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La pollution atmosphérique a atteint lundi un nouveau pic, à des niveaux 60 fois supérieurs aux normes internationales, dans la capitale indienne New Delhi, où la plupart des écoles sont restées fermées et la circulation restreinte.
La mégalopole de 30 millions d'habitants est confrontée chaque hiver à des pics de pollution causés par les fumées des usines, du trafic routier et des brûlis agricoles saisonniers.
Dans certains secteurs de la ville, uniformément noyée sous un brouillard opaque, le niveau de ces particules - les plus toxiques car se diffusant dans le sang - a atteint 907 microgrammes par mètre cube d'air, selon IQAir.
"J'ai les yeux qui brûlent depuis plusieurs jours. Il y a plus de fumée dans l'air, c'est une évidence", a témoigné pour l'AFP Subodh Kumar, 30 ans, qui conduit un taxi à pédale (rickshaw).
"Je ne sais pas ce que le gouvernement fait contre ça", a-t-il ajouté, "mais moi je dois être sur la route, qu'est-ce que je ferai sinon ?"
Les autorités locales ont déclenché dimanche soir le niveau 4 de leur plan d'alerte "afin d'empêcher une nouvelle détérioration de la qualité de l'air".
- "Gens ordinaires" -
"Les cours en présentiel seront interrompus pour tous les élèves à l'exception des niveaux 10 et 12" au lycée, a ordonné la cheffe de l'exécutif local, Atishi, qui ne porte qu'un seul nom.
Les établissements scolaires du primaire ont été fermés dès la semaine dernière et les cours dispensés à leurs élèves en distanciel.
En outre, tous les chantiers ont été suspendus et la circulation des poids-lourds et des véhicules les plus polluants sévèrement restreinte.
Le gouvernement local a par ailleurs appelé les enfants, les personnes âgées et tous ceux souffrant de pathologies pulmonaires et/ou cardiaques à "rester à l'intérieur autant que possible".
Nombre d'habitants de la capitale indienne n'ont pas les moyens de s'équiper en purificateurs d'air et vivent dans des logements peu isolés de l'extérieur.
"Qui peut se payer un purificateur d'air quand il a du mal à payer ses factures ?", a fait valoir à l'AFP Rinku Kumar, 45 ans, un conducteur de "tuk-tuk", ces taxis à trois roues motorisés.
"Les riches ministres et les hauts fonctionnaires peuvent se permettre de rester chez eux, pas les gens ordinaires comme nous", a-t-il ajouté.
- Autorités en cause -
La baisse des températures et les vents plus faibles de l'hiver (de mi-octobre à janvier) intensifient la pollution en fixant les particules dangereuses.
Selon l'OMS, la pollution atmosphérique peut causer des maladies cardiovasculaires et respiratoires ainsi que des cancers du poumon.
Une étude publiée dans la revue médicale Lancet a attribué à la mauvaise qualité de l'air la mort de 1,67 million d'Indiens en 2019.
Le mois dernier, la Cour suprême, plus haute instance judiciaire du pays, a ajouté l'air pur à la liste des droits humains fondamentaux et ordonné en conséquence au gouvernement d'agir.
La "ministre en cheffe" de New Delhi a remis en cause lundi devant la presse les brûlis agricoles pratiqués dans les États voisins de la capitale.
"Le gouvernement national ne fait rien. Aujourd'hui toute l'Inde du nord se retrouve en situation d'urgence médicale", a-t-elle déploré. "Toute la nuit j'ai reçu des appels téléphoniques de gens qui ont dû faire hospitaliser des personnes âgées".
Les initiatives engagées par les autorités locales ont eu jusque-là peu d'effet.
Après avoir encouragé les automobilistes à couper leur moteur au feu rouge, New Delhi a présenté récemment un drone destiné à pulvériser de l'eau sur les zones les plus polluées.
"Des mesurettes", dénoncent les ONG de défense de l'environnement, qui prônent de "stopper les émissions à leur base".
(H.Schneide--BBZ)