Berliner Boersenzeitung - Pour un toit, les pauvres de Freetown comblent le fond de l'océan avec le tout-venant

EUR -
AED 3.834856
AFN 72.981026
ALL 98.491871
AMD 410.574545
ANG 1.873597
AOA 958.441534
ARS 1062.068709
AUD 1.668164
AWG 1.879297
AZN 1.774656
BAM 1.956632
BBD 2.099092
BDT 124.232814
BGN 1.958008
BHD 0.392267
BIF 3073.606664
BMD 1.044054
BND 1.4119
BOB 7.184054
BRL 6.348575
BSD 1.039642
BTN 88.383574
BWP 14.369109
BYN 3.402246
BYR 20463.455505
BZD 2.089788
CAD 1.4984
CDF 2996.434335
CHF 0.932371
CLF 0.037427
CLP 1032.725839
CNY 7.619298
CNH 7.624449
COP 4583.396412
CRC 524.522987
CUC 1.044054
CUP 27.667427
CVE 110.312953
CZK 25.108921
DJF 185.128703
DKK 7.458302
DOP 63.306913
DZD 140.708819
EGP 53.090769
ERN 15.660808
ETB 129.594994
FJD 2.419125
FKP 0.826872
GBP 0.82945
GEL 2.934095
GGP 0.826872
GHS 15.282497
GIP 0.826872
GMD 75.171679
GNF 8981.818386
GTQ 8.010405
GYD 217.502466
HKD 8.11186
HNL 26.390219
HRK 7.4889
HTG 136.00782
HUF 413.977438
IDR 16852.07323
ILS 3.801792
IMP 0.826872
INR 88.729074
IQD 1361.878967
IRR 43941.619435
ISK 145.113457
JEP 0.826872
JMD 162.65915
JOD 0.740338
JPY 163.428363
KES 134.213278
KGS 90.832546
KHR 4177.776073
KMF 486.659583
KPW 939.647883
KRW 1514.838471
KWD 0.321516
KYD 0.866368
KZT 545.98211
LAK 22754.673557
LBP 93096.577585
LKR 305.22976
LRD 188.690217
LSL 19.139837
LTL 3.08282
LVL 0.631537
LYD 5.108172
MAD 10.463148
MDL 19.149141
MGA 4905.085269
MKD 61.561171
MMK 3391.046186
MNT 3547.694854
MOP 8.322738
MRU 41.345577
MUR 49.280896
MVR 16.080872
MWK 1802.251891
MXN 20.95141
MYR 4.682524
MZN 66.718935
NAD 19.139837
NGN 1614.576632
NIO 38.256264
NOK 11.798806
NPR 141.414119
NZD 1.845107
OMR 0.401651
PAB 1.039642
PEN 3.871246
PGK 4.215792
PHP 61.207138
PKR 289.37392
PLN 4.260093
PYG 8106.446244
QAR 3.789911
RON 4.977322
RSD 117.017747
RUB 107.411783
RWF 1449.216096
SAR 3.922094
SBD 8.752883
SCR 14.548185
SDG 628.007273
SEK 11.498155
SGD 1.414228
SHP 0.826872
SLE 23.801848
SLL 21893.290418
SOS 594.152588
SRD 36.678625
STD 21609.806806
SVC 9.096867
SYP 2623.21688
SZL 19.135135
THB 35.777638
TJS 11.373235
TMT 3.664629
TND 3.312708
TOP 2.445276
TRY 36.741769
TTD 7.056
TWD 34.125736
TZS 2521.389855
UAH 43.600836
UGX 3813.621262
USD 1.044054
UYU 46.369713
UZS 13403.698233
VES 53.742914
VND 26555.509733
VUV 123.952164
WST 2.884499
XAF 656.235982
XAG 0.035143
XAU 0.000398
XCD 2.821607
XDR 0.793037
XOF 656.235982
XPF 119.331742
YER 261.404956
ZAR 19.098632
ZMK 9397.736499
ZMW 28.771231
ZWL 336.184914
  • AEX

    -3.4300

    875.44

    -0.39%

  • BEL20

    9.6700

    4214.22

    +0.23%

  • PX1

    -19.6900

    7274.48

    -0.27%

  • ISEQ

    -17.4700

    9685.54

    -0.18%

  • OSEBX

    -5.4800

    1400.54

    -0.39%

  • PSI20

    -14.4700

    6276.75

    -0.23%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    14.8900

    3053.27

    +0.49%

  • N150

    3.2200

    3227.17

    +0.1%

Pour un toit, les pauvres de Freetown comblent le fond de l'océan avec le tout-venant
Pour un toit, les pauvres de Freetown comblent le fond de l'océan avec le tout-venant / Photo: Saidu BAH - AFP

Pour un toit, les pauvres de Freetown comblent le fond de l'océan avec le tout-venant

La petite maison au toit de métal, devant laquelle elle vend des boissons sans alcool, Lamrana Bah l'a bâtie elle-même du sol au plafond. Ou faut-il dire du fond de l'eau au plafond ?

Taille du texte:

Comme cette Sierra-Léonaise veuve et mère de six enfants, la plupart des habitants de ce bidonville de Freetown ont dressé leur bicoque sur une parcelle gagnée sur l'Atlantique. Ils ont empilé des pneus, des détritus et des sacs de terre au fond de la baie sur l'océan, et compacté cet amalgame avec de la boue. Puis ils ont construit dessus.

Ce remblayage, appelé ici "banking", littéralement la création de berges, est la seule solution que des résidents démunis ont trouvé à la surpopulation de la capitale, causée par les contraintes géographiques et exacerbée par des années de guerre civile. C'est une conquête ingénieuse mais fragile, menacée par l'eau et le feu. Et il n'y a ni route ni service.

Lamrana Bah vivait autrefois en ville. Quand son mari est mort, elle n'a plus été en mesure de payer le loyer de l'appartement. Elle a dépensé 350 dollars entre 2014 et 2018 pour construire sa maison à l'écart d'un chemin à Cockle Bay. Elle a l'électricité, mais pas l'eau courante.

"Ma mère n'a plus de loyer à payer et nous n'avons aucun problème avec personne. Nous avons notre maison à nous", dit son fils Prince Anthony. Comme la plupart des structures alentour, celle-ci a d'abord eu des murs en tôle. Puis Lamrana Bah les a fait élever en dur.

Depuis le quartier a continué à avancer dans la mer et les Bah sont à présent à 500 mètres du rivage.

Environ un tiers des 1,5 million d'habitants de Freetown vivent dans des bidonvilles ou des quartiers pauvres, selon les services municipaux.

La population de Freetown a explosé avec la guerre civile de 1991 à 2002, qui a poussé vers la capitale des centaines de milliers de déplacés.

- Une ville contrainte -

Mais la ville édifiée sur une péninsule est coincée entre l'Atlantique et les montagnes. Construire vers les hauteurs, souvent sans autorisation, c'est prendre le risque du glissement de terrain, comme celui qui a fait plus de 1.000 morts en 2017. Vers la mer, c'est s'exposer aux inondations et à la submersion. Cockle Bay par exemple est au ras des eaux.

Difficile d'établir quand on a commencé à combler le littoral ici et à Freetown. Cockle Bay était occupé avant la guerre civile et s'est agrandi depuis. Son emplacement en fait un port. Il y a des écoles et au moins une mosquée, toutes bâties sur des berges artificielles.

Tout le monde n'y est pas pauvre. Dans une partie plus ancienne, des citronniers, des cocotiers, des papayers ombragent de robustes bâtisses jaune et vert pâle.

"On vit heureux ici, on n'a aucun problème", dit Fatu Dumbuya, une coiffeuse de 33 ans. Elle prend à témoin un de ses enfants occupé à ses devoirs et un autre en train de courir avec les gamins du coin. Tandis qu'elle s'affaire avec les tresses d'une cliente, son mari charrie de la boue pour élargir encore la berge.

Le "banking", "c'est de la technologie locale", proclame sa cliente avec fierté.

La Federation of Urban and Rural Poor (Fédération des pauvres de la ville et de la campagne, FEDURP), une organisation locale, chiffre à 198.000 le nombre de personnes qui vivent dans les agglutinations déshéritées du bord de mer, la plupart posées sur du remblai.

"Nos plus gros problèmes, ce sont les inondations et les incendies", dit Nancy Sesay, résidente de longue date d'un autre quartier gagné sur la mer, Susan's Bay.

En 2021, les flammes ont laissé 7.000 personnes sans toit.

- Le ventre parle -

"Quand il pleut, on ne dort pas. Les détritus remontent et flottent dans une odeur pestilentielle", relate Nancy Sesay tout en déambulant le long d'un ruisseau putride près duquel des enfants sont en train de se laver.

Mais Nancy Sesay, qui vend des produits de toilette et des cosmétiques sur un marché voisin, perdrait peut-être son travail si elle allait vivre ailleurs.

"Tous les ans au cours des cinq ou sept dernières années, nous avons eu des catastrophes pendant la saison des pluies", rapporte Joseph Macarthy, chef du Centre de recherche urbaine de la Sierra Leone.

"Beaucoup de gens ne se préoccupent pas des catastrophes qu'ils ont connues (...) Une fois ici, ils sont sûrs d'avoir de quoi pour au moins un plat de riz", dit-il.

Tout en s'employant à améliorer le quotidien de ses administrés sur place, la maire de Freetown préconise de créer des centres économiquement attractifs en dehors de la capitale.

"Ce n'est pas Freetown que les gens recherchent, c'est du travail, de quoi manger, la possibilité de recevoir des soins", dit Yvonne Aki-Sawyerr à l'AFP. "Proposez leur ça ailleurs, et ils iront ailleurs".

Elle et des organisations locales pressent les habitants d'en finir avec le remblayage du fond de l'eau.

"A ce rythme-là, on n'aura plus de mer", s'inquiète Andrew Saffa, qui travaille à la FEDURP. "Et quand la mer revient et reprend ses droits, c'est beaucoup de désastres".

(H.Schneide--BBZ)