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"Total danger climatique": avant même d'avoir commencé, l'assemblée générale de TotalEnergie s'annonce sous tension mercredi, entre des centaines de manifestants écologistes et de petits actionnaires bien déterminés à influencer le plan climatique du groupe pétrolier français.
Malgré une sécurité renforcée en amont de l'événement, des militants d'ONG environnementales - dont Greenpeace, Alternatiba, ANV Cop 21 et les Amis de la Terre- ont bloqué l'accès principal de la salle Pleyel à Paris, où se tient l'AG.
"Totalement irresponsables" ou "on est là, même si Total ne veut pas nous on est là", criaient les militants sous les fumigènes, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Certains se sont assis au sol menottés entre eux, quand d'autres ont déployé une large banderole "stop projets énergies fossiles", retirée par la sécurité. Ils dénoncent également la présence du groupe en Russie, où il exploite notamment du gaz naturel liquéfié.
Les ONG réclament "des engagements concrets et immédiats" de la part de TotalEnergies (...) et la fin de tout nouveau projet d’énergies fossiles". Il faut convaincre les actionnaires de "voter contre le faux plan climat de TotalEnergies", avait indiqué en amont de l'action Eva Sadoun, coprésidente du mouvement Impact France.
De l'intérieur aussi, la colère gronde: plusieurs petits actionnaires sont bien décidés à influencer l'orientation climatique du groupe, un mouvement observé dans de multiples grandes entreprises en France, aux Etats-Unis et ailleurs cette saison, que ce soit dans le secteur de l'énergie, des banques ou d'autres. L'AG de Shell, mardi, a ainsi été suspendue deux heures à cause de militants présents à l'intérieur.
-Actionnaires en colère-
Un collectif d'actionnaires de TotalEnergies, représentant 0,78% du capital, avait déposé une résolution demandant au groupe de se conformer à l'accord de Paris sur le climat, résolution qui ne sera finalement pas inscrite à l'ordre du jour, le conseil d'administration l'ayant rejetée.
Le groupe avait expliqué qu'il appartenait légalement au conseil d'administration de définir "la stratégie notamment en matière de transition énergétique", selon une déclaration à l'AFP.
Le collectif avait saisi l'Autorité des marchés financiers (AMF), qui s'est déclaré mercredi dernier non compétente.
Parmi ces actionnaires, Edmond de Rothschild ou La Financière de l'Echiquier, pas spécialement connus pour leur activisme actionnarial, ainsi que le néerlandais MN. Après la réponse de l'AMF, tous ont annoncé qu'ils voteraient contre le plan climatique soumis aux actionnaires.
Un combat dans lequel ils ont été rejoints mardi par les Assurances du Crédit Mutuel.
En cause: l'anticipation par TotalEnergies d'une "forte augmentation de la production des hydrocarbures sur 2019-2030" mais également le regret que "les excédents découlant des prix actuels élevés des hydrocarbures ne soient pas affectés prioritairement à des investissements additionnels dans le renouvelable", selon les Assurances du Crédit Mutuel.
Le groupe a réalisé un bénéfice exceptionnel de 16 milliards de dollars l'an dernier.
-Nouvelle acquisition verte-
TotalEnergies dit viser à terme, comme de nombreuses entreprises, la neutralité carbone au milieu du siècle, et s’est engagée, parmi d’autres objectifs, à réduire de plus de 30%, par rapport à 2015, les émissions dégagées par les produits pétroliers qu’elle vend. Et elle investit dans les renouvelables.
Comme une démonstration, la multinationale a annoncé quelques heures avant son AG avoir acquis 50% du producteur américain d'énergies renouvelables Clearway Energy Group, vantant la "plus grande acquisition dans les énergies renouvelables aux Etats-Unis, l'un des trois principaux marchés renouvelables au monde".
Mais la major ne cesse de dire qu'elle veut continuer à répondre à la demande en gaz et en pétrole tant qu'il y en a, et qu'elle continuera à ce titre à développer de nouveaux gisements. Son PDG, Patrick Pouyanné, a seulement dit que le pic de production de pétrole de TotalEnergies serait atteint dans la décennie 2020, estimant qu'un arrêt immédiat serait radical.
Dans ce contexte, il est probable que la résolution relative au plan climat -très largement adoptée l'année dernière avec 92% des voix- soit à nouveau facilement approuvée, d'autant que les grands actionnaires, les fonds d'investissement BlackRock ou Vanguard ainsi que les assurances Axa ou la BNPParibas, n'ont pas communiqué leur vote en amont.
Un autre groupe d'actionnaires avait bien déposé une résolution, mais l'avait finalement retirée, estimant avoir reçu les réponses espérées, avec l'annonce de la publication d'un certain nombre d'indicateurs.
(T.Renner--BBZ)