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Le PDG de TotalEnergies a invité vendredi ses actionnaires à valider sa stratégie, leur promettant de garder "le cap" lors de son assemblée générale annuelle qui a finalement eu lieu sans heurts, à distance de militants écologistes.
Patrick Pouyanné, PDG depuis dix ans, doit être renouvelé pour un mandat de trois ans lors de cette réunion à son siège de la Défense, où quelque 750 actionnaires ont pris place dans une salle principale et une salle annexe.
Le PDG leur a promis de "garder le cap", une façon de se démarquer de ses concurrentes BP et Shell, qui ont annoncé un ralentissement du rythme de leur transition énergétique.
"Je vous confirme, nul besoin de le dire, mais si certains en doutent que nous garderons le cap de cette stratégie équilibrée", entre pétrole et gaz d'une part, et énergies bas carbone d'autres part, a déclaré le PDG de 60 ans, dont l'entreprise se targue d'être plus rentable, moins endettée, plus solide, et plus généreuse pour ses actionnaires.
"TotalEnergies démontre chaque jour qu'il est possible encore une fois, d'être une compagnie rentable, même la plus rentable, tout en se transformant" et "en investissant dans les énergies de demain" , a-t-il ajouté. Tout en rappelant qu'il était "nécessaire" de mettre en production "de nouveaux champs" pétroliers, à rebours des préconisations de l'Agence internationale dont le scénario de neutralité carbone en 2050 met au ban tout nouveau projet pétrogazier.
- Interpellations chez Amundi -
Dès 9H00, des militants de Greenpeace avaient déployé sur un bâtiment à quelques centaines de mètres du siège du groupe, une gigantesque banderole "Wanted", montrant que "la société civile recherche", avant que la police ne la décroche.
La police est présente en nombre dans le quartier d'affaires de la Défense où la quatrième major mondiale du pétrole et plus grosse entreprise française par le bénéfice, centenaire cette année, a ouvert sa grand-messe annuelle. Des grilles ont été installées devant l'entrée et de nombreux agents de sécurité postés - une sécurité extrême au point que deux actionnaires ont interpellé le PDG en séance à cause des délais pour entrer ou de la mise sous scellé des téléphones.
TotalEnergies dit avoir choisi sa tour de 48 étages pour éviter "d'immobiliser un quartier de Paris" - comme lors de l'édition 2023, émaillée d'échauffourées entre manifestants et policiers. Patrick Pouyanné a néanmoins promis vendredi de mieux faire l'an prochain.
Plusieurs dizaines de personnes sont entrées par la force dans les locaux, avant d'en ressortir. Des dégradations ont été commises et des agents de sécurité blessés, a indiqué une source policière.
De nombreux militants ont été interpellés, la police entourant dans une nasse de l'ordre de 200 autres personnes.
- Climat et émissions -
Le groupe reste sous le feu des critiques des défenseurs du climat qui lui reprochent d'aggraver le réchauffement climatique et de nuire à la biodiversité et aux droits humains, du fait de ses activités dans le gaz et le pétrole.
"On dénonce la stratégie d'expansion de TotalEnergies, qui est toujours orienté vers le développement des fossiles, malgré un discours verdi", a expliqué à l'AFP Edina Ifticene, de Greenpeace.
Les militants de multiples organisations, dont Extinction Rébellion, exigent "l'abandon" des projets phare en Ouganda/Tanzanie, au Mozambique et en Papouasie-Nouvelle-Guinée et, préconisation de l'Agence internationale de l'énergie, "l'arrêt de tout investissement dans de nouveaux projets fossiles".
Les actionnaires seront appelés à valider vendredi la stratégie de TotalEnergies concernant le climat, certains investisseurs réclamant aussi une transition énergétique plus ambitieuse.
L'an dernier, une résolution purement consultative émanant d'actionnaires militants avait recueilli 30,4% des votes.
Cette fois, aucune résolution consultative ne s'annonce.
Le bouillant dirigeant a par ailleurs redit solennellement devant ses actionnaires qu'il n'envisageait pas de quitter la France, après la polémique déclenchée sur ses déclarations sur une éventuelle délocalisation de la cotation principale du groupe de Paris à la Bourse de New York, qui a fait réagir Emmanuel Macron.
Quant au climat, le PDG répète que TotalEnergies est "le groupe pétrolier le plus impliqué dans la transition énergétique". Un tiers de ses investissements est consacré aux énergies bas carbone.
Mais en septembre, le think tank Carbon Tracker estimait que "seule" la compagnie pétrolière italienne Eni avait des objectifs de réduction d'émissions "potentiellement" alignés sur l'accord de Paris. TotalEnergies arrivait deuxième avant Repsol et BP, loin devant le saoudien Aramco ou l'américain ExxonMobil.
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(Y.Berger--BBZ)