", dit une autre collégienne, Caroline.
- 20% de participation -
Au total, neuf filles et dix garçons de l'établissement ont reçu une première dose jeudi.
"À leur âge, il suffit d'en faire deux en six mois, sur l'année scolaire ; il n'y a pas besoin de rappel, l'accès au vaccin est facilité et c'est entièrement gratuit", fait valoir Simone Mathoulin-Pelissier, professeur de santé publique à l'Institut Bergonié. Une équipe de ce centre régional de lutte contre le cancer prend part à la campagne en Nouvelle-Aquitaine, région pionnière dans sa mise en œuvre.
"On a travaillé en amont, en lien avec l'ARS (Agence régionale de santé, ndlr), sur la façon dont on pourrait organiser la vaccination", explique la rectrice de l'Académie de Bordeaux, Agnès Bisani-Faure, pour qui l'opération relève de la santé publique "mais aussi de l'égalité des chances".
Dans la région, le taux de participation est "d'au moins 20%" au dernier décompte: "on ne s'attendait pas à autant pour la première année, on est vraiment très contents", assure la Dr Sylvie Quelet, chargée du dossier au sein de l'ARS, satisfaite aussi que plus de la moitié des autorisations parentales concerne des garçons.
Le calcul ne prend cependant pas en compte quelque 5.000 élèves scolarisés dans des collèges privés qui n'ont pas souhaité prendre part à l'opération - sur 143 en Nouvelle-Aquitaine, seuls 89 se sont portés volontaires.
Les autres, selon Mme Quelet, ont objecté des difficultés sur le plan organisationnel ou estiment que la vaccination est l'affaire des familles, pas la leur. Sollicité par l'AFP, le diocèse de Bordeaux n'a pas souhaité s'exprimer.
Au collège public du Bouscat, la principale évoque des réticences, aussi, dans de nombreuses familles.
"Beaucoup sont sceptiques ou ont du mal à venir vers les vaccinations et particulièrement celle-ci, la période du Covid n'a pas aidé à donner confiance", renchérit Delphine Fromentin, représentante des parents d'élèves. "On essaie de répondre à leurs interrogations, leurs craintes."
Chaque année en France, les papillomavirus humains sont responsables de plus de 6.000 nouveaux cas de cancers, le plus souvent du col de l'utérus, qui provoquent 1.100 décès par an, de la vulve ou du vagin, mais aussi de la sphère ORL, de l'anus ou du pénis. Le gouvernement vise 80% de vaccination chez les 11-14 ans d'ici à 2030.
(Y.Yildiz--BBZ)