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L'eau recommençait à monter jeudi dans le Pas-de-Calais traversé par des pluies diluviennes, deux jours après des crues historiques, et les établissements scolaires ont été fermés dans 200 communes dans la perspective de nouvelles inondations.
Le département, déjà en vigilance rouge crues, est passé en vigilance rouge pluie et inondations à 14H00, selon le dernier bulletin de Météo-France, un épisode qui ne doit s'achever qu'à midi vendredi.
Le Nord, la Seine-Maritime et la Somme sont eux placés en vigilance orange.
Dans l'ouest du Pas-de-Calais, où il est déjà tombé de 20 à 30 mm depuis jeudi matin, les cumuls de pluie atteindront 50 à 70 mm, voire 80 à 100 mm localement. Ils pourraient atteindre 50 mm dans l'ouest du département du Nord, et jusqu'à 80 à 90 mm sur la côte dans la Somme et la Seine-Maritime.
"Ces pluies (...) dépassent les prévisions que nous avons faites", a reconnu jeudi le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
Ce nouvel "épisode pluvieux intense" fait "suite à des cumuls déjà exceptionnels depuis plusieurs jours" et intervient "dans un contexte hydrologique très préoccupant", précise Météo-France.
Dans les secteurs de Montreuil-sur-Mer, Boulogne-sur-Mer et Saint-Omer, la population a de nouveau reçu le message d'alerte conseillant de reporter les déplacements, se réfugier en hauteur et couper l'eau, le gaz et l'électricité en cas d'inondation.
Ces crues touchent des territoires où résident environ 200.000 personnes, selon la préfecture du Pas-de-Calais.
- "Course contre l'eau" -
A Saint-Etienne-au-Mont, où 300 maisons ont déjà été sinistrées dans la nuit de lundi à mardi, des employés communaux ont aidé des habitants à placer leurs meubles en hauteur.
Des rues de la commune sont sous l'eau, a constaté l'AFP.
Certains habitants connaissent ainsi leur troisième inondation en une semaine, après celles intervenues le 2 novembre sur le passage de la tempête Ciaran.
"C'est dur de tout perdre", pleure Aline Jones, mère de 4 enfants, très choquée, relogée dans sa famille. "On a peur maintenant".
A Blendecques, sur l'Aa, les habitants courent après le sable, dans l'espoir de limiter les dégâts dans leur maison, dont certaines ont déjà été envahies par les eaux cette semaine.
"C'est une course contre l'eau", témoigne Ludovic Provence, un machiniste à la brasserie de St-Omer, qui a posé des jours de congé pour calfeutrer la maison de sa marraine à l'aide de sacs de sable et de parpaings soudés au trottoir avec du polymère.
"On a acheté du sable et on va mettre des planches. On va essayer de limiter la casse", témoignent, un peu plus loin, Claude et Myriane, un couple de septuagénaires qui n'ont pas souhaité donner leur nom de famille.
Gérald Darmanin a annoncé jeudi la fermeture des écoles dans 200 communes jusqu'à dimanche soir, étendant une mesure déjà prise pour 74 communes du département "particulièrement impactées par les inondations" pour jeudi et vendredi.
Les établissements des bassins de l'Aa et de la Liane avaient déjà été fermés mardi.
- "Totalement exceptionnel" -
La circulation des trains pourrait être perturbée jeudi, vendredi et samedi "sur l'ensemble des Hauts-de-France", a pour sa part indiqué la SNCF sur X (anciennement Twitter).
Le bilan est selon la préfecture toujours de trois blessés légers depuis lundi dans le département.
L'assureur Axa a enregistré "plusieurs centaines de sinistres ouverts" dans le Nord-Pas-de-Calais et "se rapproche" du millier, a annoncé jeudi son directeur régional, Thibaut Denys de Bonnaventure.
L'état de catastrophe naturelle doit être déclenché le 14 novembre pour les villes touchées dans le Pas-de-Calais et le Nord, selon Gérald Darmanin.
S'ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines.
Les inondations sont des catastrophes particulièrement coûteuses: entre 1970 et 2019, elles ont représenté 44% de toutes les catastrophes et 31% des pertes économiques.
(G.Gruner--BBZ)