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A l'instar de la ville japonaise de Kyoto, qui s'apprête à relever fortement ses taxes de séjour imposées aux visiteurs, nombre de sites touristiques à travers le monde ont pris des mesures pour limiter une fréquentation de masse qui les engorge et les endommage.
- Hyper-centre limité -
Venise tente de limiter l'afflux de touristes dans son centre historique par la mise en place d'une période payante pour les visites à la journée. Instaurée en avril 2024 pour 29 jours entre avril et juillet, elle sera étendue à 54 jours en 2025.
Rome envisage de faire payer l'accès à la célèbre fontaine de Trevi.
Plus globalement en Italie, le gouvernement envisage d'augmenter sensiblement la taxe de séjour pour faire face au surtourisme dans le pays, quatrième destination touristique mondiale.
En Espagne, deuxième destination mondiale derrière la France, plusieurs villes menacées de saturation ont pris les devants, poussées par l'exaspération de leurs habitants.
La cité balnéaire de Saint-Sébastien, au Pays basque (nord), limite dorénavant à 25 personnes les groupes touristiques dans son hyper-centre après avoir interdit l'usage du haut-parleur lors des visites guidées.
La même disposition (avec une jauge de 20 personnes) a été adoptée en Catalogne par Barcelone, qui a aussi limité les groupes visitant son célèbre marché de la Boqueria.
- Haro sur les navires de croisière -
En Espagne toujours, la très populaire île de Majorque, dans l'archipel des Baléares, limite depuis 2022 l'arrivée sur ses côtes à trois bateaux de croisière maximum, dont un seul "méga-paquebot". Sa voisine de Minorque va limiter l'accès des voitures.
Deux bateaux de croisière par jour, quatre mille passagers dans chacun maximum: emblématique du surtourisme, la ville croate de Dubrovnik rationne depuis 2019 les arrivées par la mer dans les ruelles de sa cité médiévale, submergées par les fans de la série "Game of Thrones".
Allongeant sa déjà longue liste de mesures contre le tourisme de masse, Amsterdam interdit depuis 2023 son centre-ville aux navires de croisière.
- Calanques sur réservation -
Dans le sud-est de la France, le parc national des Calanques soumet à réservation l'accès à la crique de Sugiton menacée d'érosion. Depuis 2022, l'accès est limité à 400 personnes par jour en été, quand 2.500 personnes pouvaient s'entasser auparavant dans l'étroit espace rocheux.
Ailleurs sur le littoral méditerranéen, l'île varoise de Porquerolles, dans le parc national de Port-Cros, limite à 6.000 visiteurs sa fréquentation au plus fort de l'été.
- Jauge sur "La Plage", quota à Pompéi -
En Thaïlande, Maya Bay, plage paradisiaque sur l'île de Koh Phi Phi Ley, a fermé entre juin 2018 et janvier 2022, afin d'obtenir une restauration complète des récifs coralliens.
Immortalisé en 2010 dans le film "La Plage" avec Leonardo di Caprio, le site avait été ravagé par des années de tourisme de masse. Jusqu'à 6.000 personnes par jour déferlaient alors sur l'étroite plage, provoquant une catastrophe écologique. Les lieux ont rouvert avec une jauge limitée.
Le célèbre site de Pompéi, en Italie, a lancé de son côté en novembre 2024 un billet d'entrée nominatif et imposé un nombre maximum de 20.000 visites par jour.
- Des répliques pour Lascaux -
Découverte en 1940 en Dordogne, dans le sud-ouest de la France, la grotte préhistorique de Lascaux est fermée au public depuis 1963. L'affluence et les aménagements réalisés pour en faciliter l'accès ont déstabilisé durablement le site, menacé par des champignons et des moisissures.
Trois répliques, construites entre 1983 et 2016, permettent toutefois d'admirer le site inscrit depuis 1979 au patrimoine mondial de l'Unesco.
- Mont Fuji payant, voile sur sa vue -
Autre site victime de son succès, le mythique mont Fuji, près de Tokyo, où un quota quotidien de personnes s'appliquera à partir de cet été pour emprunter le sentier le plus populaire, tout en faisant payer l'accès un peu plus de 12 euros (2.000 yens).
L'été dernier, la mesure a porté ses fruits: le mont Fuji a connu une baisse de fréquentation de 14% par rapport à la saison précédente.
Mais la célèbre montagne nippone engendre du surtourisme jusque dans les villes qui l'entourent. Au point que Fujikawaguchiko, petite ville japonaise, a installé au printemps 2024 un haut filet opaque pour masquer une vue du mont Fuji, prisée par les touristes.
(L.Kaufmann--BBZ)