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L'hiver particulièrement pluvieux qu'a connu la Californie a provoqué une floraison d'une rare intensité, mais avec un printemps toujours aussi gris, les abeilles n'ont pas pu en profiter.
"Les abeilles n'aiment pas voler quand il fait froid et humide", raconte Jay Weiss, apiculteur à Pasadena, près de Los Angeles, tandis qu'il ouvre l'une de ses ruches. Si le soleil ne brille pas, la récolte de miel sera maigre.
Depuis des jours, les températures plafonnent autour de 20°C et le ciel californien -- pourtant réputé pour son bleu -- est immanquablement couvert, privant de sortie des abeilles qui auraient pu butiner ces immenses champs de fleurs.
Si quelques semaines nuageuses en mai et juin n'ont rien d'exceptionnelles, la météo de l'Etat le plus peuplé des Etats-Unis ne s'est jamais vraiment remise des déluges à répétition qui s'y sont abattus.
Une série de rivières atmosphériques, apportant d'immenses quantités d'eau du Pacifique, a frappé l'Ouest américain où sévit la sécheresse depuis des années. Des trombes bienvenues pour les lacs et les rivières, à nouveau à flot, et pour toute une région inquiète de ses approvisionnements en eau.
Mais face à la pluie, les abeilles ont dû rester à la ruche.
Si, pendant l'hiver, les essaims de M. Weiss allaient très bien, "deux mois plus tard, les abeilles sont mortes, affamées dans la ruche", raconte-t-il. Il a perdu cinq ruches ainsi.
"Les apiculteurs du sud de la Californie ne sont pas habitués à une météo vraiment mauvaise", explique Jay Weiss.
- Alvéoles -
Quand, en avril, la pluie s'est enfin arrêtée, les reliefs californiens se sont parés de champs de fleurs jaunes, oranges, violets, blancs... Un tapis multicolore visible depuis l'espace.
Cela aurait dû être une aubaine pour les abeilles, un stock infini de nectar et de pollen pour régaler ces insectes et apportant un très bon cru pour les amateurs de miel - mais des alvéoles pourraient rester vides cette année.
Le météorologue Joe Sirard tient cependant à rappeler qu'un temps couvert à cette période de l'année est normal -- si ce n'est qu'il y a, habituellement, des intermèdes ensoleillés.
"Il s'agit des deux mois qui sont, d'un point de vue climatique, les plus pluvieux dans le sud de la Californie, ce qui maintient des températures douces", dit-il à l'AFP.
Un phénomène météo lié à l'océan apporte "habituellement" des nuages sur la côte "dans la nuit, qui se dispersent en général dans la matinée, (et en début) d'après-midi", mais ils peuvent parfois rester toute la journée.
Si ce temps gris est annoncé pour les prochains jours, juillet et août devraient être ensoleillés, assure l'expert des services météo américains (NWS).
Un beau temps attendu par les abeilles, qui pourront enfin aller butiner. Jay Weiss, tombé dans les ruches il y a 20 ans, espère tirer près de 45 kg de miel par ruche. Il compte aussi en tirer savon, baume à lèvres et autres produits à base de la cire au parfum si caractéristique.
La "super floraison" peut "doubler notre production de miel cette année", assure-t-il, si ses petits insectes peuvent profiter des conditions idéales: ni trop chaud ni trop froid.
"En juillet, les températures pourraient trop monter, et (les abeilles) ne pourraient alors pas produire de miel", explique M. Weiss. "Je dirais qu'il nous reste environ six semaines pour que ça marche."
"Mais", reprend-il, "quand elles commencent à produire du miel, ça va à une vitesse incroyable."
(S.G.Stein--BBZ)