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"Des barrages pleins", des centrales nucléaires réparées et de nouvelles capacités de production d'électricité comme le parc éolien en mer de Saint-Brieuc: contrairement à l'an dernier, la France devrait passer l'hiver quasiment à l'abri des risques de coupures, selon RTE.
Alors que les Français continuent de moins consommer sous l'effet des tarifs élevés et des campagnes de sobriété, le gestionnaire français du réseau électrique estime en effet que "le risque pesant sur la sécurité d'approvisionnement apparaît faible pour les prochains mois", dans sa note de Perspectives pour le système électrique pour l'hiver 2023-24 publiée mercredi.
Classé sur une échelle de 1 à 5, le risque d'un déséquilibre offre-demande est même considéré "très faible" en novembre (niveau 1) puis "faible" (niveau 2) pour les mois suivants, une précision scrutée attentivement par les marchés où se forment les prix à terme de l'électricité et qui avaient fait payer cher l'an dernier à la France les déboires de son parc nucléaire avec des prix spot à 225 euros le mégawattheure (MWh) en octobre 2022 contre 80 euros/MWh début octobre 2023.
"Les perspectives sont beaucoup plus favorables que l'an passé", souligne la note, même si "la disponibilité hivernale du parc nucléaire reste plus faible que dans les années 2010".
Le nucléaire reste la première source de production électrique en France.
"Des situations de défaillances et de recours aux moyens de sauvegarde ne peuvent donc pas être totalement exclues mais apparaissent ainsi nettement moins probables que l'hiver dernier", ajoute RTE.
Du point de vue de la demande, la consommation électrique est en effet encore aujourd'hui autour de 8% en dessous de la période de référence de 2014-2019.
Du point de vue de l'offre, "une proportion notable du parc nucléaire a pu être contrôlée et réparée au cours de l'année", les stocks hydrauliques et gaziers sont "élevés pour la saison" et "les énergies renouvelables ont continué à se développer", souligne RTE.
Le risque de délestages, envisagés à l'hiver 2022-23 comme ultime recours, est ainsi "très faible", a précisé à l'AFP Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE.
"Le recours aux moyens de sauvegarde ne se matérialiserait que dans des scénarios très dégradés combinant plusieurs aléas défavorables: reprise rapide de la consommation, retards sur les retours d'arrêts des centrales nucléaires, vague de froid sévère ou limitations fortes des imports", précise RTE.
Placée dans une situation inédite par les problèmes de corrosion détectés sur plusieurs réacteurs nucléaires, la France avait dû importer de l'électricité en 2022, ce qui n'était plus arrivé depuis 42 ans. Depuis janvier, elle est redevenue exportatrice de courant.
Quant au système d'alerte Ecowatt, destiné à prévenir les usagers d'un risque de tension sur le réseau et à appeler à décaler la consommation, la possibilité qu'il passe à l'orange ou au rouge est également "faible", selon M. Piechaczyk. Le signal devrait donc rester vert tout l'hiver.
L'application, téléchargée plus de 3 millions de fois, propose une fonctionnalité supplémentaire: elle indique à quelles heures de la journée, creux de la nuit, heures solaires, printemps, la consommation électrique est susceptible d'être couverte par la production combinée du parc nucléaire, hydraulique, éolien et solaire, et peut dès lors être considérée comme "décarbonée", autrement dit, non émettrice de gaz à effet de serre.
(G.Gruner--BBZ)