AEX
4.0100
Après plus de dix jours d'intempéries exceptionnelles, la Première ministre Elisabeth Borne se rend jeudi matin dans le secteur de Montreuil-sur-Mer, auprès des sinistrés du Pas-de-Calais, qui sont sur le qui-vive à l'approche d'une nouvelle dépression.
Mme Borne, attendue à 8H30, doit rencontrer les forces de sécurité et de secours ainsi que des habitants de Montreuil-sur-Mer, commune traversée par la Canche, un cours d'eau toujours en vigilance orange pour des risques de crue.
Une partie de la citadelle de Montreuil, datant du XVIe siècle, s'est effondrée vendredi.
La Première ministre doit ensuite échanger avec les maires du territoire.
"L'après va être très compliqué. Les gens sont fatigués, sont épuisés, psychologiquement, physiquement, moralement", explique à l'AFP Gwenaëlle Loire, maire de Saint-Léonard, à une cinquantaine de kilomètres de là.
"Nous sommes reconnus catastrophe naturelle, mais maintenant il va falloir que l'Etat nous donne des moyens parce que je pense que des maisons vont être déclarées insalubres par les experts, donc les gens ne pourront plus vivre dans leur maison" souligne-t-elle, s'inquiétant du relogement, voire du départ définitif de certains habitants.
Si les dégâts s'annoncent majeurs, le bilan humain reste à 4 blessés depuis le 6 novembre, selon la préfecture.
Après une légère accalmie, les pluies pourraient reprendre jeudi, indique Météo-France dans son dernier bulletin: une nouvelle dépression, baptisée Frederico, va "circuler dans le nord du pays, sur un axe Bretagne/Alsace".
Ce retour des pluies sur des sols saturés depuis le passage de la tempête Ciaran le 2 novembre, "pourra occasionner de nouvelles hausses" sur les trois cours d'eau du Pas-de-Calais classés en vigilance orange, avertit Vigicrues, évoquant le "risque d'une nouvelle crue importante jeudi".
Outre la Canche, deux cours d'eau du département sont toujours en vigilance orange: la Hem et la Lys Plaine.
Le Nord, la Charente-Maritime et la Vendée sont également en vigilance orange aux crues.
- Réouverture des écoles -
Après les collèges et lycées des zones touchées qui ont rouvert progressivement mercredi, la plupart des 1.290 écoles fermées depuis lundi vont rouvrir jeudi, a indiqué la préfecture. Néanmoins, 21 écoles ne seront pas en mesure d'accueillir des élèves et les transports scolaires restent très perturbés.
L'alimentation en eau potable connaît toujours des restrictions pour 7.200 personnes dans le secteur de Samer, une situation qui devrait perdurer jusqu'au milieu de semaine, précise la même source, ajoutant que plus de 500 foyers sont privés d'électricité, et plus de 4.000 abonnés privés de téléphones portables.
A Saint-Léonard, près de Boulogne-sur-Mer, les habitants étaient à pied d'oeuvre mercredi pour évacuer l'eau entrée dans la nuit dans leur rez-de-chaussée. "On se sent impuissants, on n'a pas d'autre choix que d'attendre que ça s'arrête", confiait Didier Marre, 56 ans, raclant l'eau dans la maison de sa fille, tandis que du linge plein de boue est étendu sur un fil.
- "Relogement durable" -
Pour la présidente départementale de la Croix-Rouge, Fabienne Berquier, "l'enjeu principal consiste maintenant à trouver des solutions durables de relogement aux sinistrés qui ne pourront pas rentrer chez eux, dans des maisons où il y a "de l'humidité jusqu'à 1m60, plus de chauffage ni d'électricité".
La reconnaissance en état de catastrophe naturelle de 181 communes dans le Pas-de-Calais et de 24 dans le Nord a été publiée mercredi au Journal officiel.
En déplacement dans le département mardi, Emmanuel Macron a annoncé le déblocage d'un "fonds de soutien" de 50 millions d'euros à destination des collectivités touchées.
Pour les agriculteurs ayant subi les inondations dans les Hauts-de-France mais aussi en Bretagne et Normandie, un autre fonds, de 80 millions, doit être activé.
Depuis le 6 novembre, environ 1.400 personnes ont été évacuées à cause de ces crues, exceptionnelles par leur durée et leur intensité.
S'ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines.
(B.Hartmann--BBZ)