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L'alerte rouge a été levée lundi pour les habitants de Mayotte, encore meurtris par le cyclone Chido, après le passage de la tempête tropicale Dikeledi qui a causé d'importantes inondations mais au bilan humain "très faible".
L'alerte rouge cyclonique, déclenchée samedi soir et qui interdisait aux habitants de se déplacer, a été levée à 15H00 locales (13H00 à Paris) par le préfet du département français de l'océan Indien, François-Xavier Bieuville.
L'archipel reste néanmoins en vigilance orange "fortes pluies et orages" car un phénomène de mousson, le Kashkasi, est attendu lundi sur l'île encore fragilisée par le passage de Chido il y a moins d'un mois.
Dimanche, le passage de Dikeledi à une centaine de kilomètres de l'archipel et les trombes d'eau qui l'ont accompagné ont fait déborder les rivières et causé d'importantes inondations, particulièrement dans le sud de Grande-Terre, où jusqu'à 180 mm d'eau sont tombés en 12 heures sur la commune de Bandrélé.
Le bilan humain est "très faible", a souligné M. Bieuville à la chaîne Mayotte-La 1ère lors de l'annonce de la levée de l'alerte rouge, évoquant seulement cinq personnes ayant reçu des soins "en relation directe avec l'événement climatique".
Dikeledi continue de s'éloigner de Mayotte et se situe désormais à 150 km des côtes du Mozambique, selon la préfecture de Mayotte. Mais l'archipel est "encore sous son influence en périphérie", a expliqué dans son dernier point de situation Météo-France, qui attend des "passages d'averses momentanément soutenues et associées à de l'activité électrique".
- Rivières qui débordent -
L'extrême sud de l'île, notamment, est quasiment sous les eaux avec le village côtier de Mbouini "à 100% inondé", a témoigné auprès de l'AFP le maire de Kani-Kéli qui regroupe plusieurs hameaux, dont celui de Mbouini.
Dimanche, "les gens se déplaçaient en pirogue", a encore souligné Abdou Rachadi. D'autres villages ont subi des éboulements et des ravines sont obstruées par des troncs d'arbre, ce qui fait craindre "d'autres inondations à la moindre pluie si les ravines ne sont pas dégagées".
Malgré l'alerte rouge alors en vigueur, des habitants de Chirongui, dans le sud de Grande-Terre, avaient ôté dès lundi matin les débris obstruant les deux cours d'eau du village par peur de nouvelles inondations, a constaté une journaliste de l'AFP.
"On a eu très peur. Je n'ai jamais vu la rivière déborder comme ça", a raconté un habitant, Kamal Madani.
Au niveau d'un pont, certains dégageaient les débris en accrochant les branches à une corde reliée à une voiture pour les tirer et laisser la rivière s'écouler.
Parmi eux, la conseillère départementale du canton de Sada-Chirongui, Maria Saïd Kalame, expliquait espérer "que les pluies qui viennent iront directement en mer".
Une partie des habitants qui avaient trouvé refuge dans les centres d'hébergement commençaient à regagner leurs habitations. Selon Laoumi Dahilou, le directeur adjoint de la sécurité de la commune, aucun blessé n'est à signaler mais des automobilistes piégés par la montée des eaux ont dû être évacués.
A Tsingoni (ouest), les coups de marteau ont retenti dès 06H00, une partie des habitants bravant l'interdiction de sortir pour restaurer les toitures, très fragilisées par Chido et Dikeledi, a constaté une autre journaliste de l'AFP.
Mamoudzou, chef-lieu de l'archipel, semble "moins impacté que le sud", a déclaré la mairie à l'AFP, qui a toutefois fait état de 6.000 personnes accueillies dans les 12 centres d'hébergement ouverts, contraignant les autorités à "ouvrir d'autres lieux".
Sur tout l'archipel, "plus de 16.000 personnes" ont été accueillies dans ces centres d'hébergement d'urgence, selon le préfet qui a remercié maires et cadis -représentants musulmans- dont la médiation a aussi permis d'ouvrir les mosquées aux habitants cherchant refuge.
Dikeledi a frappé le département le plus pauvre de France alors que l'Assemblée nationale entame lundi l'examen en commission du projet de loi d'urgence pour Mayotte, qui doit permettre d'accélérer la reconstruction de Mayotte après Chido.
Ce cyclone, le plus important en près de 100 ans à Mayotte, a causé des dommages colossaux, faisant au moins 39 morts et environ 5.600 blessés et détruisant de très nombreuses habitations.
(K.Müller--BBZ)