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La pollution atmosphérique a atteint samedi un record historique à Lahore, la deuxième ville du Pakistan, où les autorités ont déjà pris des mesures pour tenter de limiter le smog.
Ce mélange de brouillard et d'émissions polluantes favorisé par les émanations de diesel bas de gamme, les fumées provenant des brûlis agricoles saisonniers et le refroidissement hivernal, peut provoquer accidents vasculaires cérébraux, maladies cardiaques, cancers du poumon et maladies respiratoires, particulièrement chez les enfants.
Samedi, l'indice de la qualité de l'air a atteint un pic à 1.067, avant de redescendre autour de 300 dans la matinée. Or l'air est considéré comme "mauvais" à partir de 180 et "dangereux" au-delà de 300, selon cet indice de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
"Nous n'avons jamais atteint un niveau de 1.000" à Lahore, a dit à l'AFP Jahangir Anwar, haut responsable de la protection de l'Environnement au sein du gouvernement local.
Cette semaine, l'indice de la qualité de l'air "restait sous les 200" dans la ville de 14 millions d'habitants. Alors, la concentration de particules polluantes PM2.5 était déjà près de 20 fois plus que le niveau jugé acceptable par l'OMS, a-t-il poursuivi.
Samedi, elles ont atteint 80 fois ce niveau.
- "En décembre d'habitude" -
"Il faut qu'on nous dise ce qui se passe, l'année dernière ce n'était pas aussi grave", lance à l'AFP Lilly Mirza, mère de famille de 42 ans.
"Aujourd'hui, mon fils a joué au squash dehors, j'étais terrorisée", poursuit-elle, alors que les autorités ont annoncé il y a une semaine l'arrêt de toutes les activités sportives en extérieur pour trois mois dans les établissements scolaires de Lahore.
Raza Ahmed, homme d'affaires de 57 ans, estime aussi que le smog est arrivé "plus tôt cette année". "D'habitude, on a un smog de cette ampleur en décembre", assure-t-il à l'AFP.
Rehmat, peintre en bâtiment de 40 ans, lui, dit ne pas avoir "l'option de pouvoir rester en intérieur".
"Si je veux gagner ma vie, je dois faire des travaux de peinture, donc je vais porter un masque et continuer à travailler", dit-il à l'AFP.
Depuis des jours, la principale ville de l'Est frontalier de l'Inde est prise dans le smog. Et "l'indice de la qualité de l'air restera élevé les trois à quatre prochains jours", a ajouté M. Anwar.
Mercredi, l'agence provinciale de protection de l'environnement avait annoncé de nouvelles restrictions dans quatre "points chauds" de la ville.
Les touk-touks équipés de moteurs à deux temps plus polluants y sont interdits de même que les restaurants qui font des barbecues sans filtre. Les administrations et les entreprises privées feront travailler la moitié de leur personnel à domicile à partir de lundi.
Les travaux de construction sont interrompus et les vendeurs de nourriture de rue, qui cuisinent souvent sur des feux ouverts, doivent fermer à 20h00.
- "Diplomatie du smog" -
En outre, les autorités pakistanaises disent devoir composer samedi avec un vent venant de l'Inde voisine, également régulièrement prise dans le smog en fin d'année. Des images satellites de la Nasa montrent de nombreux feux des deux côtés de la frontière où les agriculteurs procèdent en cette saison à des brûlis agricoles.
"Le niveau (de pollution) est dû au couloir de vent d'est venant d'Inde en direction de Lahore", a dit M. Anwar, qui plaide pour une "diplomatie du smog".
Le smog est particulièrement marqué en hiver, lorsque l'air froid, plus dense, retient au niveau du sol les émissions des carburants de mauvaise qualité utilisés pour alimenter les véhicules et les usines de la ville.
Le gouvernement du Pendjab a appelé les habitants en particulier "ceux souffrant de maladies respiratoires, pulmonaires et cardiaques, les personnes âgées" à "ne pas sortir de chez eux". S'ils sortent, ils doivent "obligatoirement porter des masques".
Le Pakistan, cinquième pays le plus peuplé au monde, est de plus en plus vulnérable aux phénomènes météorologiques extrêmes, que les scientifiques associent au changement climatique.
Ce pays pauvre ne cesse de répéter que ses habitants (environ 3% de la population mondiale) sont responsables de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
(F.Schuster--BBZ)